vendredi 31 mai 2019

Brian Depalma

Brian est né le dernier garçon (de trois) à Newark dans le New Jersey. Papa est chirurgien et trompe maman allègrement. Brian le suivra fréquemment afin de l'espionner et prendre connaissance de ses adultères. Ça inspirera la création d'un personnage de son film Dressed To Kill.

Excellent étudiant, il gagne un prix pour un projet à caractère scientifique, encore adolescent, à l'école secondaire. Construisant lui-même des ordinateurs.
Étudiant en physique à l'Université Columbia, il est fortement impressionné par le ciné-club et précisément les films Citizen Kane et Vertigo. Il bifurque donc en théâtre et devient l'un des rares premiers étudiants masculin diplômés en théâtre de l'endroit, classes composées presqu'exclusivement de jeunes filles, au début des années 60.

Fortement investi dans la découverte des films des frères Maysles, d'Antonioni, de Godard, de Warhol et surtout d'Alfred Hitchcock, dont il sera le plus fidèle pasticheur (avec Chabrol), il s'achètera une caméra, ce qui en fera un jeune homme sollicité pour son outil.
Il tournera un court documentaire pour une exhibition du MOMA, qui sera extrêmement payante pour lui.

Deux ans avant, Depalma tourne avec un très jeune (et puffy) Robert DeNiro un film qui ne sortira que 6 ans plus tard. Quand Depalma se gagne une certaine réputation dans Greenwich Village. Il scénarise et tourne son premier film par lui-même en 1968. Avec William Finley, qui sera son plus fidèle comédien, jouant dans 8 de ses 30 films. DeNiro revient jouer pour Brian dans ses deux projets suivants. Il revient à la forme documentaire, maintenant obsédé par la technique du split screen qui le suivra toute sa carrière.

En 1970, il quitte New York pour aller se parfaire à Hollywood. Où il sera un proche de Coppola, Spielberg, Lucas, Scorcese, Schrader et Millius. Une bande de passionnés des mêmes films. Engagé par la Warner Brothers, il tourne une comédie dans l'esprit des Monty Python. Une commande du studio. Il n'aime pas l'expérience.
Il tournera trois projets beaucoup plus underground. Et entre le sinistre et le parodique. Sisters est inspiré des siamoises russes Mascha & Dascha Krivoshlyapova. Les critiques lui reconnaissent un vrai talent, cousin d'Hitchcock. Le film suivant sera une comédie musicale kitsch inspirée librement du Phantom of the Opera, mais dans l'univers rock. Sissy Spacek travaille aux costumes sur ce film avant d'être elle-même la star de son plus grand film (alors) deux ans plus tard. Inspiré de Vertigo, Paul Schrader lui écrit Obsession, film mettant en vedette la Québécoise Geneviève Bujold.  Mais la relation entre Depalma et Schrader en restera brouillée quand Depalma coupe la troisième partie de son film, placée dans le futur, et réécrit beaucoup du script original.

La même année, il adapte un livre qu'un ami écrivain lui avait conseillé. Le tout premier roman de Stephen King, 26 ans. Ce sera le plus gros succès commercial de Depalma et à partir de maintenant, il passera toujours d'un projet à un autre, tournant un projet personnel, suivi d'un projet d'un grand studio, plus commercial (qui financerait son projet personnel par la suite). Deux des actrices du film auront des nominations aux Oscars, Sissy Spacek et Piper Laurie.
The Demolished Man est un livre qui fascinait Depalma depuis toujours. Le livre faisait justement appel à l'esprit mathématique qui l'habitait depuis toujours. Ce sera long à mettre en images et ça donnera The Fury. Spielberg adaptera Phillip K.Dick avec Minority Report en 2002, avec une narration assez proche du propos du même film, et avec le volontaire style "Depalma". Godard sera un grand fan de The Fury. Ce qui plait beaucoup à Brian.
Depalma enseigne alors là où il avait étudié le cinéma, au Sarah Lawrence College. Il utilise ses expériences là-bas pour tourner son prochain film. Encore avec Kirk Douglas. Dressed to Kill traite d'une travailleuse du sexe témoin du meurtre d'une femme au foyer. Avec un troublant Micheal Caine et Nancy Allen que Depalma a marié l'année d'avant. Le film est fort aimé. Il la divorcera dès 1983.
Depalma est un talent recherché.
Au point qu'on lui offre de tourner Flashdance, ce qu'il refuse. Préférant tourner Personal Effects, qui devait se tourner au Canada (Depalma est un inconditionnel des Festivals de films de Toronto et de Montréal) film qui deviendra Blow Out. Un évident hommage au Blow Up d'Antonioni, mais avec des références claires à l'incident de Chappaquiddick et dont les mystères se situent au niveau du son. Ce sera un des films préférés de bien des gens de Brian. Dont moi.

