lundi 31 mai 2010

L'autre Mick des Rolling Stones


Je suis un très grand fan des Rolling Stones.

J'aime beaucoup la période blues de leur tout début. Quand c'était encore le band de Brian Jones.

Toutefois une fois renvoyé du groupe qu'il avait fondé en 1969 il fallut le remplacer comme deuxième guitariste pour épauler Keith Richards.

Celui qui allait le remplacer a offert les moments les plus mélodieux de la guitare des Stones.

Les membres restant du band, Richards, Jagger, Watts et Wyman ont brièvement discuté de l'idée d'offrir le poste à Eric Clapton qui aurait adoré le faire. Toutefois Keith Richards, guitariste modeste, ayant peur d'être lui-même rélégué comme second guitariste alors qu'il était le principal compositeur du quatuor, rejeta l'idée. C'est chez le John Mayall's Bluesbreakers que les Stones tourneraient leurs oreilles. Clapton avait quitté le Bluesbreaker de John Mayall et quand Peter Green a aussi quitté pour former une première version de Fleetwood Mac ils avaient tous les deux été remplacés par un jeune guitariste de 17 ans, Mick Taylor.

Le style de Taylor se colorait dans un mélange de blues, avec des influences de musique latine et de jazz. Il était aussi admirablement doué pour jouer la slide guitar.

Quand Jagger a demandé conseil à Mayall afin de trouver un nouveau guitariste, Mayall lui a généreusement livré son plus doué.

En se pointant en studio pour les sessions d'enregistrements de Let It Bleed, Taylor, maintenant à 20 ans, ne réalisa pas tout de suite qu'il auditionnait pour le band. Il croyait tout simplement avoir été engagé pour jouer
quelques pages écrites par Richards mais quand celui-ci lui demanda d'improviser et que tous les membres se mirent à l'écouter longuement de la régie, il comprit que quelque chose se passait. On lui fit enregistrer Country Honk (qui deviendrait aussi Honky Tonk Women) et on lui demanda de participer au concert gratuit du Hyde Park de Londres du 5 juillet, concert qui était prévu depuis longtemps mais qui devint un hommage à Brian Jones décédé deux jours plus tôt.

Taylor et Jagger, les deux Mick, pendant une absence de Keith Richards écrivirent ensemble deux morceaux, Sway et Moonlight Mile. Ces deux morceaux enthousiasmèrent Jagger au plus haut point puisque la technique d'écriture était différente d'avec Richards. Pas nécessairement mieux mais nouvelle. Toutefois Richards fit des pistes vocales et suffisamment de montage sur les deux morceaux pour que les deux pièces ne soient crédités qu'à Jagger et Richards. Taylor ne sera crédité dans toute l'oeuvre des Stones que comme co-auteur de Ventilator Blues sur l'album suivant.

Taylor est fait membre des Stones et l'album Sticky Fingers (qui deviendra un incontournable)sort en 1971.

Les Stones s'exilent en France pour enregistrer Exil on Main Street, un de leurs plus bel effort musical. Leur album double mélange le rock'n roll, le country, le blues, le soul et le calypso. Enregistré dans un ancien château fort des Nazis pendant l'occupation l'album reçoit beaucoup de visiteurs et d'amis en studio. Dont Terry Southern, William S. Burroughs et Gram Parsons. Ce dernier est si drogué qu'il est expulsé des lieux. L'ambiance des sessions d'enregistrement est si ponctué de débauche que Bill Wyman, le bassiste original du groupe s'abstient de se pointer en studio pour 10 des 18 chansons. C'est Taylor qui jouera les partitions de base à sa place. L'album est aussi considéré comme un incontournable de l'oeuvre des stones. Taylor prend de plus en plus de place, mais en sera à peine crédité.

Après une tournée en 1973, les problèmes de drogue de Richards empirent et l'habileté du groupe de jouer en tant qu'unité s'en trouve affectée.

Goats Head Soup enregistré en Jamaique et en Hollande sort à l'été 1973.

En janvier 1974, les sessions d'enregistrements de l'album It's Only Rock'n Roll débutent à Munich. Taylor a des difficultés avec Richards qui lui hurle en studio qu'il joue trop fort. "Oi! Taylor! You're playing too fuckin' loud. I mean, you're really good live, man, but you're fucking useless in the studio. Lay out, play later, whatever.". Bien que Taylor ait écrit Til The Next Time We Say Goodbye et Time Waits For No One, les chansons sont quand même créditées Jagger/Richards sur la pochette. Le phrasé de la guitare de Taylor sur Time Waits For No One restera l'un des plus beaux que l'oeuvre des Stones n'aura jamais produite.

Déçu et convaincu depuis le départ qu'il n'aurait jamais été un Stone bien longtemps, Taylor quitte le groupe en décembre 1974 n'ayant été un Fab Five que pour quatre albums et demie et une tournée.

Les membres du band en sont d'abord choqué mais le respecte grandement d'avoir le courage de tourner le dos au célèbre band.

Il fit plusieurs projets avec Jack Bruce de Cream, Mike Oldfield, Carla Olson, Carla Bley, Herbie Mann, John Phillips, John Mayall again, Mark Knopfler de Dire Straits, Bob Dylan en plus de sortir cinq albums solo.

Il aura fait parti de l'édition aux guitares les plus musicalement mélodiques des Rolling Stones.

Jamais Keith Richards, assurément menacé par la talent du jeune prodige, ni Ron Wood qui a succédé à Taylor ne passeront un jour près de manier la guitare avec le même lyrisme.

Mick Taylor était trop bon garçon pour rester avec les mauvais garçons du rock'n roll.

dimanche 30 mai 2010

La Force du Marketing


"'Pas un cave moé" pensait Totor.

"Ch'connais les lois du marketing, ça me parle à moé ça" se répétait-il

En entendant à la radio ou ailleurs l'abominable beat qui répétait sans cesse "12 pouces, 5 dollars, 12 pouces, 5-5-dollars" il n'arrivait plus à s'enlever les mots de la tête.

