C'est un syndrome qui me trompe rarement.
Le syndrome de la bande-annonce.
Un exemple du syndrome?
Deux bandes-annonces qui m'ont vraiment donné envie de voir les films qu'ils annonçaient. Avant de voir celui que j'allais voir. Je savais que j'allais tout aimer, une fois consommé.
Le film If Beale Street Could Talk est formidable. Tout simplement formidable.
Humain comme on ne filme plus beaucoup les humains. Ce qui oblige aussi une large part d'animalité. De brutale violence. Surtout quand l'action se place dans une famille de noirs, dans les années 70. aux États-Unis, dont la violence sourde, mentale et physique est fameusement rendue par le réalisateur Barry Jenkins. Jenkins a mis en image un roman de James Baldwin, grand auteur Étatsunien, noir et homosexuel, donc doublement condamné moralement au pays des prudes. Le film oblige des performances extraordinaires de tous ses interprètes.
Le rythme proposé par Jenkins, le montage de son film, la musique, tout est habilement soigné et précisément bien organisé dans ce film qui propose injustice raciale, affronts moraux dans une époque trouble, en superposant intelligemment l'hier et l'aujourd'hui. Jenkins a même utilisé le comédien de la série Atlanta, par qui le trouble arrive, qui, à nouveau, ne sera pas le plus fiable des acolytes.
Afin de comprendre une réalité, toujours actuelle, des intempéries sociales envers les noirs aux États-Unis, entre noirs eux-mêmes, aussi, je recommande fortement ce film. Toujours pertinent. L'éclairage, au sens propre comme au sens figuré, dans ce film, est tout simplement parfait.
Je savais que j'aimerais. À cause des deux bandes-annonces qui avaient précédé. C'est toujours comme ça. Une équipe de "penseurs de la vente" a étudié le public qui allait aimer ce type de film, ses valeurs, ses choix, son esthétique, et a suggéré deux autres films dans le même esprit, comme Youtube ou Spotify nous suggérera de le musique nous ayant plus à la dernière écoute.
Mais si ceci fonctionne à merveille, dans l'épicurisme, c'est aussi vrai dans l'affliction.
Ce week-end, où j'ai écouté ce bouleversant, mais magnifique film où la voix de Nina Simone ne pouvait qu'être la voix de Dieu, j'ai aussi vidé le cabanon, les deux cabanons, le grand, le vrai, mais aussi le remise, près de la verrière. Je repousse cette obligation depuis toujours. Je n'ai pas envie de l'été qui se dessine. Et les activités me rapprochant de notre déracinement me mettent dans un état lamentable.
Mon weel-end a donc aussi été une bande annonce de l'été gris qui s'annonce.
Dans une semaine, notre maison ne nous appartient plus.
Dans 11 jours on en investi une autre.
Rien qui ne m"emballe.
Mais qu'es-ce qu'on en emballe des affaires.
La bonne nouvelle c'est que ce déménagement n'est plus 100% noir.
Il est gris.
La couleur de la sagesse et de la nuance.
Je progresse. Je pense.
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