Mais le suivant sera le préféré de presque tous.

Oliver Stone combat sa propre dépendance à la cocaïne quand il adapte un film de gangster de 1932 à notre époque et le change en film d'immigrant cubain faisant son chemin dans le monde de la drogue à Miami. Stone devra aller écrire tout ça en France, pour se sevrer lui-même. Depalma tournera un film culte. Encore beaucoup aimé de nos jours. Le film auquel il sera facilement rattaché le jour de sa mort.

Depalma tournera un clip pour Bruce Springsteen qui mettra la jeune Courtney Cox à l'écran pour une de ses premières fois. 

Son film suivant est un hommage direct à Hitchcock, à Dial M for Murder, Rear Window et Vertigo, dont le sujet est le voyeurisme et situé dans le monde de la porno. Il ne fait pas mouche tout de suite et introduit Mélanie Griffith, tout en se développant un mouvement culte avec les années.
La comédie qui suivra sera un échec, mais les critiques aiment.

Mickey Rourke refuse le rôle qu'aura Kevin Costner dans le film suivant. Depalma propose le rôle d'Al Capone à DeNiro et à Bob Hoskins. Au cas où DeNiro, plus occupé, ne puisse pas le faire. Quand DeNiro accepte, Depalma envoie un chèque de 20 000 livres sterling à Hoskins avec un aussi gentil Thank you.  Hoskins le rappellera aussitôt pour lui demander si Brian n'a pas d'autres films dans lequel il ne le veut pas. The Untouchables sera un très grand succès au box-office, avec une claire référence à Eisenstein.

Le projet suivant est tiré du livre racontant un incident vrai survenu pendant la guerre du Vietnam en 1966.  Ce sera l'un des premiers films que j'enregistrerai en le doublant à l'aide de 2 vidéos VHS superposés. Le film est lancé 20 ans après les faits. Ce film est un excellent film. Dur, mais fameusement joué.

Le film suivant sera une catastrophe largement documentée dans l'excellent livre de Julie Salomon, The Devil's Candy. Elle est présente toute la durée du tournage. J'ai lu ce savoureux livre et vous le recommande, même si vous n'avez pas vu le film. Très divertissant. Depalma épouse la productrice Gale Anne Hurd avec laquelle il aura une fille. Ils divorceront deux ans après.

John Lightgow avait travaillé avec Depalma sur Obsession et Blow Out. Lightgow sera parfait dans le rôle d'un homme aux 5 personnalités. La réception du film sera modeste mais fera 25 millions de plus que ce qu'il a coûté. DePalma épouse Darnell Gregorio avec laquelle il aura une fille aussi. Mais encore une fois, ça ne durera que deux ans.
Al Pacino entend parler de Carlito Brigante en 1973 en s'entraînant au YMCA pour le film Serpico. Il y fait la rencontre du juge New Yorkais de la cour suprême Edwin Torres, auteur de Carlito's Way et After Hours (Rien à voir avec le film de son ami Scorcese en 1985). Pacino en sécurise les droits. Abel Ferrara devait tourner mais il ne s'entend pas avec les producteurs. Depalma est amené à bord. Le film sera un gros succès.

