dimanche 28 février 2021

28 fois de la Musique Colorée

 


Et cette couleur, au terme du mois de l'Histoire des Noirs, que je ne vous ai pas tellement raconté autant que je le voulais (ou comme je le voulais originalement) sera le noir.

Une de mes couleurs préférées. 

On dit que le noir (et le blanc) ne sont pas des couleurs, que ce sont plutôt des tons. Le noir ne serait qu'absence de lumière et le blanc, nullité de la couleur, son contraire. C'est absurde pour moi. je considère ces deux tons comme des couleurs. Peindre un visage blanc en noir ou un noir en blanc, c'est se changer la couleur de la face. 


Je m'étais donné comme mission d'écouter principalement de la musique d'artistes à la peau noire ce mois-ci, ce que j'ai fait sans trop de problèmes, ceux-ci étant toujours les meilleurs dans le jazz et le blues, et plusieurs étant déjà parmi mes favoris depuis toujours. J'ai une liste de lecture toute neuve où aucun artiste ne s'y retrouve deux fois de 2h47 sur mon téléphone et je jubile là dessus depuis quelques semaines. Je ne comprends pas pourquoi je n'ai pas mordu au funk autant que maintenant, plus jeune. 


Je vous présente 28 artistes, que vous connaissez probablement déjà un peu, qui ont fait beaucoup pour leur communauté, mais aussi pour le monde entier avec leur art. Elvis leur a tout emprunté, ne l'oublions jamais. 28 pour 28 jours. Certains ont été explorés ce mois-ci dans une chronique entière. Ou avant. Certains le seront plus tard. Sur ce blogue. Certain(e)s vous découvrirez peut-être. 

On (les blancs) a encore tant à apprendre sur les humains à la peau noire.


Bloc Party: C'est en donnant un demo au chanteur de Franz Ferdinand que la formation se décroche un contrat de disque, entre 2003 et 2004. Ils ne feront que 5 albums entre 2005 et 2016, leur premier album est un bijou. Il n'y a que le chanteur, Kele Okereke, qui soit noir, ils sont britanniques, mais la voix de ce rock alternatif est profonde. Leur chanson Positive Tension me donne encore des nombreux frissons. La formation est en "hiatus" mais leur musique reste, un croisement entre les Chemical Brothers et les Pixies, leur son peut aussi se rapprocher de Radiohead croisé avec U2. Blacks can electro-rock.  


Cardi B: L'unique rappeuse à gagner le grammy d'artiste rap de l'année, Belcalis Marlenis Almanzar a offert un "flux" que l'univers du rap n'avait pas entendu si souvent jusqu'à maintenant. Le full "New Yak" débit nasal. Qu'on aime ou pas sa musique ou son style, elle a ouvert la porte à toute une génération de jeunes gens se réappropriant les sons et les remoulant de leurs accents et à leur image. Qui peut choquer. Regardez alors ailleurs.  


Tracy Chapman: À 24 ans, elle enregistrait un album qui contenait une chanson qui serait considérée comme l'une des 500 meilleures jamais composées. Encore aujourd'hui, Rien que ça. 13 ans plus tard, elle composait un blues qui serait si impressionnant qu'il deviendrait un standard. Elle est tout simplement formidable, guitare en bandoulière. Issue d'une famille qui devait compter sur l'aide gouvernementale, étudiante dans des programmes scolaires appelé A Better Chance, régulièrement victime d'intimidation et de racisme, non seulement aborde-t-elle des sujets sensibles avec intelligence et douceur, mais elle s'implique largement dans des causes sociales, ce qui est tout à son honneur. Je l'avais vue et entendue sur scène (j'étais dans la foule) dans la tournée d'Amnistie Internationale fin des années 80/début 90. Adorable. 


