Pieusement, je m'en fais une religion que je ne perds pas. Ne perdrai jamais.
Sur 15 albums studios (et 1/2), ils semblent avoir fonctionné par 3 cycles de 5 albums. Survol d'une trame sonore qui était inspirée de l'air du temps de mes 10 à mes 39 ans. Et qui m'inspire encore de nos jours.
Les Années I.R.S. (1981 à 1987).La 1/2: Chronic Town, un mini album de 5 chansons dont la face A se nomme Chronic Town et contient 3 morceaux et la Face B se nomme Poster Torn (déchiré) comprenant 2 morceaux. Petit EP qui sera une sorte de passeport/carte d'affaire pour un long jeu. On fait jouer dans les collèges, on utilise pour faire convaincre de faire les première parties dans les tournées, mais ils en refusent plus qu'ils en font. Expériences qu'ils n'aiment pas tellement. Appréciation personnelle du contenu: B
Le premier vrai long jeu est Murmur, un album que plusieurs considèrent comme l'un des meilleurs débuts pour un nouveau band. En 1983, je suis en 5e année de l'école primaire, je ne peux pas prétendre connaître le band encore. La magazine Rolling Stones le classe au 8e rang des meilleurs albums des années 80. L'ambiante guitare de Peter Buck créé un son distinct americana-folk, folk rock, post-punk, garage rock. Mélodique autant dans les riffs que les harmonies vocales, ils attirent l'attention favorablement. Underground rock. A
Enregistré entre décembre 1983 et janvier 1984, toujours avec Don Dixon et Mitch Easter à la production, ce sera le dernier album avec ces deux derniers à la prod. On se pousse à tricoter deux chansons par semaine. Ce seront 22 chansons qu'on brodera comme ça. Buck veut convaincre tout le monde d'en faire un album double, sans succès. On travaille 25 jours, 18 heures par jour. Reckoning est encore un de mes préférés, sinon mon préféré et mon plus écouté de l'école secondaire à nos jours. Sur ma liste de lecture (de 4h30) du band TOUTES les chansons de cet album s'y trouvent. Je m'en suis rendu compte sur le tard. Jangle pop, rock alternatif, poésie intéressante. Bijou personnel.A+De février à avril 1985, on enregistre la suite avec Joe Boyd à la production. Ils font la première partie de The Police, on déteste maintenant jouer les seconds violons. Boyd est Britannique et a travaillé avec Nick Drake, Fairport Convention, Richard & Linda Thomspon. L'album a des tons de tous ces gens. Southern rock, gothico-country. Folk psychédélique. Stipe voulait le producteur de Neil Young ou le producteur du dernier album de Van Dykes Parks. L'album a aussi de leurs tons. Le band enregistre à Londres et trouvera les longs mixages moins spontanés pour leur créativité. Arythmique dynamique de création. Boyd reste surpris qu'aucun des musiciens ne veuille qu'on monte le son de sa guitare, sa base, son piano, sa batterie ou du chant. Unité de ton. Tous enregistrés au même niveau. Original, mais aussi critiqué. B-
En avril et mai 1986, on enregistre et la maison de disque souhaite au moins un hit. La critique est unanime. Même si le premier single est un succès modeste, le son est universellement de son époque et on sent qu'on tient quelque chose. Les guitares sont riches, les anxiétés chantées sont multiples, l'esthétique est encore sudistement folk alternatif. On peint un portrait impressionniste d'un pays, les États-Unis, aux frontières morales qui fondent. Plus pop tout en restant alternatif. Micheal Stipe reste ténébreux avec les paroles de ses chansons dont il ne publiera jamais les paroles. J'ai 14 ans, je les découvre. J'aime bien. Choc sonique qui me plait grandement. Dom Gehman est à la production. B+
Des enregistrements entre 1981 et 1986 sont lancés, des reprises principalement, des morceaux rejetés. Des morceaux choisis. Il ne reste plus qu'un album à faire pour l'étiquette I.R.S. C+
Document sera un immense succès. Premier album produit par le band et Scott Litt. Maintenant tout le monde connait R.E.M. en deux singles. Le troisième fait aussi très bien. On pense appeler Mr Evil Breakfast, Skin Up With R.E.M, Last Train to Disneyland ou Table of Content. 5 (comme dans 5e album) sera aussi considéré si longtemps, qu'il sera sur la pochette. J'ai 15 ans, moi et tous mes amis en avons la cassette originale. On appelle même cet album Document #5. Sûrement encore aujourd'hui si on s'en reparle. Sur Reckoning, on voulait évoquer l'eau. Sur Document on fait un thème du feu, chanté et électrifié sur la 6 cordes. La défiance et les hommes enragés que nous sommes trouvent une trame sonore. Mémorables mélodies dont les riffs s'inscrivent dans nos ADN. C'est fini avec I.R.S. Warner leur font une offre qu'il$ ne peuvent pas refu$er. A
Les Années Warner (1988 à 1996).