Comme il a prouvé qu'il peut encore remplir les coffres pour les studios, il est choisi pour tourner le premier film de la série télé adaptée au cinéma Mission Impossible. Ce sera son plus fortuné contrat.
Il tourne ensuite à Montréal, avec Nicolas Cage, Carla Gugino et Gary Sinise. Mais le film reste modeste. Depalma brille toutefois dans ses longs plans séquence sans coupe.

Mais Mission To Mars sera misérable. Avec un budget de 100 millions, on ne fait que rentrer dans son argent.
Femme Fatale sera tourné en Europe, et sera fameusement incohérent. Un triste fourre-tout qui ne rend pas justice à Depalma ni à ses interprètes, Il ne rapportera que la moitié de ce qu'il a coûté.
The Black Dahlia ramène Depalma dans les grands projets commerciaux. Mais ne fait pas encore ses frais par un million.

Inspiré du livre racontant l'horreur du massacre de Mahmouddiyah, le film militaire suivant de Depalma générera 782 millions n'en coûtant que 5.
Reprenant Crime D'Amour d'Alain Corneau, seulement deux ans après le film français, le thriller érotique Passion est son film suivant.  Mais il n'excite personne faisant affreusement patate. Même si deux belles filles s'embrassent.

Le 30ème film de Brian Depalma est lancé ce soir, en Amérique du Nord et en Europe, et met en vedette Jamie Lannister de Games of Thrones, le danois Nikolaj Coster-Waldau.

J'ai des moments choisis pour Brian D.P.
Principalement dans les années 70.
Me taperai peut-être un petit festival personnel prochainement.
Est-ce que je viens de m'acheter Carrie à 10$ moi?...
Ben oui...

jeudi 30 mai 2019

20 Choses Que l'on Sait Déjà Avant de Voir Rocketman

Demain sera lancé le film sur la vie d'Elton John.
Un artiste aimé de 7 à 77 ans, entre 1969 et nos jours.

Après vous avoir offert 30 tranches d'Elton en septembre 2013, je vous offre, en avant-première, 20 choses que l'on sait déjà du film qui aura la prétention de nous le présenter.

1. Taron Egerton chante toutes les notes sortant de sa bouche.

2. Elton a dit à Taron de ne pas tenter de le copier, mais de simplement le réinventer à sa manière à lui.

3. Tom Hardy devait jouer Elton. Il a été attaché au projet pendant 3 ans. Mais le délai de développement cinématographique s'étirant, le calendrier d,Hardy s'est surchargé. Il a dû céder sa place.

4. Taron Egerton et Elton John travaillaient le tournage de Rocketman quand ils ont accepté d'apparaître tous les deux dans Kingsman : The Golden Circle

5. Taron Egerton a toujours aimé le chant, chantant aussi pour la trame sonore de Eddie The Eagle en 2015, avec Hugh Jackman et en 2016, dans Sing

6. Troisième collaboration donc entre Elton et Taron après Kingsman: The Golden Circle et I'm Still Standing, chanté dans Sing.

7. James MacAvoy et Daniel Radcliffe ont été considéré pour interpréter Elton.

8. Le producteur de musique John Reid est joué dans ce film par Richard Madden, connu surtout pour son rôle de Robb Stark dans Game of Thrones. Ironiquement, dans le film sur la carrière de Queen, John Reid, qui a aussi travaillé avec Queen, est incarné par Aidan Gillen, Lord Petyr Baelish  "Littlefinger", dans Game of Thrones

9. Elton John a été un joueur important dans l'adaptation sur scène du film Billy Elliott. Jamie Bell incarnait Billy Elliott. Jamie Bell joue dans Rocketman Bernie Taupin, un joueur important dans la carrière d'Elton.

10. En 2012, en érotisant peut-être son idée, Elton John disait que le meilleur pour l'incarner serait probablement Justin Timberlake.

11. Justin Timberlake avait été choisi pour jouer Elton, par Elton, pour un de ses clips. Une formidable belle job de clip.

12. Dexter Fletcher est le réalisateur qui a pris la relève de Bryan Singer sur le tournage de Bohemian Rhapsody. Ses deux derniers films sont donc des biographies romancées de vedettes pop/rock.