Ray Charles: Brother Ray  a été victime d'un glaucome, très jeune, jusqu'à devenir non voyant. Mais quelle oreille!!! Blues, Jazz, Country, R'n B, Pop, il compose dans tous les genres. Il sera l'un des tous premiers musiciens à la peau noire à obtenir le contrôle absolu de son matériel, dans une compagnie de disques d'importance. Sinatra dira de lui qu'il s'agit de l'unique vrai génie de la musique. Billy Joel dira de lui que, même si ça sonne comme un sacrilège, il le considère encore plus important qu'Elvis Presley. Le Magazine Rolling Stones le placera au 10ème rang des meilleurs artistes de tous les temps, et au second rang des meilleurs chanteurs de tous les temps. (derrière une autre artiste à la peau noire).


Chic: Nile Rodgers à la guitare, Bernard Edwards à la base, s'organisent, en 1972, pour monter leur band, croisé entre le funk et le disco. Ils se considèrent davantage comme un groupe de rock, mais ils feront surtout danser. À partir des années 80, les deux deviennent de formidables producteurs fort recherchés. Rodgers produisant les sons autour du Let's Dance de David Bowie et The Reflex de Duran Duran, en plus de produire INXS, Madonnales B-52's, Diana Ross et plus récemment, Keith Urban, Christina Aguilera, George Micheal et Adam Lambert. Edwards produira le plus gros hit de Sister Sledge, Diana Ross et le supergroupe The Power Station. Celui-ci décède soudainement d'un pneumonie à l'âge de 43 ans, en tournée, au Japon, en 1996. Sa ligne de base sur Good Times est l'une des plus copiées de l'univers pop.  


Terence Trent D'arby: Fils d'une chanteuse Gospel, et jeune boxeur professionnel, il refuse la bourse de champion des gants dorés poids léger qu'il remporte pour aller au College, mais là encore, il saborde son passage scolaire pour rejoindre l'armée, qu'il désertera aussi, après être passé par la cour martiale où il est déshonorablement libéré des rangs militaires. Il sera leader d'un band avant de partir en solo, et de livrer, à 24 ans, son premier album, son meilleur. Sa voix unique, son style, légèrement dandy en font un oiseau rare. Il fera trois autres albums beaucoup moins populaires et changera d'identité devenant Sananda Maitreya. Il fera 7 autres albums sous ce nom. Il remplacera son ami Micheal Hutchence, lorsque celui-ci décède prématurément, le temps d'un concert. Sa voix reste assez unique. 


Drake: D'abord acteur dans Degrassi: The Next Generation, le rappeur canadien se révèle autour de 2010 avant de conquérir la planète entière de sa musique relativement minimaliste, mais aux propos très justes. Drake sera si immense comme succès, et si fondamentalement bon comme individu, qu'il redistribuera beaucoup de sa richesse, et en fera même un clip. Mais il a des défauts. Comme entrepreneur, il est actionnaire du club de Basket de Raptors de Toronto. Et comme spectateur, il est un parfait contre-exemple. Pendant un temps. Et les chicanes, autour de Drake, sont innombrables. Mais musicalement, il glisse du hip hop au R & B, en passant par la pop, le trap et même le dancehall jamaicain.  


Earth, Wind & Fire: Fondé par Maurice White, en 1969, Phillip Bailey sera de l'une des multiples incarnation du groupe de R& B, Soul, Jazz, Disco, Pop, Dance, Latin & Afro Pop. Innovants et précis, parfois sensuels, leur son est brillamment calculé et bien galvanisé. Prince dira de leur chanson September qu'elle est la chanson parfaite pour débuter un party. Ce sont 21 albums que le band lanceront entre 1971 et 2014. C'est toujours considéré comme l'un des meilleurs bands de tous les temps.  

    
Duke Ellington: J'ai tenté d'éviter de vous glisser trop de nom du Jazz puisque j'en aurais alors dicté 28, très rapidement, sans problèmes. Fallait au moins que je vous en donne un. Le maître est né à Washington en 1899, mais a été lyrique dans les années 20, se gagnant une notoriété nationale à la tête de ses orchestres qui se produisaient au Cotton Club de Harlem, puis internationale dans les années 30, en tournée partout en Europe, avant la Guerre. Il composera plus de 1000 morceaux, plusieurs devenant des standards constamment repris. Il sera une influence majeure, encore de nos jours, pour tous les artistes jazz et même certaines vedettes pop.  


