Le titre de la chronique est inspiré par 4 albums que j'ai tant écouté dans ma courte vie que chacune des notes, chacuns des mots, chacune des variations, sont aujourd'hui composantes de mon ADN.
Blonde on Blonde de Bob Dylan
The Idiot d'Iggy Pop
Low de David Bowie
The Unforgettable Fire de U2
B.I.B.I. c'est moi. C'est aussi la terminaison du terme irakien habibi, voulant dire je t'aime.
Musique, je t'aime.
1984.
Ma relation avec l'oeuvre de Bruce Springsteen suit le flot de l'époque. Born In the USA le place tout simplement au sommet des palmarès de l'Amérique du Nord pendant presque deux ans. Il est Mr.USA. Il marie Démocrates (ce qu'il est profondément) et Républicains. Il n'aurait, en théorie plus vraiment besoin de travailler, il devient giga riche avec ce seul album. 7 Singles en seront issus.
Il a épousé l'actrice/mannequin Julianne Phillips en 1985, mais leur relation, avec la tournée, et son intérêt pour sa choriste Patti Sciafla, rend leur vie de couple assez malheureuse. L'album de 1987 en témoigne. En 1988 Phillips et Springsteen divorcent et ce dernier commence sa relation avec Sciafla.
En 1992, il lance deux albums la même année. Qui n'auront jamais l'écho de Born In the USA. Le E Street Band n'y est plus. Mon intérêt pour The Boss s'étiole.
Il rafle un Oscar* pour ce qu'il fait pour le film Philadelphia et tricote un nouvel album tranquillement pendant trois ans.
Ce qu'il lance en 1995 est majeur pour mes oreilles et l'inscrit dans la durée puisque de nos jours, c'est encore un album que j'écoute toujours en entier.
Un vrai parfum d'Amérique. Il compose 7 morceaux acoustiques seul, qu'il livre seul sur l'album aussi, et 5 avec un band. Dont Patti dans les voix.
Je me couche, à partir de 1995, avec parfois ce son dans mes oreilles dans mes nuits d'insomnies. Je rêve de l'univers de Steinbeck.
Tom Joad est un personnage de l'auteur John Steinbeck dans son roman The Grapes of Wrath. Au cinéma, Henry Fonda incarnera le pauvre homme voyageant avec sa famille dans la Grande Dépression et faisant face aux tempêtes pendant les Dust Bowl. "I'll be there" est l'une de ses lignes aussi mentionnée dans les paroles de la chanson titre. Un esprit de communauté, de travail en équipe, face aux temps difficiles et aux injustices comme la brutalité policière ou la corruption économique. L'harmonica qui ouvre le morceau en ouverture me donne des frissons chaque fois. Springsteen en avait un morceau électrique en 1995, mais le garde et la retravaille acoustique. Pour un bien meilleur effet.
La chanson qui suit est aussi une ballade sur un ancien prisonnier se mariant, se trouvant un emploi, se fondant une famille, et tentant de vivre "la vie normale". Même si la société l'a étiquetté à vie et que même sa femme doute de ses décisions.
Highway 29 est toujours très intime, seul à la guitare. Il y raconte une sorte de Bonnie & Clyde, réel ou imaginé par le protagoniste, terminant sur l'autoroute, dans un bain de gazoline et au travers de la carrosserie. Peut-être pas vivant(s)...
Youngstown raconte l'histoire de la ville sur plusieurs décennies, le band y apparaît brillamment. Sur plusieurs générations, Bruce y raconte la découverte du minerai de fer jusqu'au déclin de l'industrie de l'acier dans les années 70. Le style rappelle le With God On Our Side de Bob Dylan.
On pourrait faire un film de son morceau suivant, racontant l'histoire d'un veuf aidant une immigrante à franchir les lignes pour atteindre les États-Unis, mais se terminant encore dans la désolation et l'abandon. Doux, mais dur aussi.
Balboa Park raconte la jeunesse itinérante de San Diego, jeunesse trop souvent plongée dans la drogue et la prostitution afin de donner une direction à leur vie se rapprochant davantage de la survie. Ces gens ne rêvent même pas d'une maison, mais d'un meilleur parc ou dormir, comme Balboa Park.
La guitare sur le morceau suivant est toute en subtilité. Lyrique. Un homme tente de mater une femme de bar. Sans succès bien entendu.
The New Timer est particulièrement cruelle. Racontant un homme issu de la classe moyenne, mais plongé dans le nomadisme, voyageant de trains en trains, sans le sou, par la Grande Dépression jusqu'au soir où il est tué pour rien. Inspiré de la vie (et la mort) de Thomas Jefferson "Alabama" Glenn.
Chanson sur la mort, passant à l'autre monde, un endroit où son coeur pourra enfin se reposer et cesser de souffrir. Là où se trouve celle qu'il aime. Le narrateur du texte est en paix avec le monde et est prêt à lâcher le morceau. Mourant probablement. L'harmonica me fait encore un effet monstre. Les discrets arrangements sont parfaits. Un de mes morceaux préférés de l'album.
La cruelle histoire d'un ex-soldat vietnamien en territoire Étatsunien, faisant face au racisme et aux préjugés. Un autre film pourrait se tourner sur ce qui suit, et que je vous laisse découvrir si vous voulez une histoire pleine de rebondissement en 5 minutes.
Le dernier morceau est très Bob Dylan. Commençant dans la douceur, il termine de la même manière dans une chanson presque parlée où il cite Forrest Gump, grand succès cinématographique de l'année précédente.
Pour les amateurs de folk, folk rock, Bob Dylan, Woody Guthrie, country, les amateurs de cigarettes dans la nuit, de blues des prairies, de la misère de la Grande Dépression, de douceur musicale sur propos sombres, pour amateurs de rêves américain.
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