13. Dexter Fletcher était aussi réalisateur de Eddie The Eagle, où il dirigeait Taron Egerton dans le rôle tître. Une autre biographie romancée.

14. Lee Hall était le scénariste de Billy Elliott. Il l'est aussi pour Rocketman

15. Le film a été tourné et sera présenté dans les trois ans sabbatiques que s'est offert E.John.

16. Les images de l'extérieur du Troubadour Club de Los Angeles sont des archives en 35 millimètres qui ont été nettoyées digitalement, puisque ça aurait été franchement plus compliqué et plus coûteux de redécorer une partie de Sunset Boulevard dans le style des années 1970 pour les quelques secondes nécessaires au film.

17. Quand Elton appelle sa mère pour lui annoncer qu'il est gay, sa mère et Fred sont en train de regarder Liberace à la télévision, ce qui reste amusant car il était aussi un flamboyant pianiste dont l'homosexualité était relativement secrète durant sa carrière.

18. Steven Mackintosh, qui incarne le père d'Elton et le réalisateur Dexter Fletcher ont tous deux joué dans le film de Guy Ritchie Lock Stock & Two Smoking Barrels.  Fletcher y jouait Soap. McKintosh y jouait Winston.

19. Tom Cruise prétend qu'on lui a offert le rôle d'Elton, qu'il aurait refusé. Pff!

20. Dans le film, Elton suggère, en regardant une photo de John Lennon, qu'il aurait choisi "John" dans son nom (qui était Redginald Dwight) en référence au Beatle. Mais en vrai, "John" était plutôt en hommage à Long John Baldry dont il était un grand fan.

J'avoue avoir assez hâte de voir le film.

Qui pourra réunir les intérêts des trois membres restants de mon unité familial.

Punkee, L'amoureuse et moi.

Monkee se tapant du fun en Gaspésie.




mercredi 29 mai 2019

La Ballade de Jody & Jane

Dans le film de 1991, signé de la main de Callie Khouri et réalisé par Ridley Scott, Thelma & Louise, deux femmes, abusées des hommes, choisissent de prendre la situation en main et de se taper une saine autonomie dans un voyage de pêche qui n'aura jamais lieu.

Car les hommes sont partout au milieu. Et la dérape vient avec.

Le film est formidable. Il est encore d'actualité. Il a même été enregistré dans la librairie du Congrès des États-Unis comme étant historiquement, culturellement et esthétiquement pertinent pour l'histoire des États-Unis. Sa scénariste a gagné l'Oscar du meilleur scénario cette année-là, Ridley a été nommé pour la meilleure réalisation, Brad Pitt a fait naître sa carrière et Geena & Susan ont toutes deux été nommées, aussi, aux Oscars, Susan en gagnant un, 5 ans plus tard, pour un film de 1995, tandis que Geena en avait déjà un depuis 1989.

La cavale de Thelma & Louise me rappelle un peu celle qu'entreprennent maintenant Jody Wilson-Raybould et Jane Philpott.

Dans une chorégraphie digne de Busby Berkeley, les deux ancienne ministres libérales canadiennes ont annoncé, à 30 minutes d'intervalle, l'une en Ontario, l'autre en Colombie-Britannique, qu'elles feraient maintenant de la politique différemment
Ce qui était le mantra qui avait attiré la directrice des finances et fière représentantes des premières nations et la docteure en politique, en premier lieu.

Mais une fois dans le vestiaire des hommes...elles y ont trouvé de l'hommerie.

Les deux femmes seront, ce qu'on souhaite à toute femme, partout en tout temps, indépendantes.

On se demande si ce n'est pas l'heure de n'avoir QUE des candidats indépendants.

Historiquement, ils ne sont pas légions à gagner au pays. Dans les 25 dernières années, seulement 5, à travers le pays, ont été élus indépendamment. Dont André Arthur deux fois. Dont 4, en vrai.  Arthur c'est à Portneuf qu'on l'a élu doublement. Là où on aime ce qui jappe et mord. On devient souvent indépendant une fois élu, parce que souvent déçus. Ce que sont les deux femmes.