Fine Young Cannibals:
David Steele et Andy Cox étaient du band britannique The Beat. Quand celui-ci se sépare, ils partent leur projet commun et, blancs, se recrutent comme chanteur Roland Gift, anciennement de la formation Akrylykz, qui lui, est Britannique à la peau noire. Ils ne feront que deux albums ensemble, dans les années 80, mais la voix assez unique de Gift, et la couleur jazz d'un de leur plus gros hit, sont fort mémorables. Ils sont aussi responsables d'une des plus savoureuses reprises musicales de tous les temps, en ce qui nous concerne, moi et mon oreille. 


Funkadelic (& Parliament): Formé en 1968, par le festif George Clinton, Funkadelic et son projet parallèle Parliament, qu'il dirigeait aussi, seront des pionniers de la diffusion populaire de la musique funk dans les années 70. Parfois lourd et assez proche du rock psychédélique, il est difficile de ne pas vouloir taper du pied en écoutant leurs rythmes. Jusqu'au début des années 80, ils seront majeurs pour le funk croisé de psychédélisme. Une influence certaines pour bien des bands. Depuis 2007, Clinton et ses P-Funk Stars, ont lancé 3 autres albums. Science-fiction, humour surréaliste, folie sont au rendez-vous autour de George. Délicieux pour les oreilles et les yeux. 


Al Green: Inspiré de Jackie Wilson, Sam Cooke, Wilson Pickett, James Brown, Al est un immense succès des années 70. En 1974, le chanteur soul fréquente une femme mariée, qui a aussi 3 enfants. Quand celle-ci exige de lui qu'il l'épouse et qu'il ne veut pas, elle l'ébouillante et il devra être hospitalisé et greffé de la peau, parce que brulé. La troublée jeune femme se taillade les poignets mais survit. Elle ne survivra pas à sa seconde tentative, se logeant elle-même une balle dans la tempe. Green changera sa manière de vivre. Intronisé dans le temple de la renommée de la musique Gospel en 2004, il sera aussi intronisé au temple de la renommée des compositeurs de musique la même année. Sa vie privée sera ponctuée de problèmes d'agressions physiques. Pourtant, sa musique est si principalement douce et facilement tolérable.

 Mr cool, now. 


Isaac Hayes: Décédé en 2008, à l'âge de 65 ans, il aura généré pas moins de 12 millions avec ses morceaux, principalement dans les années 70. De la musique de film, de la production, du so cool. C'est lui qui a signé Soul Man. Il est aussi l'auteur et la voix de la chanson thème du film de blackploitation Shaft. Celle-ci sera Oscarisée en 1972 faisant de lui, après Hattie McDaniel et Sidney Poitier, seulement le troisième artiste à la peau noire à se mériter ce précieux trophée. Impliqué dans les causes humanitaires, il sera fait roi honorable du Ghana pour son rôle, là-bas. Il était aussi acteur, parce que tellement cooooooool! 


Whitney Houston: Décédée dans la désolation en 2012, la belle chanteuse à voix était fameusement mal entourée. Elle vendra dans le monde son talent plus de 200 millions de fois. Entre 1985 et la fin des année 90, elle domine les ondes pop de sa voix puissante. Par la suite, elle est la proie d'un entourage qui finira par la bouffer en entier. Sa fille aussi. Vraiment vraiment triste. Mais sa musique reste rayonnante. Presque toujours. Et pour ceux et celles qui aiment les voix puissantes. La jeune Femme avait du poumon.


Khalid: Khalid Donnel Robinson n'a que 23 ans. Il lance d'ailleurs son premier album, adolescent. Il collabore beaucoup avec d'autres artistes et devient vite au-goût-du-jour. Dès 2019, il est nommé parmi les 100 personnes les plus influentes par le Magazine Time. R & B, Hip-hop, Pop, Soul, il chante dans les tons de baryton et de ténor. Mon fils a beaucoup BEAUCOUP de ses morceaux, je l'entends donc assez souvent. Et je commence à le trouver agréable.