Premier album sous l'étiquette multimillionnaire, on co-produit encore avec Litt, on reste politique et la mandoline prend encore plus de place. Warner leur paiera une trè$ enrichi$$sante tournée de 11 mois. Il ont le champs libre en ce qui concerne la création. Dans un premier temps on enregistre batterie, guitare et basse. Dans un second temps, les percussions, mandolines, l'accordéon, puis les voix. Enregistré entre mai et septembre 1988, lancé en novembre, on a 16 ans, on capote sur ce band. On a tous la cassette. Entrainant, drôle, sérieux, profond, élégiaque, country folk, americana kitch pop, mandoliné, Rock. 4 singles en seront tirés. Notre band, BirthdayParty Cheesecake, Jellybean Boom, apprendra à jouer Orange Crush qu'on fera sur scène au Café Wazo du Cégep, un an plus tard. On chante "Stand de patates pis de burger (pis du ketchup)" pour le fun mais pas sur scène. Avec bibi au chant et à la guitare. Le mot Green sur pochette jaune: Subversif. Très Magritte. BEnregistré tout 1990, toujours co-produisant avec Litt, classico country, pop de chambre, harmonieux, gothique, KRS-One & Kate Pierson (sur 2 morceaux, celle-là), seront invités sur un album qui les propulsent au sommet du monde musical populaire. 22 millions de fois on vend dans le monde. On enregistre à Woodstock, Athens et à Atlanta, mais on pourrait maintenant le faire n'importe où dans le monde. Acoustico-électrique, je rencontre la femme de ma vie quand leur premier single prend toute la place sur les ondes. Encore aujourd'hui "C'est notre chanson" Nous sommes universitaires depuis deux ans. Oui, je sais, je ne suis pas supposé être à l'Université à cet âge (18 ans) Mais bon, on m'a fait sauté une année par en avant. Ce qui fait que ma conjointe, 2 ans plus vieille que moi, n'avait qu'un an scolaire de différence avec moi. R.E.M. fait un immense bond par en avant également. Ils auront carte blanche pour l'album suivant. B+
C'est en fait en 1992 que la belle et moi nous nous rencontrons. En Octobre. Mois où est lancé ce 3e album sur étiquette Warner, et enregistré entre juin 1991 et juillet 1992. Reste que Losing My Religion jouait tant que c'est quand même notre chanson*. On veut cette fois plus rock. On change nos instruments. Mills est à l'orgue ou au piano plus souvent au lieu de la base. Berry à la basse au lieu de la batterie. Buck à la mandoline. On créé différemment. Sans batterie. Qu'on ajoute après. Litt & R.E.M toujours à la prod. Au studio de Daniel Lanois, en Nouvelle-Orléans. 6 singles. 30 chansons qu'on réduit à 12. Plusieurs considèrent cet album comme le sommet de leur carrière. Désespoir, colère, ténébreux, pop baroque, folk rock. Thèmes toujours assez sombres. Premier CD du band que je m'achètes. Achèterai à rebours, en CD, Murmur, Document, Life's Rich Pageant, Eponymous, Green, Fable of the Reconstruction, et les trois prochains. BOoooooooooooouh le grunge me pollue les oreilles alors je ne serai pas si charmé par cet album dont deux morceaux avaient été offerts à Nirvana et qui fait participer Rain Pheonix aux voix sur un morceau et Thurston Moore de Sonic Youth sur un autre. J'ai fini par aimer plusieurs morceaux avec le temps, mais pour une rare fois, je sens qui mon band ne veut pas mener la parade, mais la suivre. Guitare sale, glam rock, garage rock, plus punk rock aussi. L'album qui a failli s'appeler Songs to Sing With a Ketchup Bottle as Your Mic s'aime de loin. J'ai 22 ans, ils me parlent moins si ils grungent. 5 singles, tournée mondiale. Beaucoup beaucoup d'argent. Mais voyez, je l'écoute en vous écrivant et repeuple ma liste de lecture de deux morceaux de cet album. C+
En 1996, ils me regagnent avec leur généreux album de 14 chansons. On se fout de la réception critique ou populaire, on a une de ses idoles qui fait son tour de chant sur un morceau. C'est techniquement un album double, mais maintenant tout se fait maintenant principalement en CD. Il y a un côté Hi side et un Fi side. Stipe considère que c'est le meilleur album du band, le band à son meilleur, texte, musique et variétés. Thom Yorke de Radiohead, s'en dira très inspiré. Ironiquement, R.E.M. copie aussi leurs méthodes de prod. sur The Bends. On sent que c'est enregistré et composé sur la route car les directions sont multiples. Sophistipop, folk rock, pop, jangle pop, rock. Bill Berry se relevait d'un anévrisme au cerveau qui lui avait fait frôler la mort. Ça a resoudé tout le monde. Dernier grand album du band en ce qui me concerne. B+Les Années Post Bill Berry (1998 à 2011).