Jody a des chances de gagner dans sa circonscription de Vancouver Granville où elle y est une superstar (son père aussi) et où il ne serait pas anormal de voter différemment. Jane a beaucoup moins de chances alors que Markham-Stouffville, en périphérie de Toronto ne vote que Libéral ou Conservateur. Conserral ou Libévateur. 

Les deux femmes, pour bien marquer leur non-affiliation à aucune couleur d'aucun parti, étaient même pratiquement toutes deux habillées de la même manière, en blanc, paix.

Nous avons été plusieurs à googler "Combien de candidats indépendant sont réélus après avoir été élu sous une bannière au pays historiquement?" La réponse est moins du tiers. Mais c'est surtout parce que la plupart deviennent indépendant parce que forcés par leur parti ou éclaboussé par une ombre de scandale.

Les deux femmes ont été écartées du parti. Mais pour avoir tout simplement voulu une justice indépendante. Elles ont voulu faire de la politique pure chez les sales. Et les sales sont plus nombreux.

Pour le moment.

Et si les gens étaient séduits par cette manière de faire de la politique sans saletés?
Nous sommes en nouveau territoire. Rarement des candidats indépendants n'ont eu autant de lumière sur ce qu'ils sont. Et les deux dames sortent extrêmement digne de l'épisode SNC-Lavallin. Tout le monde sait qu'il y a copinage et tricheries avec les bonzes libéraux. Personne n'en doute. Mesdames sont au dessus de cette corruption ordinaire. Trudeau & Friends baignent dedans.

Les deux femmes paraissent beaucoup moins toxiques que tout ce qui est offert en ce moment. J'embarquerais dans leur bagnole pour rouler la transcanadienne.

"Être membre d'un parti ne veut pas dire mettre ses principes de côté" a dit Jody. Ça dit absolument tout sur l'absence de dignité des gens qu'elle quitte.
"Je n'ai pas perdu ma voix, j'ai trouvé la mienne" a dit Jane, qui a, la semaine dernière, reproché ;a la ministre de la santé d'avoir participer à une soirée organisée par Canada 2020, un regroupement de lobbyiste prenant peu à peu le contrôle du gouvernement.

C'est ce type de serpents que s'attendaient à chasser les deux femmes.

Mais au contraire, on les invite et les nourrit.

Je ne vous dis pas comment se termine le film Thelma & Louise. Mais c'est libérateur.
C'est aussi un fin ouverte.

La ballade de Jody & Jane.
On en sait pas la fin encore.
Tout reste ouvert.

Elles attendent toutes deux l'après-Trudeau. Ce qui n'est pas un mauvais pari non plus.

On a hâte de voir ton attitude, Canada.
Es-tu prêt pour du vrai?

mardi 28 mai 2019

Seul (ou pas)

Samedi soir.

La belle-mère était chez nous toute la semaine pour nous aider à faire des boîtes, en prévision du déménagement du 23 juin prochain.

Avec mes journées de 10 à 12 heures de job et l'amoureuse qui avait des journées du même genre, notre semaine a été lourde en charge mentale. J'ai encore travaillé vendredi matin. Ce qu'on est pas supposé faire après 51 heures en 4 jours...

La généreuse belle-maman nous as concocté quelques plats en plus de nous aider à faire des boîtes.
Quand elle a quitté, samedi, en fin de journée, on a comme eu l'impression que la poussière retombait pour la première fois depuis longtemps.

La belle-mère, voyant notre très visible fatigue, nous avait dit avant de partir: "reposez-vous maintenant!", c'était presqu'un ordre.

C'est ce que nous avons fait.

Les filles sont descendus au sous-sol et on repris leur écoute de la série Game Of Thrones, elles voulaient terminer la saison II. Monkee et moi, on a tout vu. On ne se sent pas en totale liberté de parler de la série devant elles. Mon fils "supervise" leur attention à la série. Et ajuste là où les filles ne comprennent pas les lourds accents.

Moi je ne réécoute pas. Sans mon fils, qui me poussait à écouter, j'aurais abandonné assez vite. Donc quand ils se mettent face à la série, je m'applique ailleurs.