B.B.King  

Bruno Mars: Peter Gene Hernandez est un parfait nerd musical. C'est-à-dire qu'il est parfait élève de la musique étant en mesure de composer de l'excellente pop, de la chanter très habilement, de passer du funk au jazz, au soul, au R & B. au reggae, au hip hop et même au rock. Il joue de tous les instruments (en parfait nerd), compose pour les autres, ce seront 130 millions de fois qu'il vendra sa musique partout dans le monde. Obtenant dans le processus 7 #1. On le fait chef de file du New Jack Swing dans les années 2010. Il n'a plus tellement besoin de travailler, mais le fait toujours. Trop nerd pour se retirer. Mais on ne voudrait le voir se retirer. Il est trop apprécié partout.


Massive Attack: Trois des 4 membres (originaux-un à quitté)de la formation Britannique de Bristol ont la peau noire et 50% des chanteurs invités ont aussi la peau noire. Leur album de 1991 est un classique dont je vous parlerai plus en détail, un jour, je me connais. J'ai deux de leurs albums en copie CD.  Ils sont brillants dans leurs compositions parfois sans refrain et développe une dynamique atmosphérique fort intéressante. Leur musique ambiante est parfois bordée d'une guitare distordue fort agréable. Plus lente que la musique dance britannique, elle est aussi plus sombre et psychédélique. Vraiment un de mes bands (pour au moins deux albums) je me les retélécharge sur mon téléphone à l'instant.    


Morcheeba: Il n'y a que la sublime chanteuse Skye Edwards qui soit noire, les deux frères Godfrey étant blancs comme du pain. Un peu dans la même lignée musicale que Massive Attack, aussi électronique et aussi de l'Angleterre, dans le style trip hop, rock, folk rock et downtempo. 9 albums existent d'eux depuis 1995. Edwards a quitté le band en 2003 et depuis, les frères Godfrey engagent des chanteuses invitées. Puis, en 2014, c'est Paul qui quitte et Skye qui revient. Enfin. Sur 9 albums, y a beaucoup beaucoup à savoureux de cette merveilleuse voix. 


N.W.A.: Groupe hip hop actif de 1987 à 1991, et de 1999 à 2002, originaire de Compton, en Californie, leur histoire est savamment racontée dans un film de 2015 mettant en vedette, entre autres, le fils de Ice Cube dans le rôle de son propre père. Ice-Cube, Dr.Dre, Easy-E, DJ Yella et McRen ont marqé l'univers rap de la côte ouest de manière importante en racontant leur univers parsemé d'intolérance raciste. Membres majeurs du West Coast Rap, Easy-E trouve la mort chez les prostituées, qu'il fréquentaient trop, en 1995, alors qu'il décède du SIDA, à seulement 30 ans. Ice Cube aura une belle carrière solo, toujours dans le gangsta rap et comme acteur. Dr. Dre est devenu un producteur important, acteur majeur  menant à la popularité du whitey Eminem.  


The Ohio Players: Moi je trouve que Skin Tight de cette formation qui ouvre bien une soirée de party. Je les ai découverts par Platinum Blonde, en 1987, qui reprenait leur Fire. Ce sont 16 albums de funk, de soul, de R & B, progressive soul. Dont les albums Fire et Skin Tight, tous deux en 1974. Leurs pochettes étaient réputées pour être érotiques et mettant en vedettes des modèles du magazine Playboy. Leur musique peut être effectivement perçue comme suave et pleine de portées sexuelles, ce qui n'est jamais fâcheux non plus pour démarrer une soirée de party... 


Sly & The Family Stone
: Le band de San Francisco a été fondamental dans le développement du funk, du soul et même du rock entre 1969 et 1983. Pionniers aussi dans le soul psychédélique, les blancs étaient en minorités dans la famille Stone qui laissait aussi une part forte aux voix de femmes. La drogue et les problèmes interpersonnels scinderont le groupe entre 1975 et les années 80. Le magazine Rolling Stones les placent 43ème au rang des 500 meilleurs groupes de tous les temps. 