Même si j'aimerai aussi beaucoup le suivant. Le premier sans Bill Berry qui a eu si peur de perdre la vie qu'il préfère se retirer. Et restera impressionné de ce qu'ils ont fait sans lui. Moi aussi. Plus expérimental, avant gardiste. Stipe avait insisté pour qu'on compose "pas du R.E.M." On veut un son différent. Plus rocktronic par moments. Un morceau d'ouverture baveusement ambiant. Pat McCarthy devient le nouveau co-producteur. Maintenant trio, on veut du nouveau partout. Lounge pop, électronico rock, alternatif, il y a encore beaucoup à aimer sur cet effort. Plus baroque, plus Eno, plus Brian Wilson, plus bidouilllage studio. Rockeurs déconstruits. Noise guitar et presque shoegaze. En raison de My Bloody Valentine je serai grand fan de shoegaze. Cet album est le dernier qui me plait entièrement. B
Reveal est le premier album du band que je me fais graver en CD par un ami. Le premier single reste un de mes morceaux préférés de toute l'oeuvre du band. (mais le pire vidéo). On enregistre au Canada, Athens, Dublin, Miami, on continue l'expérimental. Surtout pour palier l'absence de percussions permanentes. On est créatif des percussions. Mais n'est pas Tom Waits qui veut. L'album précédent avait mieux vendu en Europe qu'ailleurs. Un peu Beach Boys, hommage à Cobain maintenant disparu aussi. Acoustique et orchestral, sons distordus aux pédales de guit. et synthés. Moins réussi que Up, selon moi. C
Around the Sun sera leur moins vendu. Ever. Le premier depuis longtemps (depuis Fable) à ne pas faire le top ten des ventes d'albums. Bill Riefin, ancien batteur de Nine Inch Nails est amené à la batterie mais cet album n'est pas très écoutable. Même le trio confesse avoir perdu son focus en studio. D
L'album suivant est pire selon moi. Enregistré en vitesse sur 9 semaines, il porte bien son titre semblant avoir été créé avec une urgence non nécessaire. J'avais alors reçu sur mon ordinateur un message personnel de Micheal Stipe expliquant ses états d'âmes, et je l'avais trouvé tellement, mais tellement immature de me parler de Bush fils qui le mettait "en colère"...enfin, ça ne m'a pas aidé à aimer. Rien à en retenir. ECollapse Into Now est aussi inécoutable pour moi. Reveal aurait pu être leur dernier album. ça aurait été une meilleure fin. Stipe se tourne vers Peter Buck et Mike Mills, leur demande "Et si on prenait une pause?" Buck ou Mills demande, "combien de temps ?". Stipe répond très sérieusement "Comme... pour toujours ?". E
Le band fait tomber le rideau. On fera plein de projets musicaux chacun de son côté. Production surtout.
R.E.M. aura été mon coming of age musical. Mes trois stages d'apprentissages de la vie.
La musique qui m'a fait passer de pré-ado à ado à adulte.
C'était mon Amérique en musique.
Ça l'est encore avec ces prétendus leaders mondiaux.
* Avec ceci.