Samedi soir, j'ai écouté sur mon ordinateur Performance. Un film de 1970 de Donnald Cammell et Nicolas Roeg. Le film qui a fait des ennemis de Mick Jagger et Keith Richards. Cammell, élevé par un père biographe de Aleister Crowley, donc presque dans l'esprit libertaire d'une commune hippie. Lors du tournage, il a encouragé les comédiens à réellement faire usage de drogues et à coucher les uns avec les autres pour bien s'imprégner d'une certaine vérité à l'image. Mick a donc couché avec Anita Pallenberg, ancienne amoureuse de Cammell et amoureuse alors de Keith Richards. Qui n'a pas aimé savoir son frère coucher avec sa blonde.  Anita avait une large influence sur ce qui était tourné, et sur comment tout ça serait tourné. Cammell en était à son premier film. Roeg était un experimenté caméraman./directeur photo. Voilà pourquoi son nom a aussi été rajouté comme réalisateur. Les images et choix de plan sont sa couleur.

Le film, tourné en 1968, n'a été que diffusé en 1970, car Warner Brothers, qui voulait en faire un Hard Day's Night, avec la plus grande star du moment, Mick Jagger, était horrifiée du résultat final. Un film de débauche hippie. Les réalisateurs ont placé un court plan de Jagger dans la première heure, en train de peindre un mur, car après une heure de film, Jagger n'y est tout simplement pas présent. Et ça avait fait capoter les producteurs. Lors du visionnement de presse, la femme d'un des producteurs avait vomi en voyant le film. James Fox, acteur principal du film, a aussi été traumatisé, car après le tournage, il a abandonné le cinéma et a plongé dans la religion.

Donc, samedi soir, j'ai écouté le film en me gardant un tiroir ouvert sur le tournage et ce qui se passait autour du film. Cammell, un homme dépressif, s'est tiré une balle dans la tête en 1996. Roeg, en parlant du film, s'est rappelé le tournage d'un film qui vous faisait sentir extraordinairement seul.

Seul, j'écoutais sur mon ordi et lisait tout ça sur mon téléphone en même temps.

Comme ma mère, je ne suis jamais malheureux seul. Je ne suis jamais complètement seul de toute manière. Dans ma tête, mes yeux, je suis avec Mick Jagger, Réjean Ducharme, David Lynch, Bowie, les frères Coen, Wes Anderson, les personnages des livres que je lis, vous qui me lisez en silence, je ne suis jamais vraiment seul. Je cultive une saine solitude.

J'avais invité les trois autres à aller prendre une crème glacée chez Pineault au coin de la rue. La meilleure au monde. Mon fils était en indigestion, il a passé son tour. Les filles...étaient des filles...sortir du divan, de leur écoute de Game Of Thrones, manger du calorifique... Elles ne voulaient pas.

J'y ai donc été seul. Orange-citron-framboises, moyenne, trempée dans le chocolat. Dé-li-cieux!
Les filles, étant des filles, après avoir refusé de venir avec moi, m'ont reproché d'y être allé...

Consultant la cyberpresse, la nouvelle du soir était cet homme de 47 ans de Québec qui en avait agressé un autre dans le stationnement de la Grande Mosquée et qui avait aussi agressé verbalement de commentaires haineux des musulmans sur place.

47 ans, c'est mon âge. Québec, c'est petit. Peut-être que je le connaissais. J'ai fouillé partout dans les jours qui ont suivis, pas trouvé son identité.

Mais je n'ai jamais douté de sa solitude mentale.
Ça c'était de la solitude malsaine.

J'ai troqué mes samedis soirs alcoolisés par des samedis soirs à la crème glacée.
Je dois m'habituer à jardiner tout seul.
On déménage le 23.
Ça, ça m'abat un peu.
Seul.

lundi 27 mai 2019

À La Recherche Du Temps Perdu******************Ulysse de James Joyce

Chaque mois, comme je le fais pour la musique (vers le milieu) et pour le cinéma (dans les 10 premiers jours), je vous parle littérature.