Smokey Robinson: Chanteur des Miracles, compositeur de musique (pour les autres), producteur a mené son band, de 1955 à 1972 avant d'avoir autant de succès, en solo. Il a aussi été vice-président de Motown. Quand Motown est vendue en 1988, il quitte le giron. Doux et suave, il était inspirant et inspiré. Smokey pouvait aussi avoir une voix forte et puissante, probablement inspiré de son amie Aretha Franklin qu'il connait dès ses 5 ans. George Harrison l'aime tant qu'il lui réserve un morceau de son album de 1976.    


Snoop Dogg:  Devenu simplement Snoop Dogg, qui a été découvert dans le premier extrait en single de la carrière solo de Dr.Dre, en 1992. Beaucoup plus qu'un musicien de hip hop et de pop, il est surtout, de nos jours, l'une des personnalités les plus connues, souvent avant sa musique, et un fameux représentant de la communauté hip-hop, l'une des plus sympathiques et l'un des visages les plus connus du milieu. Ironique si on tient compte qu'il était au coeur de la guerre juvénile mais sanglante que se livrait les rappeurs de la côte Est et côte Ouest pendant un temps. C'est un OG (Original Gangsta) dit mon fils. Il est aussi une icône des fumeurs de pot et un très grand fan des Kings de Los Angeles (son chez lui). 


Donna Summer: La reine du disco a été fortement influencée par la contreculture des années 60 et avait commencé sa carrière comme chanteuse d'un groupe psychédélique. C'est en faisant la rencontre du producteur Giorgio Moroder que sa carrière devient légendaire. Entre 1975 et 1984, elle obtient 40 hits d'envergure dont quelques immortelles. Première femme noire à connaître du succès avec un album-double, elle vendra plus de 100 millions de fois dans le monde. Disco, R& B, Dance, Soul, pop et hi-NRG sont les styles qu'elle épouse.  


The Temptations: Le groupe de Detroit, né des The Primes qui signera de nombreux classiques, avait un public principalement de noirs, mais ce seront, ironiquement, beaucoup de blancs qui reprendront leurs morceaux. Après plusieurs incarnations et changements de personnel, la plus prodigieuse étant menée par David Ruffin comme chanteur principal, seul Otis Williams, depuis 1960, est toujours du band. R & B, Soul, Funk, Psychedelic Soul. 


Tina Turner: D'abord très populaire, épouse de Ike, entre 1958 et 1976, qui lui, est bipolaire et très mauvais avec elle. Tina le quittera avec 36 cents en poche. Leur divorce est finalisé en 1978.  Elle renaît dans les années 80, et fameusement, avec de la pop bien travaillée, aidée de Mark Knopfler, David Bowie, Jeff Beck et quatre équipes de production différentes qui la remettent au sommet de son art. Elle a une voix puissante, rêche et (re) devient reine de musique populaire. Après avoir chanté avec énergie et brio le Rythm'n Blues, elle offre de la pop pour adultes, des chansons rock, des ballades, du smooth jazz et toujours du R & B. Elle continuera à plaire beaucoup (même des yeux) dans les années 90. Une survivante.  


Muddy Waters: McKingley Morganfield était un figure majeure du blues Nord Américain. Le père du Chicago Blues a signé de fameux standards, dont quelques uns avec l'excellent bassiste Willie Dixon. On a décrit son style comme une pluie de béatitude de Delta (son étiquette de disque). Ayant grandi sur une plantation, à 17 ans, il est déjà habile à la guitare et à l'harmonica. Il immite Robert Johnson ou Son House. Dès 1941, sa musique, enregistrée par Alan Lomax, est placée dans la mythique Library of Congress des États-Unis. Il déménage deux ans plus tard, en 1943, à Chicago, pour devenir le grand bluesman qui a ensuite été si copié. Les Rolling Stones prennent leur nom d'une de ses chansons (avec de la jubilation jubilante derrière). C'est d'ailleurs en 1958 qu'il se produit en Angleterre. Son influence dépassera les frontières, les époques et les genres.  


