mardi 16 février 2021

Les 5 Décédés du 6


 Le 6 janvier dernier, un président qui se sentait s'effacer de son ancienne job, continuait de nier sa défaite et prononçait les mots fatals "Let's walk over there" à ses supporteurs. En parlant du Capitol, à Washington. Les supporteurs l'ont tout de suite pris au mot et se sont non seulement rendu au Capitol, mais on foncé dedans. Dans l'anarchie. 


Tout ce qui s'est passé ce jour-là était de la plus grande inutilité qui soit. 

5 êtres humains y ont perdu la vie de manière fort inutile. 

Laissez moi vous parler des inutiles disparitions. 


Benjamin Phillips était de Schuylkill County, en Pennsylvanie et avait 50 ans. Il était programmeur informatique et avait aidé à créer un site pour les supporteurs de Trump afin de coordonner les routes vers Washington en provenance d'autres États. Lui même habitait à plus de 3 heures de route du Capitol. 

Dans l'extrême excitation du moment, son coeur l'a lâché. Il a fait une attaque cardiaque et ne s'est jamais ranimé. Il est mort sur place. Sa famille a exigé la plus grande discrétion autour de son hâtif départ dans un autre monde.  


Kevin Greeson avait 55 ans. Il était d'Athens, en Georgie. Tout ça l'excitait aussi beaucoup. Il était un fervent partisan de Donald Trump, croyait ses mensonges, mais n'était pas en faveur de la violence. Il ne condamnait rien de ce qui se passait et n'avait l'intention que d'agir en observateur. De loin. 

Il n'a d'ailleurs pas pris part à l'assaut, restant en marge du brouhaha. Mais il était parmi les gens de la même allégeance. Il était comme moi sur un parterre de spectacle de Duran Duran ou de The Cure. Entre frères. Il était si surexcité qu'il a, lui aussi, fait sauter sa patate. Son coeur a lâché. Comme celui de Phillips. Il est tombé raide mort. Il ne fera plus jamais de moto comme il aimait le faire. Ne jouera plus avec ses chiens, qui adoraient tant leur maître, et vice-versa.


Ashli Babbit avait 35 ans. Elle était libertarienne. Ce qui est extraordinairement ironique est que le libertarisme se fonde sur le principe de la non-agression, sur le concept que nul ne peut prendre l'initiative de la force physique contre un individu, sa personne, sa liberté ou sa propriété. 

ALORS QUE FAISAIS TU À ESCALADER AU TRAVERS DE LA VITRE D'UNE CAPITOL, FILLE? 

Cette ancienne membre des forces de l'air militaire était une extrémiste, fervente croyante de la fraude électorale (celle qui a fait gagné son président?) et de multiples théories du complot qu'elles partageaient sur le net, tout comme ses opinions tranchées sur les méchants démocrates, les conneries de satanisme et de trafic sexuel d'enfants et était fière admiratrice de QAnon. Quand elle entre par effraction dans le Capitol, par une fenêtre brisée, quelqu'un  dans le groupe qui essaie d'entrer par effraction, crie "Un fusil!! Il y a un fusil!!!!Il y a un fusil!!!!" Un des gardes de sécurité a tiré dans la panique du moment. Et Ashli a reçu cette balle fatalement. Si vous avez le coeur solide à 1h12 ici, on la voit se faire tirer et mourir. C'est pas beau. Et tellement tellement inutile.   


Rosannne Boyland avait 34 ans. Elle était opiniâtre mais ne le partageait pas tant que ça auprès de sa famille. Elle était toutefois vraiment au coeur de la mêlée quand les pro-Trump ont tenté d'entrer par devant, mais étaient repoussés par les gardes sur place. Tout est assez bien détaillé ici

Coincée au milieu du peloton, elle a perdu connaissance dans la mêlée où elle se serait asphyxiée. Plusieurs ont tenté de la ranimer, de la tasser du secteur, d'alerter les gardes qui étaient très occupés ailleurs, on a finalement trainé la jeune femme plus loin , où ses lèvres étaient déjà bleues et le sang lui coulait du nez. Elle est passée parmi les morts. Inutiles.


Brian Sicknick avait 42 ans. Il a eu la mort la plus digne. Mais la plus grossière aussi, faut le dire. Mort en devoir quand des gnochons ont choisi de suivre la recommandation de l'ancien président de se rendre au Capitol où on allait confirmer par décret légal, la victoire de Joe Biden. Ce crime, on a choisi, extraordinairement samedi, de ne pas l'imputer au crétin fini qui est la cause directe des ces 5 morts. 


Sicknick était ce qu'il avait toujours voulu être (contrairement au président). Il était policier et voulait y passer sa vie. Il a plutôt donné sa vie. Aux prises avec de plus en plus violents manifestants, il a encaissé plusieurs coups d'extincteur de fumée sur la tête, qui lui seront, au final fatals. 

Ces 5 morts ne se seraient jamais produites ainsi sans l'important soutien de l'ancien président des États-Unis, celui que l'histoire se rappellera être la grossière erreur du 21ème siècle, la parenthèse honteuse. 


On a choisi de ne pas le tenir responsable de ce terrible, terrible gâchis.

Fameux pour les familles et amis Boyland, Babbit, Sicknick, Phillips et Greeson.

Mourir pour Trump ou par Trump, ça relève franchement de l'horreur et de la honte à la fois. 

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