mardi 7 juillet 2020

Fédérés Cons

Jimmy Saville était un héros de parents et enfants en Angleterre entre 1958 et 2012 à la radio mais surtout à la télé. Il était immensément respecté et admiré. Comme Bill Cosby aux États-Unis. Mais comme Bill Cosby aux États-Unis, on a déchanté. Avec un virage 100% contraire. Celui qui valait 4,3 millions à sa mort, à qui on avait donné des noms de parcs, de fondations, duquel on a érigé une statue est passé, un an après sa mort, d'un homme adoré de tous, à un agressif prédateur sexuel sans morale dégoûtant. On l'a découvert ainsi, multiples preuves à l'appui.

Son épitaphe, tournant le fer dans la plaie, en disant "It was good while it lasted" a dû être retirée du cimetière, assaisonnant trop le mauvais goût.

On a débaptisé les parcs, débaptisé certaines fondations et on a caché sa statue.
Quand il fût démontré que c'était en fait un monstre, il n'était plus approprié de le glorifier publiquement.

On a fait la même chose avec le cinéaste Claude Jutra, ici.

Ceci n'est qu'un préambule pour ce dont je veux vous parler, les confédérés des USA.

Depuis plusieurs années, il y a eu des gestes posés autour du drapeau confédéré aux États-Unis. On a fait disparaître certains drapeaux, déboulonné des statues, tenus des rallie pro-confédérés et son contraire. Au moment d'écrire ceci, on continue de s'agiter autour de la glorification de ce drapeau raciste.

Ceux qui défendent les représentations du drapeau, dont le président des É-U, disent qu'ils ne faut pas effacer notre histoire.

Jettons y un oeil à l'histoire.
Il y a 1503 hommages à la confédération des États-Unis. 718 sont des statues, des bustes ou des monuments.
10 bases militaires sont nommées du nom d'officiers confédérés.

Ok.

10 bases militaires des États-Unis, accueillant des soldats des États-Unis, ont pour nom des noms d'officiers des États-Unis, assassins d'autres soldats des États-Unis. Aussi pertinent que si la veuve d'Abraham Lincoln appelait son fils John Wilkes Booth.

La confédération, pour trop de gens, est perçue comme une rivalité entre frères, pour la "liberté des États-Unis". Le mot liberté étant le plus grand outrage à utiliser ici, en ce qui concerne les humains à la peau noire.

La Guerre de Sécession, les confédérés dans la Guerre de Sécession, se battaient SPÉCIFIQUEMENT pour maintenir le droit à l'esclavage. C'est partout dans les écrits de la Guerre de Sécession, c'est même dans le nom de la guerre civile. Ce que le Nord veut faire cesser, c'est l'esclavage des humains à la peau noire. Point. C'EST PARTOUT si vous vous donnez la peine de lire sur la Guerre de Sécession.

"La fondation de notre pays est axée sur cette grand vérité que le nègre n'est pas égal à l'homme blanc. L'esclavage, la subordination à la race supérieure de l'homme blanc est la naturelle condition de l'homme noir." -Alexander H.Stephens, Vice-président des États confédérés d'Amérique.

Limpide.

Encore seulement, 3 personnes sur 10 aux États-Unis savent que la guerre civile était une bataille pour enrayer l'esclavage.
4,8 sur 10 presque 5, pensent que c'était pour la lutte des des droits des États-Unis.
Pas les droits des humains à la peau noire.

On retrouve des gens (1:45 à 2:00) qui disent à des gens noirs que leur famille s'est battue dans la Guerre de Sécession, qu'ils étaient pauvres, et ne pouvaient pas se payer un esclave...
Ils disent à un noir qu'il coûtait tellement cher...
Absurdistan.

Nous ne sommes jamais responsables de ce qu'on fait nos ancêtres. Mais nous devons réfléchir sur nos héritages. On ne peut l'ignorer. On ne peut tenter de le réinventer. Il faut savoir faire le point sur ce qu'a apporté l'abolition de l'esclavage aux États-Unis, ce qu'ils ne sont absolument pas capable de faire dignement en ce moment.