Tellement tellement plus ont été et sont toujours majeurs: Louis Armstrong, Ella FitzgeraldKool & The Gang, Charlie Parker, Billie Holiday, Herbie HancockFreddie Hubbard, Aretha Franklin, Seal, Living Colour, , Gil Scott-Heron, The Commodores, Cameo, les Pointer Sisters, John Coltrane, Jimi Hendrix, Miles Davis, Village People, Stevie Wonder, The Supremes, Prince, James Brown, Janet Jackson, Marvin Gaye, Robert Johnson, Don Cherry, The Weeknd, XXXTentacion, Wynton Marsalis, Chuck Berry, Juice Wrld, Fats Domino, Little Richard, Lenny Kravitz, Bo DiddleyCharlie Mingus, Thelonious Monk, Ready For The World, The Mary Jane Girls, Nina Simone, Chance The Rapper, Kendrick Lamar,  je pourrais continuer très longtemps comme ça et vous en trouver 120 autres. 


Les humains à la peau noire musiciens sont excessivement talentueux. 

Et là je ne vous parlais que de musique... 

Le rythme a été inventé dans le corps des Africains.

Que les ignorants l'apprennent. 


samedi 27 février 2021

À La Recherche Du Temps Perdu*************************Invisible Man de Ralph Ellison


 Chaque mois, dans ses 10 derniers jours, tout comme je le fais pour le cinéma (dans ses 10 premiers) et tout comme je le fais pour la musique (Vers le milieu) je vous parle de l'une des trois immenses passions: la littérature. 

Lire c'est plonger dans des univers distincts, c'est s'ouvrir aux autres, c'est s'inviter dans la tête des autres, c'est accepter (ou pas)un style, une vision, des observations, des questionnements, c'est voir le monde au travers des yeux d'un autre. Ou apprendre à mieux voir des siens. Lire c'est accepter un rythme. C'est apprendre à respirer différemment.

Et respirer, c'est vivre. 


INVISIBLE MAN de RALPH ELLISON.

Ellison commence à 32 ans, à l'été de 1945, dans une grange, sur une ferme, à jeter ses idées sur papier d'une nouvelle mal calculée. Son premier roman (son unique publié de son vivant) sera, au final, à 19 pages d'en faire 600. Il prend 5 ans à travailler son histoire et le livre ne sera publié qu'en 1952, dans sa totalité. 

Invisible Man est extrêmement bien écrit. Avec beaucoup d'intelligence. Contrairement aux précédents livres signés par des écrivains à la peau noire, son roman n'est pas dans le style de la plainte autant que dans la question existentielle identitaire. Une phrase radieuse tirée du livre va comme suit: "Quand je saurai qui je suis, je serai libre.". 


Mais voilà, le personnage sans nom de son livre se considère invisible. 

"Je suis invisible, vous comprenez, simplement parce que les gens refusent de me voir. Comme ses corps, sans tête, que l'on voit parfois dans les cirques ambulants, comme si j'étais entouré de miroirs déformants. Quand ils m'approchent, ils ne voient que mon environnement, se voient eux-mêmes ou des produits de leur imagination, bien entendu, tout et n'importe quoi, sauf moi.


Le grand thème de son roman est l'identité (ou son absence) dans un monde dans lequel on se conforme pour se plier aux attentes des autres. Le protagoniste devient invisible. Enfin, il se sent invisible, parce que le monde n'accepte pas ses opinions. Ça peut faire écho à bien des supporteurs de Trump et à des indécrottables de Radio X. Mais le protagoniste cherche à obtenir sa liberté intellectuelle aussi. Il est articulé. Peut-être trop intelligent dans un monde qui l'est majoritairement moins. Sa personnalité s'efface au fur et à mesure qu'il se conforme aux autres. 


Chaque fois qu'il tente de se forger une certaine identité en déployant un certain individualisme, il fait trois pas derrière, car il ne rejoint pas les attentes d'autrui. Ce sentiment de perpétuelle déception lui fait sentir qu'il n'a pas sa place nulle part. Et il ne s'agit pas que du racisme ordinaire des États-Unis des années 50, ni même des visages noirs dans une société à visages principalement blancs. Il ne s'agit même pas de la vie des noirs, post-colonialisme voulant se libérer des chaines de blancs et de leurs maîtres, ça ratisse beaucoup plus large chez l'Homme par rapport à la société et la vie d'adulte qui l'avale. 