"'sont forts" pensait-il.

Comme il pensait humblement qu'il avait ce besoin, il se rendit chez Subway. Rarement avait-il vu autant d'obèses concentrés au même endroit. Enfin un endroit où il ne dépassait pas tout le monde d'un nombril. Autant derrière le comptoir pour répondre à ses besoins que dans la queue pour commander: juste des gros et des grosses. C'était justement une question de grosseur qu'il venait régler.

Rendu à son tour il dit à la toutoune:
"Ouin...euh... 12 pouces pour 5 dollars s.v.p."

"O.k... lequel?..."

"ben...y a...y a plusieurs formats de rallonge? Comment ça marche?"

"hein?...."

"les rallonges de pénis... y en a plusieurs sortes?"

La fille lui donna le regard du chevreuil face aux lumières de voiture, puis elle s'esclaffa.

"Ben quoi c'est pas...c'est pas... c'est pas de ça qu'on parle? on parle pas d'augmentation du volume, non?...Ostie!" Totor fui les lieux.

Quelle subtilité avait-il manqué dans la publicité? C'était une annonce strictement bête et juvénile, ça s'adressait donc à lui, qu'avait-il compris de travers?

Le marketing était si fort, ça le dépassait.

"'Pourtant,  'pas un cave moé" pensait Totor.

"'Sont forts"

samedi 29 mai 2010

Échos de vestiaire


En 1960, la moyenne d'âge au Québec était de 27 ans.

27 ans

Aujourd'hui elle est de 41.

Vous vous souvenez de ce que vous faisiez à 27 ans?

Moi je faisais des bébés, j'avais fini l'université depuis 3 ans et comme le marché du travail me refoulait j'étais retournée faire 3 ans d'école spécialisée en Télé/Cinéma d'ici. Bien sûr par la suite on m'a bloqué partout. Le syndicat de Radio-Canada m'a fait perdre mon boulot là-bas. Et les emplois auquel je soumettais mes candidatures me demandaient toujours de 10 à 15 ans d'expérience. Je leur répétais inlassablement toujours que j'avais facilement 10 à 15 ans d'expérience de vie, que j'apprenais vite mais comme je n'ai jamais paru très vieux on me disait toujours d'aller faire mes classes. Je retraitais toujours poliment en me disant "à partir de quand on commence?". Puis j'ai eu des contrats comme recherchiste. Mais bien vite j'étais devenu l'ennemi numéro un des femmes baby boomers qui n'avaient commencé à travailler qu'une fois les enfants devenus autonomes. Je "volais" leur job. Un jeune qui s'y connait et qui en plus travaille plus longtemps que nous pour moins cher, il faut gardez cela à distance. Je me suis fait faire des coups en bas de la ceinture assez réussis. On m'a tenu loin de ma niche mais bien en laisse. Sur l'accotement le plus longtemps possible. Le temps que le clôt me fasse de l'effet.

Je suis passé de petit boulot à petit boulot tout en me glissant sur les plateaux, tantôt comme comédien, tantôt comme scénariste, tantôt comme recherchiste. Toujours pour une misère de salaire. Jamais je ne m'en suis plains. Jusqu'à ce que Monkee naisse et que je doive me tourner vers autre chose que la famille Arts et Spectacles. Famille dans laquelle il ne faut jamais compter trop fort sur les sous. J'en ai toutefois gardé un souci d'économie fort raisonnable.

Les années 80 ont été "pénibles" dans la bouche de plusieurs boomers. Effectivement ils frappaient la quarantaine et le party de leurs vingt ans semblait fini. Les divorces prenait de l'envergure et le premier référendum perdu donnait des airs de lendemains de brosse.

Les années 80 ont été les plus belles années de ma vie. Ce furent l'équivalent des années 60 de mes parents. On pouvait tout se permettre et on le faisait. C'était la période des blondes, des brunes, des rousses. C'était le dernier droit de la naiveté.

Le dernier droit avant le mur.

Les années 90 m'ont fait réaliser que les gens de mon âge étaient une quantité si marginale que les dirigeants en place ne souhaitait même pas miser dessus. Si marginales qu'on ne leur trouvera même pas un nom de génération. (X? Y? Je suis né 1972, à quel groupe j'appartiens?) Et ensuite, ces même gens restaient tout étonnés de voir les jeunes s'exiler pour travailler ailleurs après avoir étudié ici.

Les années 2000 ont été pires. Il me semble que c'était hier. Et pourtant elles ont forcément été plus longues (éveillées) pour moi car mes insomnies sont passées de récurrentes à régulières à continues.

J'ai travaillé les dix dernières années, en contribuant toujours à la RRQ des sommes dont nous ne verront jamais l'ombre d'une ristourne un jour. J'ai travaillé et continue de le faire en me disant que je payais encore le party de mes parents et qu'au mieux j'y participais en y travaillant au vestiaire.

Sinon voulez vous ben me dire pourquoi je paierais de l'argent supplémentaire pour notre service de santé si je paie déjà ma carte d'assurance maladie et que je verse aussi un pourcentage dans mon programme d'assurance collective(obligatoire même si je suis déjà assuré au travail de ma conjointe-hérésie!) au bureau?

C'est pas pour me soigner moi, qui me tape une visite aux 14 ans.

Et comment justifier encore ces systèmes de primes et de bonus de départ?

C'est ça la vraie indécence à voiler pas le visage d'une femme.

Le party des boomers n'est pas fini, faudrais aussi payer les marchettes, les taxis pour le retour à la maison et apporter les margaritas sur la plage.

vendredi 28 mai 2010

L'atroce été de Jennifer Jason leigh, Carrie Morrow, John Landis, Steven Spielberg et quatre parents trop naifs.


Cet été de 1982, aurait dû bien se dérouler.

Steven Spielberg est la saveur du jour, son film E.T. a fracassé tous les records du box-office et il projette à la fois de travailler avec son ami George Lucas pour la réalisation du prochain volet des aventures d'Indiana Jones ainsi que de réaliser un drame plus sombre (qui sera éventuellement l'adaptation du roman d'Alice Walker The Color Purple).
Mais tout d'abord il a accepté de produire un film rendant hommage à une série de sa jeunesse, The Twilight Zone, et de réaliser le deuxième épisode de ce film à sketch.

