jeudi 4 février 2021

Cinema Paradiso**********Trainspotting de Danny Boyle


 Chaque mois, dans ses 20 premiers jours, tout comme je le fais pour la littérature (dans ses 10 derniers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu), je vous parle de l'une des mes trois immenses passions: le cinéma. 

J'y ai étudié, travaillé, j'en suis sorti, mais le cinéma ne sortira jamais de moi. 


Je vous parle d'une oeuvre, presque toujours tirée de ma collection personnelle, qui m'a beaucoup touché au niveau de la narration, de l'interprétation, de la réalisation, de la cinématographie, de la musique, de l'audace, souvent, tout ça à la fois. Bref je vous parle d'un film dont j'ai aimé pas mal tous les choix.

Je vous parle d'un film qu'il faut voir selon moi et vous raconte humblement pourquoi. 

TRAINSPOTTING de DANNY BOYLE.    

1996.

Je ne sais trop comment j'ai fait pour convaincre deux jeunes femmes comprenant assez moyennement l'anglais de venir voir avec moi le second film d'un réalisateur qui m'avait déjà impressionné avec son premier effort, mais ce jour-là. on ira voir Trainspotting, en langue originale, soit l'anglais d'Écosse.


Sur le chemin menant au cinéma, je vis, parfaitement seul, un moment, d'extrême tension. Les deux filles veulent s'acheter des cochonneries dans un dépanneur sur la route du ciné, pour ne pas payer le gros prix imbécile des salles de cinéma. Moi, ça ne m'intéresse pas de manger en regardant le film. Je travaille à la Cinémathèque Québécoise et dans nos salles, il y est interdit de manger dans la salle. C'est donc comme une légère déformation professionnelle.  Je reste au volant le temps que les deux donzelles, dont celle qui partage encore ma vie, font leurs commissions. 


C'est une époque sans téléphone cellulaire. Je ne fais donc rien au volant d'une voiture stationnée. Mais l'inertie est vite secouée. Une voiture arrive en trombe à mes côtés. Je fais un léger saut. Deux autres voitures de police le coince pour qu'il ne puisse pas aller ailleurs, je suis la quatrième voiture qui bloquerait son chemin. Deux policiers sortent, fusils en main, et pointent le conducteur en hurlant. Il sortira les mains sur la tête et on le menottera, penché sur son propre capot. Je suis témoin de tout ça, la gueule grande ouverte. Tout ça se passe si vite qu'ils sont tous repartis avant que les filles ne resortent du dépanneur. Gaies comme les pâquerettes. Sans jamais réaliser ce que je venais de vivre. Ça me place sous tension pour le visionnement de l'adaptation du l'univers de paumés d'Irvine Welsh.


Je me répète un peu, je vous ai parlé de cela ici. (C'est l'âge)

 Le film suit un groupe d'accrocs à l'héroïne et leur tranquille déconfiture. Dans un Édimbourg relativement dépressif et pauvre. La situation économique étant larvée pour cette génération de jeunes hommes qui ne veulent pas d'une vie trop conventionnelle. 


Dès l'ouverture du film on nous fait courir avec les personnages qui ont les autorités aux trousses. C'est tout un rythme qu'on nous proposera. La première partie est même si bonne, toute en rupture de son, en liaison parfaite entre les scènes, en caméra vertigineuse que quand la seconde partie arrive, on est plus certain d'être dans le même film. Avant la 10ème minute, une séquence impliquant la pire toilette d'Écosse est un test pour les âmes sensibles. Cette même séquence passe de l'insupportable aux délices aériens. 


La mise en scène est formidable. On fait des clins d'oeil à Kubrick, de manière hallucinée, on voit Renton (Ewan McGregor) fondre dans un tapis, voir des bébés au plafond, voir sa chambre se mouvoir. Le film a beaucoup de moments largement condamnables, mais c'est ça aussi le cinéma, du fantasme. Comme leur trip d'héro ne pouvait pas bien se terminer, avant la 40ème minute, le pire survient. Plus rien n'est humain. Le film bascule dans la désolation. Ce qui pouvait paraître cool, ne peut absolument pu l'être. On nage un peu dans le pathétisme. 


Si la drogue vous intéresse, ce film, bien que parfois séduisant par la photographie de Brian Tufano, ne peut pas vous convaincre de consommer. La musique est aussi fantastique. Si ce n'était pas des morceaux déjà issu de ma bibliothèque musicale (Eno, Reed, Pop, Elastica) ce serait des morceaux qui s'y retrouveraient (Blondie, New Order, Blur, Underworld).


Ewen Bremner, qui joue ici à la perfection le pauvre Spud, y trouve le rôle de sa vie. Au théâtre, avant ce film, il incarnait le personnage de Renton aussi à la perfection, selon ceux qui l'ont vu. Kelly MacDonald y trouve son premier rôle. J'ai toujours été passablement amoureux de Kelly MacDonald, partout. 

La seconde partie propose un Renton plus ambigu sur ses visées. Un peu comme Pacino dans The Godfather, il essaie de sortir de la business, mais y est constamment ramené. 

Aye.


La fin est une torture. Quand celui qui se décrit comme une mauvaise personne nous dit qu'il est comme nous. Le job, la famille, la christ de grosse télévision, la laveuse-sécheuse, la voiture, le système de CD, l'ouvre-boîte électrique, (...) le complet trois pièces, la petite maison coquette, (...) le 9 à 5, le golf, (...) toujours regarder de l'avant jusqu'à sa mort. 


Il a choisi la vie. Au lieu de la créer avec originalité. 

Le con.  

Ça a obligé une suite au film

J'avais le poster du film dans mon garage dans l'ancien chez nous. Et un 33 tours orange sur un clou dans ce même garage. 

Ils me manquent. 

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