Les commentateurs télés étaient agités. On savait qu'il s'agissait d'un moment clé de la commission d'enquête.
Ce fût un grand moment de télé. Un grand moment de société. Un morceau important dans l'histoire des États-Unis. Une occasion rare d'exprimer clairement autre chose que de la partisanerie ou des réalités alternatives. Un exemple de service public, de loyauté, d'idéaux fondateurs des États-Unis, de politique étrangère et de traitement des Femmes en général.
Hill, ancienne experte sur la Russie pour la Maison-Blanche, est sortie de nos écrans pour gagner nos coeurs comme une pure héroïne. Une adulte parmi les enfants.
Des faits, des arguments, de la coolitude avec un accent british à faire fondre les glaciers.
Très tôt dans le 6 heures de témoignage les Républicains ont cessé de tenter de la défier sur des inconsistances dans ses propos. Au lieu de poser des questions, auxquelles elle répondait trop bien, les Républicains y allaient plutôt de déclarations. Qui était bien souvent prêcher pour les convertis.
Pendant ce temps, Twitter tombait en pâmoison.
"un trésor national"
"J'ai passé toute ma vie à la Maison-Blanche, je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi droit que Fiona Hill"
"je veux partir un fan club Fiona Hill"
"Queen Fiona!"
Quand Hill était directrice du conseil de sécurité national, Trump n'a jamais semblé comprendre l'importance qu'elle avait à la Maison-Blanche. La prenant pour une secrétaire avec ses yeux et son esprit rétrograde. Le président ne savait pas non plus qui était son propre conseiller sur l'Ukraine.
La femme de 54 ans, originaire du Nord de l'Angleterre, avait choisi de travailler dans les services publics, pour Trump, dans un esprit non partisan. Hier, elle apparaissait comme son ennemie.
Plusieurs voyaient sa présence à la commission comme une antidote, sinon une guérison complète de la toxicité qui a gagné la première semaine de témoignages.
Elle est entrée, digne Femme, face à des panélistes pratiquement 100% mâles. Une émissaire scolarisée dans une bataille où le danger est d'être vaincue par la manipulation de l'opinion publique.
Dans ses témoignages, elle a confirmé l'histoire qui disait que lorsqu'elle avait 11 ans, un étudiant dans sa classe avait mis le feu à sa couette de cheveux, qu'elle avait éteinte, pour aussitôt terminer son examen. Ce qui avait forcé sa mère à lui faire une coupe de cheveux de type "bol", juste à temps pour la photo scolaire, ce qui lui donnait l'air de Richard III.
Hill a témoigné aux côtés de David Holmes, témoin d'une conversation entre Trump et son ambassadeur à Kiev, dans un restaurant. Les deux se sont exprimés, mais Hill a tout de suite détonné avec son air direct, et son histoire personnelle mêlée à tout ça.
Elle avait quitté l'Angleterre comme l'avait fait George Washington. Grandissant à Durham County dans une famille luttant perpétuellement contre la pauvreté. Son père était dans les mines dès ses 14 ans, avec son propre père, son frère, ses oncles et cousins. Ils y laisseraient leur santé. Maman aussi, quand les mines ont fermé et que l'argent est devenu rare. Fiona était devenu la studieuse de la famille, quittant pour traverser l'Atlantique et devenir l'experte #1 de la Russie aux États-Unis. Restée en Angleterre, elle aurait été ostracisée pour son accent trahissant ses origines du Nord, et pauvres. Personne ne pouvait la juger aux États-Unis.
Témoignait hier, le rêve Américain.
Elle a servi sous trois présidents (Bush, Obama, Trump) en plus d'avoir été agente de l'intelligence nationale pour la Russie et l'Eurasie. Elle avait co-écrit un livre sur Poutine, ses manières de gérer les politiques étrangères, et comment le KGB est au coeur de tout ça. C'est ce qui avait attiré l'attention pour qu'elle travaille pour la Maison Blanche. Elle a accepté de travailler pour Trump car elle savait comment dompter les pires menaces de Moscou.
Son message au congrès était le plus noble des témoignages jusqu'à maintenant. Le leadership des États-Unis est menacé et on menace de détruire les idéaux des immigrants qui, comme elle, ont choisi de venir se prouver utile aux États-Unis. Ce qui semblait pire étant que son pays d'adoption semblait brandir la hache à la commande de Poutine.
Elle a tout ramené à la Russie, détruisant le fait alternatif que les Républicains essaient de faire avaler que ce serait les Ukrainiens qui auraient été impliqués dans les manipulations des élections de 2016. C'est peut-être même les Russes qui ont lancé eux-mêmes cette rumeur. Ou commandé la direction des questions. Poutine, dans un moment de rare excitation aurait dit avant hier quelque chose dans la lignée de "Dieu merci! Ils croient que ce sont les Ukrainiens qui auraient interféré dans les dernières élections!".
"Je vous demanderais de ne pas faire la promotion d'un agenda Russe si possible" a-t-elle sermonné les panelistes Républicains. David Nunnes, dont c'est le principal rôle, de créer des narrations alternatives, a fait la moue. Comme on l'aurait fait en 3ème année après avoir brûlé les cheveux d'une collègue de classe sans avoir réussi à vraiment la troubler.
Nunnes a dit que leur propre enquête sur le sujet confirmait que deux pays auraient facilement pu être impliqués. Ce à quoi Hill a rétorqué que l'interférence Russe a été prouvée par nos services d'intelligence, l'interférence Ukrainienne est construite de faussetés, de rumeurs, de mensonges des réseaux sociaux, très souvent issus de serveurs Russes.
Fiona Hill a rétabli les faits et ramené la conversation aux adultes. Ce qui a fait taire le président. Habituellement si rapide à dégainer sur Twitter contre les Femmes, mais qui a gardé ses doigts sur ses tempes toute la matinée.
Au moment d'écrire, celui qui attaque si
Reine Fiona a quitté la salle comme elle y était entrée.
Digne et fière. Sérieuse. Outre l'esquisse d'un sourire à un agent en uniforme près de la porte.
La porte de la vérité.
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