Le film ouvrira sur un prologue réalisé par John Landis, sera suivi par un épisode traitant du racisme toujours réalisé par Landis, Spielberg réalise ensuite un épisode (pré-Cocoon) où il raconte l'histoire d'un hopsice dont les bénéficiaires retrouvent l'apparence de leur jeunesse en l'évoquant. Joe Dante nous montre un jeune garçon aux pouvoirs étranges qui se découvre le tortionnaire de personnages de dessin animés qu'il a fait prendre vie. Puis l'Australien George Miller, frais sorti de la réalisation de deux Mad Max et qui tournera le dernie chapître de ce film avant d'offrir le troisième Mad Max, nous livre l'histoire d'un homme paniqué en avion pour de bonnes raisons.

Le film Twilight Zone est un hommage à la série américaine du même nom mais on retiendra ce film pour des raisons beaucoup plus sombres.

Lors du tournage du second épisode, sous la supervision de John Landis, 98% du film est tourné dans la nuit du 22 au 23 juillet quand l'horreur frappe.

Il ne reste qu'une scène à tourner, soit celle où l'acteur Vic Morrow, sous les traits d'un Viet-Namien, se sauve dans les marais, en pleine guerre, avec deux enfants Viet-Namiens sous les bras, pourchassé par des hélicoptères des États-Unis. Il s'agit d'une scène tournée en studio, donc dans un endroit clos, où les explosions et les effets pyrotechniques seront importants. On doit sentir que nous sommes en pleine guerre du Viet-Nam.

Pour cette scène, Landis a réussi à obtenir l'accord des parents de Myca Dinh Le 7 ans et de ceux de Renee Shin-Yi 6 ans même si aucun papiers légaux ne leur offrait un contrat d'acteur ni même un permis de travail. La première soirée de tournage des enfants, qui aurait dû finir beaucoup plus tôt, s'est terminée vers 1 heure 30 du matin. Les enfants étaient si enthousiastes que les parents ne s'en sont pas inquiétés. Le lendemain toutefois...

Vers 2H20 du matin, Landis après avoir donné ses directions, a crié "action!". Vic Morrow est entré dans le marais qui lui amenait de l'eau jusqu'aux genoux avec un enfant sous chaque bras. Landis a demandé à l'hélicoptère de s'abaisser plus bas. Deux explosions ont eues lieu simultanément endomageant gravement l'hélicoptère. Plus grave encore, l'hélicoptère est devenu hors de contrôle et a piqué du nez. Morrow qui avait échappé Renee Shin-Yi a tenté de la reprendre mais l'hélicoptère s'est aussitôt écrasé sur elle la tuant sur le coup. L'hélice a par la suite littéralement tranché en plusieurs parties Vic Morrow et Myca Dinh Le.

Coeurs sensibles veuillez vous abstenir de regardez ceci.

Spielberg, qui n'était pas au courant du tournage de cette scène, et qui en voulait déjà à Landis pour avoir violé toute sortes de règles de tournage fût dévasté et raya Landis de sa vie.

Le film est tout de même sorti en 1983 puisque complété à 98% avant le drame.

Un procès a été intenté contre Landis & Spielberg. Plusieurs techniciens ont confirmé que le réalisateur avait été mis au courant plusieurs fois du danger potentiel d'une telle scène tournée comme il l'entendait. Landis avait de plus caché la nature de la scène aux parents des enfants-acteurs. Spileberg a vite été écarté des poursuites puisqu'il avait été maintenu dans l'ignorance.
Landis a pour sa part été acquitté d'homicide invonlontaire et de mise-en-danger de la vie de deux enfants (how could that fuxcking be?).

Les parents des enfants ont poursuivi au civil mais l'équipe de Landis leur a donné 2 millions en dédomagement par famille.

Les filles de Vic Morrow, Carrie Morrow, 24 ans, et l'actrice Jennifer Jason Leigh, 20 ans, ont toutes deux reçu autour de 800, 000 dollars chacune.

Suite à cet horrible incident, les lois sur le travail des enfants sur les plateaux de tournage à Hollywood ont été sévèrement modifiées.

Landis a tourné depuis Trading Places, Three Amigos!, Coming to America, Beverly Hills Cop III et Blues Brothers 2000 (il avait réalisé l'original en 1980)en plus de réaliser plusieurs clips pour Michael Jackson dont Thriller.

Hollywood n'a plus jamais aussi accueillant pour lui.

jeudi 27 mai 2010

Nicholas & Theresa


Nicholas l'avait sortie de ses terres soviétiques il y a 12 ans.

Elle lui avait dit dans un français approximatif:
"Je vous ais simplement rencontré donc ma journée n'aura été que presque parfaite"

Ce à quoi il avait répondu:
"...presque parfaite?..."

"oui car je vous ai rencontré toute habillé et sans vous toucher"

Ce problème a été réglé assez rapidement dans un hôtel tout près peu de temps après.

Ils avaient ensemble été voir une gitane qui leur avait prédit que leur avenir allait se passer ensemble mais sur un autre continent. C'est tout ce que Tatyana avait eu envie d'entendre. Tout de suite elle pensa à l'Amérique, elle changea son nom pour Theresa. Mais Nicholas était Britannique et, correspondant étranger dvant rentrer au pays il voyait Londres dans sa soupe.

En trafficant quelques papiers il avait réussi à l'amener avec lui en Angleterre. Il y continuerais son travail de journaliste et elle tenterait de se trouver un travail. Mais sa seule expérience de travail avait été celui d'escorte. Rapidement, elle se rendit compte qu'elle ne pouvait garder ses emplois dans le cafés ou dans les boutiques sans flirter inlassablement avec la clientèle. Elle resta à la maison quelque temps pendant que Nicholas bossait à la BBC. Il ne la cachait pas mais la version officielle de sa présence dans sa vie était "Une jeune fille au pair qui travaillait chez ma voisine et duquel j'ai fini par tomber profondéemment attaché".