Dans les 10 derniers.

Parce que lire c'est un peu beaucoup mon métier. C'est une nouvelle manière de respirer et de voir. C'est une manière d'être. C'est s'ouvrir les sens et voyager. C'est le luxe de se donner du temps pour soi.


Un véritable luxe de nos jours.

Lire est une odyssée.

ULYSSE de JAMES JOYCE.

Le premier contact de James Joyce avec L'Odyssée d'Homère se fait enfant, avec The Adventures of of Ulysses, de Charles Lamb, une adaption de l'oeuvre de Homère, pour les plus jeunes. À l'école, il compose un texte appelé "my favourite hero" qui sera, justement Ulysse.

Dès 1914, il pense appeler sa première oeuvre, le recueil de nouvelles Dubliners, en 1914, Ulysse. Mais il se ravisera et prendra même le temps de publier A Portrait of the Artist as a Young Man, en 1916, qui avait attiré l'attention, d'Ezra Pound entre autre.

L'écriture de l'histoirde Leopold Bloom commence donc autour de 1914, mais devient plus riche, année après année, avant la fin de la rédaction, à l'automne 1921. Le jour de sa fête, ses 40 ans, le 2 février 1922, son troisième roman est lancé.

Bloom, dessiné par Joyce
Avec ce livre, d'abord présenté en tranches dans les magazines depuis 1918, Joyce créé, parmi les premiers effets de flux de conscience* révélant beaucoup de l'intimité des charges mentales des personnages. Ça a plu tout de suite, mais, dans cette époque conservatrice, ça a aussi choqué. Aux prudes et hypocrites États-Unis, on l'accusera "d'obscénités" et on l'interdira de publication jusqu'en 1934.

L'Odyssée d'Homère était divisée en 24 épisodes.
Ulysse de Joyce sera divisé en 18 épisodes. Inspirée de L'Odyssée de Homère, l'histoire sera plantée dans le Dublin de l'époque, dans la vie de Leopold Bloom, le temps d'une seule journée, le 16 juin 1904.

Dans les trois premiers épisodes, l'action se forme autour de Stephen Dedalus, personnage présenté dans A Portrait of the Artist as a Young Man. Dedalus représente les domaines spirituels, intellectuels et immatériels, ce qui sera l'opposé de Leopold Bloom.
Les 12 épisodes suivants sont le coeur de l'oeuvre, avec Leopold Bloom, le matériel et le sensoriel, et la rencontre des deux hommes, en apparence, "opposés" l'un à l'autre. L'auteur fait naître un Dublin dense et très détaillé de choses plus ou moins vraies, la ville ne servant que de décor à l'action.
La dernière partie offre le retour à la maison et le sentiment d'unité et de non séparation qui s'en dégage.

Le roman d'Homère était aussi divisée en 3 parties, la Télémachie, l'Odyssée, le Nostos. Joyce en emprunte quelques idées. Avec la première partie où Dedalus devient Télémaque. La seconde est l'odyssée ulyssienne, et la dernière le retour à l'Ithaque.

La construction du roman reste moderne et peut-être trop pour 1922. D'un épisode à l'autre le style change et la narration passe des descriptions aux pensées intérieures. En tant qu'individus dans la masse, les personnages, de 8h00 le matin à 3h00 du matin, l'espace d'un ordinaire jour, sont voué au cul-de-sac. L'annonce de la fin des temps passe sous le nez des deux protagonistes dans l'indifférence. Ce qui reste très actuel.

Le livre tente de capturer ce qu'est la vie dublinoise en une journée. Dans la modernité du XXème siècle.

Que nous avons quitté, il me semble, hier.

Le 16 juin de chaque année est de nos jours appelé, en Irlande en tout cas, Bloomsday.

Jour où on y célèbre la grandeur de l'écrivain, James Joyce.

Joyce dira que Bloom, dans sa tête ressemblait à l'acteur Holbrock Jackson.




*Marcel Proust ferait aussi pratiquement la même chose avec le livre qui donne son nom à cette chronique mensuelle, la même année.