C'est ce qui rend ce roman si puissamment intéressant dans lequel on se sent très investi. Il ne s'agit pas que de la quête d'une identité pour une personne à la peau noire dans une Amérique dominée de partout par les blancs, on en discute, bien entendu, certains suggèrent la violence pour se faire une place, d'autres, une rationalité scientifique pour mettre en valeur son héritage africain, c'est surtout la recherche d'un homme et de sa place dans la société et dans un futur proche. Le narrateur, un noir, se détache d'ailleurs, en homme invisible, des deux points de vue. Il essaie vraiment, avec éloquence, d'avoir son point de vue unique à lui. Individuel. Je pense, donc je suis. 


Il circule dans l'Amérique du Nord, confus et perdu, avec vertige, parfois poétique, souvent lyrique, avec une intelligence toujours allumée. Ellison a une excellent oreille pour des dialogues extrêmement réalistes et plausibles. La désillusion du narrateur ne s'en trouve que plus creusée. Il n'est pas un hom,e heureux. La fin, sans vous la révéler, rappelle Dostoievski. 

Le propose rappelle l'aveuglement volontaire d'une société encore très fortement aveugle volontaire par moments. 

Comme quand vient le temps de se voter un président. 

vendredi 26 février 2021

The Supremes


 Detroit, 1958.

Florence Ballard est étudiante à l'école secondaire et fait la rencontre de deux chanteurs qui forment le duo The Primes. Leur gérant choisit de former l'équivalent féminin, avec elle et la blonde d'un des deux chanteurs, Betty McGlown. Ballard recrute aussi Mary Wilson, sa meilleure amie, qui elle, recrute une collègue de classe, Diana Ross. The Primettes font d'abord les chansons des autres avant de faire les leurs. Ou celles que leur compose Jesse Greer. Le quatuor est pas mal populaire dans l'État du Michigan, encore plus quand l'ajout d'un guitariste leur permet de se donner en spectacle. 


Diana Ross a eu comme voisin Smokey Robinson et elle passe par lui pour qu'il lui arrange une audition avec le patron de Motown, Berry Gordy (qui n'est pas encore patron, mais en mène large). Il les trouve bien jeune et leur suggère de terminer leur école secondaire d'abord. Robinson leur vole leur guitariste. Quand McGlown devient fiancée, elle quitte les trois autres et est remplacée par Barbara Martin. 


Déterminées faire leur marque, les filles flânent à Hitsville, les bureaux de Motown, tous les jours après l'école afin qu'on ne les oublie jamais. Elles convainquent Gordy de faire des applaudissements sur des enregistrements de Marvin Gaye, et des voix quelques fois, choristes, avec Mary Wells et Marvin. 

En 1961, Gordy finit par signer The Primettes. Entretemps, The Primes est devenu The Temptations. Gordy veut qu'elles changent de nom. Il suggère The Darleens, The Sweet P's, The Melodees, The Roylatones ou The Jewelettes. Ballard choisira The Supremes. Un nom que Ross trouve trop masculin. Au printemps 1962, c'est Martin qui quitte afin de fonder une famille. On ne la remplace pas, on choisit la forme du trio.


Entre 1961 et 1963, The Supremes lancent 6 singles, mais aucun ne fait mouche. On se moque un peu d'eux en sourdine. En revanche, les filles prennent toutes les jobs qu'on peut leur donner en studio, Pour Gaye, The Temptations, et tout ce qui fait chez Motown. Les trois filles se partagent la voix principale. Wilson chante les ballades, Ballard, les chansons plus soul et intense, Ross les chansons pop. Berry Gordy produit leur musique, Smokey Robinson leur compose des morceaux. Une première chanson les fait sortir du lot.  Un autre trio, de composition/production, leur tricote des morceaux. Gordy choisit, fin 1963, Diana Ross comme la principale chanteuse du trio, les deux autres ayant leur tour de chant, ici et là, de temps à autres. 