Afin de se tenir occupé elle avait commencé à se tenir au pub du coin de la rue. Elle s'y trouvait si souvent, belle femme au milieu de gentlemen légèrement désoeuvrés, on avait fini par lui offrir un emploi sur place. Flirter ici était devenu une qualité.

"Les beaux culs, ça vend" disait McPhee le patron du Pub.

Nicholas ne s'en trouvait que plus heureux. Elle se tenait occupé, elle semblait s'amuser et en plus elle ramenait un salaire à l'appartement.

Toutefois elle flirtait tellement avec les clients, qu'il était fréquent pour Nicholas d'aller la rejoindre et de la trouver en train d'embrasser un homme un peu saoûl ou d'être assise sur ses genoux.

"Ce n'est pas de l'amour chérie, c'est de la business" expliquait-elle.

Ça agaçait un peu Nicholas quand même. Il fumait longuement sur la galerie de son logement en regardant la ville qu'il lui avait offert et en pensant à celle qu'il lui avait fait quitter. Il se rendait compte qu'elle se reconstruisait ses repères soviétiques, ici, en Angleterre. Elle qui n'avait que pour seule famille ses employeurs et ses clients avait recréé tout ça au Pub du coin de la rue. Dans une langue qu'elle maitrisait de mieux en mieux et avec un accent qui la rendait plus attirante encore, plus exotique. Le pub vendait de la guiness servie par de la poupoune exotique. Pam la serveuse Austro-Hongroise, Juliette, la serveuse Tchèque, Inga, la serveuse Polonaise et Theresa, la serveuse soviétique.

Le plus drôle avait été que son patron avait essayé de la faire changer de nom pour Tatyana. Sans savoir que c'étais son vrai nom. Elle avait refusé, elle n'était plus cette femme.

Nicholas lui avait dit:
"S'il vous plait Theresa, n'essaie pas d'être une personne que tu ne serais pas. C'est tout ce que je te demande."

Leur relation était toujours bonne. Le sexe était plus intense, tout aussi régulier, sinon plus. Le sexe était plus intoxiqué, plus dur, plus physique, plus violent.

Si avec l'âge la plupart des gens ralentissent dans le rythme et l'intensité, ça semblait être le contraire pour Nicholas et Theresa.

Il baisaient de plus en plus fort mais ne se parlaient presque plus.

Comme deux érangers qui ne se voyaient que pour une chose.

Comme une escorte et son client.

Jusqu'au jour où elle ne revint pas du boulot.

Nicholas se doutait que quelque chose du genre se produirait. À s'offrir en spectacle tous les soirs elle risquait d'animer un esprit malsain qui lui voudrait du mal. Mais il rassurait toujours en se disant qu'elle connaissait cette clientèle mieux que lui depuis toujours.

Il n'aurais jamais pensé la trouver en pièces détachées dans les sacs de poubelles d'une allée.

Bouleversé, Nicholas cessa de travailler.
On ne retrouva jamais l'assassin.

mercredi 26 mai 2010

Les dix meilleurs plans séquences du cinéma.


Subjectivement vôtre.

1. Touch of Evil de Orson Welles. La caméra débute sur une main qui manipule une bombe qui sautera dans quelques minutes. On ne verra jamais le visage de celui qui la fera exploser. La caméra circule du niveau du sol. Une fois la bombe dans le coffre d'une voiture, on la suit de manière aérienne. Tel une caméra placée sur un pigeon. On reviendra au niveau du sol le temps de découvrir nos deux personnages principaux, Charlton Heston et Janet Leigh. Nous savons la bombe dans la voiture qui passe deux fois devant nos deux personnages principaux. Nous voyons aussi clairement les deux futures victimes. 3 minutes 35 de suspense sans coupures. Welles a toujours été en avance sur son temps. Cette ouverture ne fait pas exception.

2.The Player de Robert Altman. Cette parfaite satire d'Hollywood ouvre sur un hommage délibéré à la fameuse ouverture d'Orson Welles. Deux personnages disent à la première minute et demie que la séquence de Welles durait 6 minutes (elle en durait la moitié moins). Altman fait durer son plan pendant 8 minutes!!! La comédie noire de Altman nous fait faire le tour des potins Hollywoodiens, des scénaristes courant après les auditions de leurs "pitchs" et nous présente Tim Robbins au coeur de tout le va-et-vient des gens tentant d'accéder à l'innaccessible rêve. La mise-en-scène est délicieuse et fait même des clins d'oeil à des séquences dans Absolute Beginners, Rope & The Sheltering Sky dans le dialogue en plus de citer le film de Welles.

3.Atonement de Joe Wright. 5 minutes 7 dans le décor du débarquement de Normandie avec des centaines de figurants. La nécéssité de tourner un long plan séquence est née du fait que le tournage de cet excellent film avait pris beaucoup de retard et que le réalisateur ne disposait que d'une seule journée (au lieu des trois prévues) pour tourner toutes ses scènes sur la plage. Il a alors improvisé une scène incluant tout le dialogue prévu, chorégraphiée et pratiquée toute l'avant-midi et tournée avec une grue, plusieurs rails et beaucoup d'adresse en après-midi.

4.Children of Men de Alfonso Cuarón. Nous passons du confort du repos d'un homme dans la voiture et circulons paisiblement avec son équipage au travers de leur conversation candide pour ensuite tomber dans l'horreur et l'anarchie, toujours du point de vue des passagers de la voiture. Étouffant.

5.I Am Cuba de Mikhail Kalatozov. J'ai placé cette séquence 5ème mais c'est au fond ma préférée. Entre autre parce que ça date de 1964, que les moyens techniques de l'époque étaient beaucoup plus réduit qu'aujourd'hui, encore plus dans les pays autre que ceux d'Amérique et que le réalisateur met en scène ma vision du paradis. La caméra est volée par un oiseau marin vers 1 minute 16, marin puisqu'il termine son voyage dans l'eau de la piscine.

