L'autre vendredi, un video a fait surface d'un jeune homme, Nick Sandmann, souriant face à un autochtone dansant et jouant du tambour tout en chantant.
On a tous eu l'impression qu'il se moquait de lui. Il en avait l'âge et la composition du visage.
Il s'agissait d'un groupe d'étudiants qui venaient de prendre part à une marche pro-vie, qui croisait la route de la Native American Indigenous Peoples March à Washington, D.C.
Très rapidement, l'attitude flairée a été condamnée sur toutes les stations télé, sur le net, le feu a carrément pris. Les administrateurs de la Covington Catholic School, duquel est issu Sandmann, se sont confondus en excuses et ont soulevé l'étude d'une possibilité d'expulsion de l'élève. Le maire de Covington, au Kentucky, a condamné publiquement ce comportement dégoûtant. Les journalistes télé et écrits ont vomi sur toute la génération. Nathan Phillips, l'autochtone en question a protesté que Sandmann s'était placé dans son chemin.
Puis, une fois l'incendie bien pris, on a commencé à y voir plus clair. Le feu de la vérité a exposé une différente lumière. Le flair n’était pas parfait.
Bien qu'il eût été vrai que les étudiants avaient pris part à une marche pro-vie, Phillips errait sur ce qui s'était passé. Sandmann ne s'était jamais dirigé vers lui, c'était plutôt Phillips qui s'était approché de lui et Sandmann, ne sachant trop quoi faire, s'est simplement mis à sourire. Conscient que la situation devenait cocasse.
Plusieurs caméras ont filmé ce que je vous raconte et on peut confirmer que Sandmann a été piégé.
Plusieurs, qui avaient déjà condamné, se sont excusé, d'autres ont multiplié les "NE CROYEZ PAS LES SPINS DOCTORS QUI TENTENT DE REVIRER LA SITUATION" sur le net. Quelqu'un a même tweeté "A-t-on déjà vu un visage d'ado plus frappable?"
La famille Sandmann a engagé une firme de relations publiques afin de défendre leur garçon. Il était de toutes les tribunes dès vendredi.
Mais rien n'était ni noir, ni blanc. Les étudiants scandaient des contre-chants aux autochtones, ce qui reste plutôt insultant. Monter sa radio afin d'enterrer la musique des autres est toujours une forme d'intimidation. Plusieurs imitaient les danses, non pas pour rendre hommage, mais afin de singer les autochtones. Nous étions très proche d'une foule de hooligans au soccer.
Passant étrangement sous le radar, et qui aurait dû commandé beaucoup plus d'attention, a été un groupe de protestataire de la Black Hebrew Israelites, un autre groupe religieux, insultait tous et chacun, en croisant les deux groupes, en criant aux autochtones qu'ils vénéraient les bisons et qu'un bison mort n'aide personne, et en insultant les étudiants les qualifiants de fruits de l'inceste.
Les images télé nous montraient que la démonstration publique, les trois groupes, étaient minuscule. Pas vraiment 100 personnes. On parle de peut-être de quelques douzaines pour chaque groupe.
La confrontation était un étrange concours de fixation du regard, le premier qui rira aura une tapette.
Et là-dessus, l'autochtone a gagné.
Sur le net, l'étincelle de l'incendie était issu d'un compte Twitter appelé @2020fight, qui tweetait 41 fois ce vendredi-là sur ce qu'il appelait le "méga-loser".
On a cru que le compte était une mission Russe. Puis on a compris qu'il s'agissait du compte d'une (possible) enseignante de la Bay Area appelée Talia, utilisant la photo d'une modèle brézilienne comme avatar. Elle tweete en moyenne 130 fois par jour.
Est-ce un vrai compte? est-ce Russe? `130 fois par jour, elle est folle?
Est-ce important de le savoir?
Le poison circulait dans les algorithmes.
Ce ne fût pas des "fake news", mais posons nous la question. Si ce groupe d'ado avait été noirs, arabes ou hispaniques, les réactions et mises au point auraient été les mêmes?
Le momentum des images a emporté dans le caniveau la vérité.
Il fût un temps où tout ce qui sortait du net était accueilli avec davantage de suspicions.
Puis, le net s'est mis a sauver des vies.
Comme cette jeune arabe n'exigeant que d'être Femme libre.
Sandmann a eût les menaces de mort que Maxime Comtois avait eu des canadiens anglais.
On ne peut éviter une telle chose quand les images trahissent.
Et il n'est peut-être pas aussi innocent qu'il le prétend.
La jeunesse est vieille comme le monde.
Mais il n'y a pas que nos manières de penser qui changent.
Il y aussi maintenant nos manières de voir.
On ne saura jamais la vraie vérité vraie là-dessus.
Mais on sait que Phillips veut rencontrer Sandmann.
C'est déjà ça.
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