mercredi 3 février 2021

Pantoufles de Neige


 Oooooooh que c'est plaisant des tempêtes. La pré-tempête, le pendant, l'après. 

C'est presque faire l'amour.


Après des mois et des mois à me plaindre de mes conditions de travail. j'ai fini par mettre mon pied à terre et me suis fait aller la gueule dans le bureau du boss pour qu'on ne m'envoie plus du tout sur la route. Vous voulez du travail bien fait? Donnez moi les conditions pour que je puisse y déployer mes ailes. Et depuis deux semaines, je déploie mes ailes devant mon clavier. Mes trois écrans. Mon cell. Ça rend fou les ainés de me voir avec trois écrans devant moi, un quatrième derrière (L'ordi maison avec tour, le familial), deux portables (celui de la job et le personnel) et un téléphone cellulaire pour les réunions/conversations Teams. Mais moi, ça me convient très bien. Et ça me fait travailler comme je l'aime bien. 


Jusqu'à lundi cette semaine. Et depuis fin décembre, je travaillais de chez mois. Dans le bonheur absolu. À mon rythme. Pas peigné. Nu-pieds. Les dents pas tout de suite brossées. En pantoufles. De la musique presqu'en tout temps dans les oreilles. Même mes air pods ne supportaient pas le rythme que je leur imposais. Ce qui était le contraire que de conduire un camion dans le giga-trafic travailler trop fort, brassant du matériel trop lourd, pas propre du tout, plein de compost ou d'ordures ou de jus de merde, dans le froid ou la pluie sale, ce qui nous donne l'hygiène du clochard pendant facilement 4 ou 5 heures par jour. Et nous crève pour les 36 heures suivantes. 


Enfin, à l'aube de mes 49 ans, j'étais entendu. Je travaillais de chez nous. Mais je n'étais pas seul à le faire. Particulièrement cette semaine. L'amoureuse de mon fils était en séjour chez nous. Les deux (+ ma fille) on tous recommencé ce CEGEP dont le gouvernement ose dire qu'il tentera de réaccueillir ses jeunes. Je ne pense pas que les sessions déjà en marche, qui, au contraire, ont (presque) tous promis des cours asynchrone vont les réintégrer si vite. Ils ont presque tous promis le contraire depuis lundi, pour la session.    


Asynchrone? L'heure ou deux, (trois?) est pré-enregistrée sur video. Vlogée. Pas en direct. Et l'enseignant(e) se montre disponible quelques fois pour les questions. Frette. Mais ça fonctionne. Ma fille, ma bru, mon fils suivent leurs cours de CEGEP comme ça. Tous dans le domaine de la santé, donc ça bosse fort. Un paramédic, une infirmière, une aide-dentiste. 

Les trois petites têtes travaillaient aussi, par écran interférés, chez nous depuis lundi. Il y suivaient leurs classes. L'amoureuse aussi. Elle aura comme horaire les lundis et vendredis chez nous et les mardis mercredis jeudis à son bureau de la banque. C'est elle qui a le plus souffert de ma présence qui la forçait, depuis décembre, dans la chambre. Recevant des clients sur zoom...avec un lit derrière. 


"Je les reçois au lit, c'est franchement gênant" disait-elle avec raison. Mais mon horaire a été décidé par mon boss, comme par magie, à l'inverse. Lundi et vendredi, au bureau de Montréal, et les mardis, mercredis jeudis, à la maison. Sur un laptop qu'on me promettait depuis décembre. 

Donc lundi dernier, j'ai déménagé une dernière fois mes trois écrans au bureau et j'étais excité du laptop que j'aurais pour le lendemain, hier. Mais bon. C'était surestimer mes employeurs. Pas de danger que ce soit un nouveau laptop. C'est une vieille cochonnerie qui n'a pas de "?" ou pas de "/". Et ce n'est encore qu'un (très petit)écran alors que je suis habitué et rapide sur trois (grands écrans).   


Alors hier, ça m'a pris une tonne d'adaptation à domicile. Tout était plus lent. Ma journée qui commençait à 6h00 s'est terminée 10h00 plus tard. Sans pause. Dans la folie. Une folie pré-tempête. J'étais comme le chat. Fou comme un balai. Comme on était trop sur le même wi-fi, ça plantait tout le temps. L'amoureuse travaillait aussi exceptionnelement de la maison parce qu'elle voulait éviter la tempête. 

 La si belle tempête. 


Et comme certains avaient besoin du son de temps en temps, moi aussi assez souvent, fallait pas interférer avec les 4 autres. Je montais et descendais les marches comme un macaque de branche en branche, laptop en main. C'était très actif. Mais amusant aussi. J'étais très sincèrement animé de la frénésie pré-tempête. Puis, excité de la frénésie de la tempête, elle-même. 

Le chat et moi on carburait entièrement sur la même fréquence. Fallait nous voir courir tous les deux de haut en bas de la maison. Moi, laptop en main, lui pour rien. Avec les même yeux ahuris. 

Et quand la tempête a enfin sévi, j'ai foncé dedans comme un Salvail face à un queer. 


C'est si beau la neige, c'est un bijou unique qu'on nous sert du ciel. Ça me rend parfaitement gaga. 

Étudiants en cinéma, on nous avait mandaté pour tourner une genre de série de 5 épisodes, et on nous offrait les studios de Radio-Canada pour le faire. Notre série se déroulait en enfer. C'était en pleine crise du verglas au Québec. Entre scénaristes, (J'en étais) on avait choisi de placer l'action entièrement en extérieur. Le vrai enfer, nous disait-on partout, c'était dehors. Mais ça avait échoué comme initiative. Radio-Canada, syndiquée, ne voulait pas sortir ses grosses caméras dehors dans le verglas. 


Ils ont échappé la meilleure série télé de tous les temps au Québec. 

Mais moi, quand je vois de la neige comme hier, après une journée comme hier, je suis comme ce gros panda. 

Je veux pas vous entendre récriminer contre la neige. 

J'aime les tempêtes, et ce nouvel horaire qui me garde encore, en pantoufles. 

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