6.Weekend de Jean-Luc Godard. J'adore Godard. Ce 7:32 est simple, brutal, chaotique, absurde, fort amusant, lourdement sonore, animal, agressant(couper le son au besoin), pétrolier, violent et horrible. J'adore.

7.Goodfellas de Martin Scorsese. Quand Henry Hille est au sommet de sa gloire de petit mafieux nous sommes introduit au même rythme que sa femme au Copacabana bar dans ce monde de ratés qui s'invente des privilèges

8.Le Mirroir de Andrei Tarkovsky. Parce que tout, au travers de la caméra de Tarkovsky, devient beau, lumineux, intime et rend l'expérience cinéma totale.

(à ne pas regardez si vous n'avez pas vu le film et ne voulez pas vous gâchez un punch)
9. Boogie Nights de P.T. Anderson. "Do your thing" suggère la chanson dans ce film du surdoué enfant de la balle P.T.Anderson. C'est ce que fera Bill en plein effondrement mental.

10.Much Ado About Nohting(de 4:51 à 7:28 dans le clip) de Kenneth Branagh. Cette scène n'amène absolument rien à l'histoire puisqu'elle est terminée. Mais la superbe voltige de la caméra pendant un peu plus de 2 minutes et demie démontre que Kennerth Brannagh a presqu'accoté le génie de Shakespeare à sa manière.

mardi 25 mai 2010

Ma Toilette Poétique


Je lis partout.

Et tout le temps.

C'est une vraie maladie.

Vous me croiriez si je vous disais que j'ai deux livres dans la voiture pour les bouchons du traffic? Vous devriez. Il s'agit de Douze Contes Vagabonds de Gabriel Garcia Marquez et des Trésors de la Mer Rouge de Romain Gary.

Dans l'une de mes toilettes on a des B.D. dans l'autre les très appropriés "Lire au Cabinet" d'Henry Miller et un livre de John Updike dont le titre et l,endroit où je le garde réflètent exécrablement bien ma conception de la chose "Publicités".

Depuis peu, Les Poésies Complètes d'Émile Nelligan.

Comme cette toilette est à l'étage le plus fréquenté, c'est aussi la toilette la plus fréquentée.

Et contrairement à ce que raconte Miller, quiconque y va d'un effort autre qu'anal en ces lieux peut y trouver un vent d'inspiration, odorant certes, mais des échos de génie quand même.

Aubade Brune

L'aube éclabousse l'anus d'eau,
pour cause de dépôt boudiné brun,

Et l'on entend meugler frémissant
Un insomniaque pas dégrisé.

Voici l'heure du fumier.
odeur putréfactoire de dépotoir,

Les gars pour la prochaine visite
une allumette est de mise.

Au bout de tout ses "han" un "Wach!"
et un coup de canon creux comme habitude.

Procumbit bos. Tel un éléphant
Croule en une solitude.

Le sous-marin brun gicle. Il surfe sur les eaux.
Au teint brun/vert hideux.

Et Phallus chante aux beuglements mornes
De la belle qui hurle à l'étage son désarroi.


Venez me dire que c'est pas inspiré ça!

Le Soir Sème la Merde

Le soir sème la merde et les hanchois Mexicains,
Amerissent au fond du bol.


Hein? joli non? Full Émile Selligan.

Attendez je suis en feu:

Quelqu'un Pleure Dans Le Silence

Quelqu'un pleure dans Le silence
Morne des nuits d'avril;
Quelqu'un pleure la somnolence
de celui qui fût assis,
sur le trône de l'effort,
et qui tombé, a tout sali.


Allez, allez vous me trouver pet... poète n'est-ce pas?
C'est la faute à Nelligan.

Gardez vos fleurs et vos sent-bons.
Je ne suis pet...POÈTE! qu'à temps partiel.

Donnez mon Pulitzer à un autre, sincèrement.

lundi 24 mai 2010

Queensberry (ou la mise en abime d'Oscar Wilde)


A l'automne 1893, une rumeur commence à courir le tout-Londres.

Le poète Oscar Wilde, qui vient de triompher en avril dans sa comédie A Woman of No Importance, aurait une liaison choquante avec un jeune aristocrate écossais. Cette rumeur va s'amplifier pendant un an et demi, jusqu'à ce que le scandale éclate, en février 1895, alors que Wilde présentait au théâtre Saint-James sa nouvelle pièce The Importance of Being Earnest. Dans la salle, un homme, brandissant une botte de navets (symbole d'une pièce fade), apostrophe violemment l'auteur, l'accusant de «poser au sodomite» avec son plus jeune fils, Alfred Douglas – qui avait déjà été renvoyé d'Oxford pour cause de «mauvaises mœurs».

Il s'agit de Lord John Sholto, marquis de Queensberry, alors fort connu pour être l'auteur des «règles de Queensberry» qui, depuis 1866, réglementent la boxe mondiale. L'irascible aristocrate avait déjà porté une accusation semblable envers le marquis de Rosebery, ministre des Affaires étrangères de la reine Victoria : Queensberry le poursuivait de sa cravache en l'accusant d'exercer une «mauvaise influence» sur son fils aîné cette fois, Francis Archibald Douglas, qui se trouvait être le secrétaire particulier de Rosebery.

Exaspéré par l'incident, Oscar Wilde intenta un retentissant procès en diffamation au marquis de Queensberry. Les deux hommes s'accordaient cependant à maudire la morale de l'époque : Queensberry avait même été exclu de la Chambre des lords pour avoir refusé de prêter serment sur la Bible, tandis que le jeune Oscar Wilde avait été raillé par ses camarades en raison d'une citation en justice (le 12 décembre 1864 à Dublin) de son père médecin pour attentat à la pudeur sur une jeune patiente. Tous deux portaient également la blessure d'un deuil précoce : à treize ans, l'écrivain avait perdu sa jeune soeur, qu'il évoquerait discrètement dans son poème Requiescat ; à vingt-quatre ans, le marquis avait perdu son jeune frère Francis dans le célèbre accident qui marqua la première ascension du Cervin et coûta la vie à quatre alpinistes dont trois Britanniques.