Les hits se succèdent enfin pour les trois jolies jeunes femmes. Elle se distinguent en essayant pas d'imiter leur contemporains masculins, mais en restant très féminines, et usant de charme et d'élégance sur scène. Les chorégraphies sont modestes, simples, et toujours pleine de grâce et la voix haute perchée de celle qui ne se fait qu'appeler maintenant Diana, plait à tous. On les trouve raffinées dans un univers où les garçons commencent à avoir les cheveux longs (en raison de 4 garçons dans le vent de Liverpool). En 1965, elles font une tournée mondiale. Avant la fin de 1966, elles sont partout. On entend leur voix dans des films, des publicités et elles ont même une marque de pain à leur nom. Trois autres hits les gardent très populaires. Elles deviennent le premier groupe entièrement féminin à atteindre le sommet des ventes en Amérique du Nord avec leur album de cette année là. Elles sont en demande partout, et pas seulement aux États-Unis, mais dans le monde et sur scène, et leurs fans sont de toutes les races. Elles seront 17 fois au Ed Sullivan Show


Les autres artistes de Motown se plaignent de l'attention accordé aux Supremes, à leur détriment et à Diana Ross en particulier que Gordy voit plus grande que nature. Le trio se nomme un temps, une erreur, Diana Ross & The Supremes. Dans l'esprit de Smokey Robinson & The Miracles ou Martha & The Vandellas. Ceci ne passe pas super bien pour Florence Ballard qui commence à subir des épisodes de dépression et se met à boire beaucoup. Elle prend du poids et n'entre plus dans les costumes qu'on lui prépare. Elle ne se présente plus aux répétitions et on la remplace par une Belle de Patti Labelle & the Blue Belles, Cindy Birdsong. 


Croyant n'avoir été qu'en purgatoire temporaire, Ballard se pointe quand même aux répétitions et avec les autres. Il est révélé que Birdsong est toujours liée par contrat avec Patti et ses Blue Belles. Mais Gordy rachète son contrat. Ballard, insultée de voir deux costumes, un pour elle et un pour Birdsong, avant une représentation sur scène, elle se saoûle et monte sur scène quand même. Elle s'humilie en pleine chorégraphie et montrant son ventre et Gordy la limoge purement et simplement. 


Ballard tente une carrière solo qui ne lève pas. Elle poursuit Motown et Diana Ross qui auraient conspiré pour l'écarter du band dont elle était la toute première membre. Elle perd sa cause. Elle sombre dans la pauvreté et décède d'une thrombose à l'âge de 32 ans, en février 1976. Désolant. 

Diana Ross quittera Motown en raison d'une chicane autour des redevances et des paiements, l'argent étant toujours le nerf de la guerre et se lancera dans une carrière solo. Elle quitte The Supremes en 1968.Le groupe continue d'exister, mais ne fera plus tellement de hits. De jeunes talents comme Aretha Franklin , offrent de nouvelles directions qui ne ressemblent plus au son des Supremes. Le mouvement des Black Panthers ne les trouve pas "suffisamment noires".


Jean Terrell est engagée pour remplacer Ross. On engage des musiciennes de session et Wilson et Birdsong n'apparaissent même pas sur certains morceaux. En 1972, Birdsong quitte et est remplacée par une membre du band de Stevie Wonder, Lynda Laurence. Quand Laurence quitte, en 1973, pour commencer une vie de famille, c'est Cindy Birdsong qui revient dans le trio. Mais rien ne vend bien. Jean Terrell quitre aussi et est remplacée par Sherrie Payne. On continue de faire des tournées, jusqu'au Japon, même. 


On tente une ultime version disco des Supremes, mais le meilleur est derrière. En 1976, Birdsong quitte, insatisfaite de la gestion du groupe, sous la férule de Pedro Ferrer, alors l'époux de Mary Wilson. Fin 1977, le trio n'existe plus que sur disque. Heureusement. 

Le trio aura généré 12 #1 et sera sur un pied d'égalité avec les Beatles, entre 1964 et 1966, en terme de popularité.  

Mary Wilson est décédée le 8 février dernier à l'âge de 76 ans, dans son sommeil. 

Diana Ross aura 76 ans le 26 mars prochain.