(aux Murray, Poulin, Houde, Wilhelmy, Monaghan, Lapointe)
1973-1983
Bonhomme pendu, les olympiques de la rue, on faisait jouer des 33 tours avec une lame de rasoir en guise de lecteur de sillons, on brûlait des insectes avec des briquets.
Derrière l'église, sous les sapins derrière chez nous, on se cachait, on échangeait des cartes de hockey, de baseball, des photos.
Des confidences, des baisers.
Tout était toujours une blague jusqu'à ce que la ligne de punch ne survienne. Faisant de l'un de nous la tête de Turc du jour. Il y avait toujours quelqu'un qui pensait savoir ce que l'autre pensait. Une fois sur mille c'était vrai.
`Les gars étaient la cheville sur laquelle les filles attachaient une partie de leur corde à danser. Fallait pas bouger. Et on essayait de faire à la fois une série de panier de basket (flush! tant que le ballon nous revenait directement en ligne droite après) et à la fois fallait rester le plus immobile pour ne pas qu'une fille se pète la gueule en sautant à la corde.
Ou au contraire qu'elle se pète la gueule, ça dépendait de la fille.
On avait toujours une grenade à la main. C'était toujours des états de siège. La rue était en permanent état de siège. Pas pour rien qu'on les appellerait les boomers. Leur présence avait l'effet d'une bombe. BOOM! Nous n'étions que grenade. Le sommes restés.
Le diable ne nous faisait pas peur, les anglais non plus. L'église n'était rien d'autre que le dernier stop avant le désemballage des cadeaux de Noël. Ça nous distançait des parents.
Le shérif de la rue c'était parfois moi, parfois Murray, parfois Poulin. Jamais Lapointe.
Fallait revenir pour le souper, sinon on passait en dessous de la table. On passait souvent en dessous de la table. Manger ailleurs qu'à 7h00 le matin, à midi ou à 18h00? Entre les repas? concept inexistant. Une collation, au mieux, pas un repas.
On jouait à la cachette, on attachait Lili dans le garage lui faisant croire qu'un héros viendrait la sauver, on l'oubliait volontairement là après avoir joué deux trois fois aux héros pour vrai. Innocent abus.
On ne l'a plus fait quand elle a pleuré.
On avait mis une patate dans le radiateur d'une voiture. Quand son propriétaire était entré dans la voiture pour la partir, on s'était approché pour mieux étudier l'effet. La voiture toussait fort. Puis, la patate s'est extirpée, propulsée avec violence, en flèche sur la cuisse de Murray qui se tenait derrière. Karma.
Combien de fois je pouvais lancer des rondelles dans un but?
T'es pas game d'essayer de traverser la rue? Il l'a été. A failli se faire écraser.
Là où il y avait un boisé de toutes les aventures, ils ont construit de condos. En face des Poulin. Pendant qu'on était là. Aucun respect. Ça ne faisait que commencer.
On a exploré la maison abandonnée. Fait croire qu'un cadavre était dans le frigo de l'étage du haut. Pourquoi avoir mis un frigo au deuxième étage?
La police est venue nous parler. Qui a menotté Lili à la clôture des Lachance? Qui a la clé? Yves Pou a confessé. On l'a perdu quelques jours. C'était nous la mauvaise influence pour les Poulin. Leur enfant ne pouvait pas être si con.
Il l'était. On apprendrait vite à avoir le dos large. Quand les Poulin sont partis en voyage, quelques crottes de nos chiens ont trouvé leur chemin dans leur boîte à malle, qui était une fente directement dans la porte dont le courrier/crottin, tombait directement dans l'entrée intérieure. Fallait valider de vraies raisons de nous haïr.
Un de nos coups pendables les plus satisfaisants avait été cette note qu'on avait mis sur une voiture disant faussement:
"J'ai fait une égratignure sur votre voiture, merci de me conctacter pour arranger tout ça"
Sans laisser de numéro, bien entendu. Sans avoir fait une seule égratignure non plus.
Pendant deux jours, on avait assisté, de loin, cachés, à cet homme cherchant désespérément d'inexistantes égratignures sur sa voiture. Confus. Inquiété. Déstabilisé. C'était tellement toujours trop cool de déstabiliser. L'est toujours un peu. On est toujours l'enfant d'hier.
On a pensé les Petitpas millionnaires qui le cachait dans leur appartement 5 et demi. En face. On nous as aussi pensé millionnaires parce qu'on habitait une grande maison qui faisait le coin de rue et qu'on avait deux paniers de baskets et deux buts de hockey. Personne ne remarquait que les buts de hockey, c'était mon père qui les avaient fabriqués. De fameux buts qui auront duré plus de 35 ans.
J. disait qu'elle avait vu une de mes couilles. Je niais. J. voulait voir mes couilles. Elle nous guidait plus vite que les autres vers le sexe. Elle avait insisté pour qu'on fasse un tour de patin à roulettes sur une ballade, main dans la main.
On s'échangeait des collants de personnages d'Hannah Barbara. Les plus précieux.
On est toujours l'enfant d'hier.
Une fois sur mille c'est vrai.
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