Le tout-Londres se passionne pour ce procès ; personne ne doutait du succès d'un auteur si adulé. Mais la cour n'est pas la scène. Oscar Wilde ruina son propos en mentant sur son âge et sur celui d'Alfred – il s'était rajeuni de deux ans et avait vieilli son ami de dix. Les jurés n'apprécièrent pas son attitude et le poète se retrouva bientôt dans la position d'accusé, puisqu'une loi de 1885 interdisait les relations homosexuelles, même entre des adultes consentants. Le public lui-même changea de camp, d'autant que le bouillant marquis de Queensberry avait astucieusement rempli la salle de demi-mondaines dont il était un assidu client, tout en accusant Wilde de relations avec des prostitués mâles : les dames firent du tapage et crièrent à la concurrence déloyale ; lorsque le poète fut débouté, le 4 avril 1895, on vit les prostituées de Londres applaudir les magistrats en perruque.

Malgré les pressions de ses amis qui lui conseillaient de s'exiler en France pour échapper aux poursuites, Oscar Wilde préféra y faire face, fut arrêté et condamné à deux ans de travaux forcés, le 27 mai 1895. On peut s'étonner de tant de sévérité de la part de la justice et de la police, d'autant que celle-ci se montrait pleine de prévenances pour Queensberry : on l'avait relâché immédiatement alors qu'il avait été arrêté pour avoir boxé en pleine rue son deuxième fils. Sans doute un saltimbanque roturier méritait-il moins d'égards qu'un descendant (même excentrique et divorcé) de la plus vieille famille d'Écosse...

Avec ses fréquentes allusions politiques, Oscar Wilde devenait bien embarrassant. Dans The Picture of Dorian Gray en 1891, il mettait en scène un jeune dandy protégé par un vieux lord qui exerçait sur lui une «horrible attirance». Bien des pairs du royaume avaient cru se reconnaître dans ce personnage.

Oscar Wilde avait aussi l'opinion contre lui et était devenu la cible de la presse, au point que le président du tribunal de l'Old Bailey dut demander aux jurés de ne pas se laisser influencer par les journaux. Ce retournement du public semble lié à l'arrogance de l'écrivain, qui affichait devant le tribunal son mépris du sens commun et des mœurs ordinaires. Les familles qui applaudissaient au théâtre lorsqu'il dénonçait les moeurs corrompues de l'aristocratie se mirent à le conspuer lorsqu'il se comporta en jouisseur blasé. En condamnant Wilde à deux ans de travaux forcés, le maximum de la peine qu'il encourait, le jury fut à l'unisson du public anglais qui, selon le poète, «pardonne tout sauf le génie».

De nombreux intellectuels européens, tels Bernard Shaw ou André Gide, firent circuler une pétition (qu'Emile Zola refusa de signer, sans doute par désaccord sur les options morales de Gide et de Wilde) réclamant la libération de l'écrivain. En vain. Celui-ci ne survécut que trois ans à sa détention à Reading. Après sa libération, il quitta l'Angleterre où l'opinion lui était hostile et mourut, quelques mois après Queensberry, le 30 novembre 1900, dans un petit hôtel parisien de la rue des Beaux-Arts. Son pénible emprisonnement lui inspira l'émouvant De Profundis.

Il fut en outre à l'origine d'une réforme pénitentiaire libérale, qui supprima dans les prisons anglaises le régime des travaux forcés.

Le puritanisme victorien ne fut cependant pas apaisé par la condamnation d'Oscar Wilde. Le jeune lieutenant Winston Churchill faillit à son tour en être victime en février 1896, lorsque le père d'un de ses anciens condisciples à l'école militaire de Sandhurst l'accusa de s'être livré sur ses camarades à «des actes grossièrement immoraux du genre de ceux d'Oscar Wilde». Brandissant la menace d'un procès en diffamation, le lieutenant fut plus heureux que le poète et reçut de son détracteur une lettre d'excuses et cinq cents livres de dédommagement.

dimanche 23 mai 2010

Rage de Dents


"Tu veux tu une rince mon hostie?"

Pat Hibulaire est un être légèrement hostile.

La veille quand il avait été au club vidéo et qu'il avait demandé si le club tenait une copie de Jules & Jim, le commis lui avait répondu "Non, mais je viens de reçevoir Transformers II!". Ce n'était pas juste la suggestion du commis, mais l'étincelle d'excitation dans son oeil qu'il croyait partager avec celui qui venait de lui demander un film complètement différent qui l'avait irrité. Pat Hibulaire lui en avait voulu mentalement de ne pas connaitre son cinéma mais c'était presqu'aussitôt dit que ce n'était qu'un employé à temps partiel, un étudiant, pas un proffessionnel, qu'il ne fallait pas s'en faire.

Il y avait pire.

Mais là, assis sur sa chaise, la gueule grande ouverte avec le dentiste Adjutor Boyau devant lui qui le regardait des ses yeux huileux, Pat Hibulaire commençais à vraiment se faire chier.

"Vous aurez peut-être besoin d'une couronne" avait dit le vieillissant dentiste un peu ivrogne.

"Han têt ou han han tût?" avait répondu Pat dont la mâchoire était soutenue par des petits morceaux de bois le forçant à garder la bouche ouverte.

"Peut-être ou pas pantoute?" avait répondu Pat Hibulaire.

Le vieux dentiste le regardait un peu hésitant comme si il attendait une validation de sa part. Après une hésitation il dit à son client:

"...Peut-être aussi devrait-on parler d'un traitement de canal..."

"Devrait-on?" dit Pat Hibulaire un peu exaspéré. "C'est vous l'expert assumez vos décisions, ai-je besoin d'une couronnne et d'un traitement de canal, oui ou non?"

"Probablement..." dit le vieil alcoolique.

"Docteur Boyau, êtes vous capable d'affirmer une seule chose avec assurance?"