718 statues ou monuments. Quelques-uns tout de suite après la Guerre de Sécession. Entre 1865 et 1900. Mais la plupart, presque la moitié, érigés dans les années 1900 à 1929. Alors que les lois Jim Crow naissaient un peu partout aux États-Unis. Puis, un autre moment de larges édifications, dans les années 50, 60, pendant les grandes batailles de droits civils pour les humains à la peau noire.

Donc, de clairs messages aux noirs. Rappelez-vous qu'on vous dominera toujours. Le message aux noirs était hostile. L'est toujours. Une statue EST un message.

La statue de La Liberté rappelle l'amitié entre la France et les États-Unis, et la liberté en soi.
La statue de Rocky Balboa, à Philadelphie, dit que la seule personne notoire de notre ville est un personnage de fiction.
Et la statue de Jésus au Brésil nous dit la longueur du poisson qu'il prétend avoir pêché, ce qui aurait dû nous avertir sur l'appât que la religion nous as toujours servi.

En 1914, lorsqu'on érige une statue de Alamance Dead, c'est un leader du KKK qui en fait le discours de présentation, rappelant les accomplissements du bien, et la préservation de la race et des liens de sang.
À Stone Mountain, en Georgie, en 1972, l'État où le KKK est né, on a présenté le monument inscrit dans la pierre, avec un discours du vice-président d'alors, Spiro Agnew, qui a osé parlé qu'il fallait se rappeler de la loyauté, de la dignité, de l'honneur illuminant les vies des trois généraux racistes représentés, et qui devraient inspirer les gens d'aujourd'hui.

La loyauté de brimeurs de liberté et d'esclavagistes.

Impossible de demander davantage à Spiro Agnew, dont l'anagramme du nom révèle aussi grow a penis.

Cette guerre, ses statues, représentent des gens dédiés à la préservation de l'esclavagisme, certains, carrément leaders de factions du KKK.

Mais on défend encore ce drapeau de la honte. Pas n'importe qui, l'affreux président des États-Unis lui-même.

Il dit "qu'on essaie d'effacer leur culture, d'oblitérer leur histoire..."

Les statues ne racontent pas l'histoire, les livres le font. Les musées le font. Ken Burns, Oliver Stone, les documentaires le font. Les statues sont de la famille des trophées, ils représentent ce qu'on glorifie.

L'abruti président dit même "on doit vraiment se demander, quand ça s'arrêtera?"
Ce qu'on arrive pas à faire avec sa présidence.
La réponse à la stupide question,  Quand est-ce qu'on s'arrêtera? est toujours la même:
À UN CERTAIN MOMENT!


Il en va de même pour les statues. Il y aura toujours des gens imparfaits statufiés. Pour certaines statues érigées, leur place est peut-être méritée. Mais pour celles érigées au 20ème siècle, voulant véhiculer la suprématie blanche, c'est l'équivalent de voir arriver votre gardien pour enfant avec un t-shirt de Jimmy Saville pour venir garde votre belle pré-adolescente.

Robert E.Lee, général des armée des États confédérés disait lui-même qu'il ne voulait aucune statue de lui nulle part. Que ce ne serait pas moralement acceptable d'honorer des citoyens Étatsuniens se battant contre d'autres citoyens Étatsuniens. Digne.


Pourtant, il y a plein de statues de Lee aux États-Unis. Aucune qui ne disent "je n'étais pas un exemple à suivre tant que ça".

Les statues, entre vous et moi, c'est probablement mieux dans les musées.

Où un texte peut les mettre en contexte. Et non vous agresser in-your-face dans la rue.

La rue est connue des humains à la peau noire.

Et les épées de Damoclès ne manquent pas dans leurs vies.

Personne n'efface l'histoire des États-Unis.

 Ils l'écrivent pas juste pour les illettrés.

Pour les humains de tout genre.
Et d'une seule race, l'humaine.



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