"surement..."

"TRÈVE D'ADVERBE! DITES-MOI UNE SEULE CHOSE AVEC ASSURANCE BORDEL!!!"

"est-ce que...est-ce que je vous ai donné vos tranquilisants monsieur Hibulaire? Laissez-moi revenir dans deux minutes, détendez-vous je reviens" dit-il avant de se sauver. Peut-être pour aller faire le plein de courage.

En soufflant par les narines comme un taureau devant le toréador, Pat Hibulaire calculait les sous qui aller s'évaporer de son compte en banque, encore une fois, pour payer les rénovations du chalet du dentiste et ses nerfs tournaient en boule. Il regardait les diplômes du dentiste sur le mur et même ceux-ci semblaient hésiter. La plupart des titres étaient à moitié effacés. Ses diplômes avaient de l'âge et dataient des années 50.

Pat Hibulaire avait toujours été un souffre-douleur à la petite école et dans sa vie d'adulte il s'était bâti une carapace de dur afin de ne jamais se laisser marcher sur les pieds. Ça lui avait donné une personalité hostile. Cette fois il sentait qu'on mettait la main dans son portefeuille une fois de trop.

Quand le vieux Docteur Boyau est revenu de sa marche de santé, Pat Hibulaire l'a accueilli avec les seuls mots qui lui sont venus à l'esprit à ce moment.

Des mots qu'il n'avait jamais prononcé et dont il ne saisissait pas complètement le sens mais avec un ton agressif ils pouvaient faire trembler les genoux d'un ennemi. En voyant le Docteur Boyau, Pat a a vu un ennemi.

"Tu veux tu une rince mon hostie?"

a-t-il dit avant que le vieil homme ne tombe d'une crise cardiaque devant lui, terrassé par la trouille.

La tempéremment de Pat Hibulaire l'a rendu plus riche.

Avec des dents d'âne mais plus riche.

samedi 22 mai 2010

Lewis, John & Drella


Les hommages, lorsque sentis, bien fait et hors des mains de la famille TVA, sont souvent touchants.

C'est le but de l'entreprise en général.

C'est le propre de l'artiste bien souvent aussi.
Émouvoir.

J'avais oublié à quel point l'album concept Songs for Drella est un merveilleux témoignage d'amour de la part de Lou Reed et de John Cale qui doivent toute leur carrière à Andy Warhol.

Lou, guitariste et chanteur du groupe Velvet Underground, John Cale, bassiste, altiste, pianiste, violoniste aussi membre du groupe mythique sont repérés au Café Bizarre en 1965 par Brigid Polk, une cinéaste marginale qui fréquente l'atelier d'Andy Warhol, qui vient de lâcher le dessin publicitaire pour devenir peintre. Warhol, homosexuel timide et introverti, connaît alors une grande notoriété avec ses toiles et cherche à se diversifier. Il se rend au Café Bizarre et, avec son associé cinéaste et homme d'affaires Paul Morrissey, décide de devenir le manager du Velvet Underground, qui, fin décembre 1965 , vient répéter dans son atelier, la Factory. Le local est fréquenté par les artistes et les marginaux de l'époque. Warhol leur impose de prendre la chanteuse Nico, un mannequin allemand qui, après quelques films (entre autres son propre rôle dans La Dolce Vita de Fellini), un enregistrement avec Serge Gainsbourg en 1962 (Strip-Tease) et un disque produit par le producteur des Rolling Stones Andrew Oldham (I'm Not Saying, 1965), a rejoint la Cour des Miracles de la Factory.

L'album à la banane de Velvet Underground sort en mars 1967. La pochette est une œuvre originale de Warhol qui allait devenir culte. Elle est composée d'une banane autocollante à côté de laquelle est écrit « Peel Slowly and See » (« Peler lentement pour voir »). Sous l'autocollant, on découvre une banane rose, d'apparence phallique. Une rumeur infondée va même jusqu'à affirmer que la colle de l'auto-collant serait mélangée à du LSD.

Contrairement à ce qui est souvent affirmé, les ventes de l'album sont dans un premier temps plutôt bonnes. Mais le disque est rapidement retiré de la circulation en raison d'un différend juridique entre la maison de disque et un collaborateur de Warhol. Quand le disque est finalement de retour dans les bacs, le public l'a oublié, et les ventes ne suivent pas.

Par la suite, le Velvet durcit le ton. Alors que le premier album explorait le territoire d'une musique malsaine, vénéneuse, mais clairement pop, en concert, le groupe joue fort (il est même commandité par les amplis Vox) et se lance dans des expérimentations parfois très ardues. Le deuxième album, White Light/White Heat est à l'image de leurs performances live : brut de décoffrage, rêche, difficile, et volontairement « antibeauté » comme dira John Cale.

Le groupe s'est alors éloigné de Warhol et de sa muse Nico qui ne fait plus partie du band. Le Velvet est désormais indépendant. Il s'est même attaché les services d'un nouveau manager Steve Sesnick mais continue de traîner un temps avec les habitués de la Factory, dont Warhol qui leur prête toujours domicile.

L'album sort en janvier 1968, et à nouveau ne se vend pas très bien. Dans ce contexte difficile, les tensions entre Reed et Cale (deux personnalités au caractère notoirement difficile) s'accentuent. Lou Reed, plus soucieux de reconnaissance commerciale que d'expérimentations extrêmes met Cale à la porte et le remplace.

Cale et Reed travaillent ensemble en 1972 pour une tournée Européènne des membres du Velvet Underground original, (le groupe a subi plusieurs mouvements de personnel en 1970 et 1971) mais de 1972 à 1989 ils ne collaborent pas ensemble, ni même ne se parlent.

Cale mais surtout Reed font de belles carrières solo par la suite.

Le premier obtenant un relatif succès critique et composant des musiques de film tout en produisant des artistes très divers tels Nico, les Stooges, Patti Smith, The Modern Lovers ou encore Alan Stivell.

Reed qui porte l'héritage majeur du groupe, a poursuivi une carrière solo jusqu'à aujourd'hui, avec des chansons comme Walk on the Wild Side, Perfect Day ou Dirty Boulevard.

Quand Andy Warhol meurt de complications suite à une opération pour la vessie en 1987, Reed et Cale ont tous deux le réflexe de composer quelques morceaux pour leur ancien mentor, leur parrain, leur mamelle, celui qui les as sortis de la noirceur et leur a donné leur première chance.

5 morceaux viennent de Cale et 10 de Reed. Toutes racontent Andy Warhol tel qu'ils l'ont connus, tel qu'ils en ont été marqués.

L'album constitue la première collaboration de Lou Reed et John Cale depuis 1972. Il retrace, de manière romancée la vie d'Andy Warhol parfois à la première personne, parfois à la troisième personne en insistant sur les relations interpersonnelles et les sentiments que Lou Reed et John Cale pouvaient ressentir pour Warhol.

Songs for Drella que ce bijou s'appelle.

Drella est un surnom attribué à Warhol par une ancienne superstar de sa Factory, Ondine. Ce surnom, Warhol le détestait. C'est un croisé de "Dracula" et de "Cinderella".

Les mélodies, les mots, la livraison des textes, la teneur des propos, tantôt candide, tantôt amers, tantôt rageurs, toujours touchants.

C'est un des plus bel hommage musical et intime que j'ai entendu dans ma vie.

vendredi 21 mai 2010

Le tout dernier gardiennage de Melissa


Elle se trouvait conne.

Pourtant experte dans le gardiennage depuis ses 15 ans, Melissa qui en avait aujourd'hui 17 avait un peu perdu la main. Elle avait accepté de garder les deux garçons des Lecavalier parce qu'elle voulait l'argent mais au fond elle aurait franchement préféré aller au parc avec Eve et Léa pour pouvoir parler de Derek, Antoine ou Olivier, leurs intérêts amoureux du moment.

Mais non. Non seulement ratait-elle cette occasion mais en plus elle passait un merdique vendredi à garder deux mômes. Deux garçons qui pouvaient bien se garder tout seul à bien y penser car le plus vieux avaient 11 ans et l'autre n'était que deux ans plus jeune. À cet âge, Melissa se débrouillait pas mal toute seule.

Mais là elle était plutôt dans le pétrin.

Elle avait acceptée de jouer aux cowboys et aux indiens comme ils le faisaient quand elle avait 12 ans et qu'eux en avait respectivement 8 et 6. Elle se trouvait ligotée sur une chaise pendant que les deux garçons étaient ailleurs la laissant poireauter là. À 11 ans le plus vieux savait faire de bons noeuds et n'y était pas allé de main morte. Il avait en plus pousser l'odieux jusqu'à la bâillonner afin de la faire taire. Elle était totalement à leur merci, incapable de se libérer.

Elle se trouvait conne.

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Brian se trouvait futé.

À 17 ans, la plupart des filles s'intéressaient aux garçons et vice-versa. Toutefois lui, légèrement désavantagé par un physique peut-être plus ingrat, n'attirait l'attention d'aucune fille. Ce n'était pas les occasions de les rencontrer qui manquaient car il travaillait les soirs et les fins de semaines au casse-croûte de madame Laplante mais voilà, le problème était aussi ceci: les filles le voyait comme le "fabricant de sandwichs" au lieu de voir en lui un potentiel Casanova. Il ne le criait pas sur les toits mais il avait lui aussi envie de goûter au plaisir des échanges de becs entre gars et filles.

Il avait bien demandé à Laurence de l'accompagner au cinéma mais elle avait refusée. Le choix du film Young People Fucking n'était peut-être pas une bonne idée de première "date" après tout. Il avait aussi demandé à Rosalyne si elle voulait être sa blonde mais elle avait ri si fort de sa demande que cela l'avait piqué au vif. Il n'oserait plus approcher une fille de cette façon.

Il avait donc son projet d'embrasser une fille sur la glace.

Jusqu'à ce qu'il eût une idée.

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Melissa tentant de se libérer aperçut les deux frères arriver du corridor. L'un deux dit:
"Nous avons discutés et tu auras le châtiment ultime, Apache!" dirent-ils.

Ils lui soutirèrent son bâillon pour en faire un bandeau sur ses yeux.

"Arrêtez vos niaiseries tout de suite puis détachez-moi c'est p'us drôle là!" dit-elle

"Silence, Apache sinon on te remet le bâillon" dit l'un d'eux.

Elle n'était pas en position de négocier grand chose, elle se résigna donc.

"Qu'es-ce que vous faites? c'est quoi le châtiment ultime?"

Les deux frères n'étaient déjà plus là.

Ils passèrent dans la pièce voisine où Brian les attendait. Il leur donna en silence tous deux le vingt dollars promis et il sortirent dehors sur le terrain quelques minutes vaquer à autre chose tel que convenu.

Brian s'approcha de Melissa qui ne soupçonnait pas sa présence, les yeux bandés. Il marcha doucement vers elle, contempla un instant sa bouche qu'il trouvait si parfaite et l'embrassa le plus tendrement qu'il savait le faire. Elle fût surprise du geste et ses joues devinrent rosées de malaise à la fin du baiser.

Brian eût envie de mettre la main sur une de ses cuisses mais il savait qu'il avait déjà trop abusé de sa personne.

Il retourna voir les deux frères en les remerciant. Ils ne leur dit jamais ce qu'il avait fait.

Extrêmement gênée, Melissa ne demanda rien lorsque les deux garçons la détachèrent. Elle se contenta de dire:
"C'était pas drôle!"

Melissa ne parla jamais de la situation ni du fait qu'elle avait trouvé le baiser très agréable.

Elle se demanda longtemps lequel des deux jeunes garçons embrassait si bien.

Jamais elle ne pourrait en parler à Eve ou Léa.
Jamais plus elle ne garderait.

Brian n'embrasserait plus personne sur la bouche pour les restant de ses jours.
Mais chérirait ce moment pour toujours dont il était le seul à connaître le secret.