Le hasard.
Il existe.
Pourquoi suis-je né ici, du côté des pays sans guerres?
Qu'est-ce qui fait qu'une jeune femme naissent en Arabie Saoudite ou au Québec?
Le hasard. Quoi qu'on en dise, personne ne choisit où il naît. Ni dans quelle famille. Ce qui est toutefois choisi, c'est l'éducation, l'encadrement et l'amour, ou l'absence de tout ça dont on entourera le nouveau-né.
Rahaf Al-Qunun est née en Arabie Saoudite. Dans une famille tout ce qu'il y a de plus Arabe. Saouditienne. Dans ce pays, il est tout à fait normal de traiter la personne de sexe féminin moins qu'un animal, et moins qu'une babiole électronique.
Vous trouvez que j'exagère?
Cette semaine, on a annoncé une nouvelle loi arabe voulant mettre un terme à un vilain courant national: les divorces secrets. Les Femmes pourront maintenant être avisées par texto de leur propre divorce. Et c'est à ce moment seulement que le divorce prendra effet pour la première fois.
(...)
Ça ne s'invente pas. Ce pays accorde plus de droit au téléphone cellulaire qu'aux Femmes. Qui n'ont toujours pas le droit d'elles-mêmes vouloir divorcer, mais qui auront maintenant le droit de l'apprendre par texto. Pendant qu'Abdul roucoule sur l'oreiller de sa maîtresse en textant, madame pourra apprendre tout ça délicatement comme on reçoit un emoji comique.
Mais il n'y a absolument rien de drôle dans tout ça. Rien. La femme là-bas est un accessoire pour hommes. On ne corrige pas la situation du divorce inutile, on permet aux femmes divorcées d'être mises au courant...de leur propre vie conjugale!
Rahaf Al-Qunun le sait trop bien. Dans sa famille, elle avait choisi de se couper les cheveux elle-même. On l'a battue et enfermée dans une pièce pendant des semaines. Elle a profité d'un mariage familial pour prendre la poudre d'escampette. La jeune femme de 18 ans a réussi à prendre l'avion en direction de l'Australie. Mais faisant une liaison à Bangkok, elle a été interceptée et contrôlée. Bangkok étant alors alerté par l'Arabie Saoudite. Logée dans une chambre d'hôtel, elle a choisi de poser meuble, chaise et matelas contre la porte et s'y barricadait en diffusant des vidéos d'elle demandant de l'aide internationale afin de ne plus jamais retourner dans son pays natal. Craignant d'y laisser sa peau. Déjà qu'on ne lui laisse aucune chance à une certaine dignité.
Il n'y a aucun doute, des représailles l'attendent si elle est déportée en Arabie Saoudite. Où la femme y est traitée moins bien qu'on y traiterait un chien.
La liberté.
On naît tous libre. On apprend par la suite à être domestiqué. Restreint. Réduit. Privé de certaines choses.
Dans mes racines autochtones, il y a cette langue dont le mot et le nom de la langue m'échappe, mais où les mots "vie" et "liberté" sont le même mot.
Parce que les autochtones connaissent la vraie valeur de la liberté.
Rahaf Al-Qunun ne demande que sa légitime part de dignité humaine.
Qui commence par la liberté.
Bangkok, même si plusieurs louches personnages rôdent autour de l'hôtel où elle se séquestrait elle-même, a promis une rencontre de la jeune fille avec ceux qui pourraient en faire une réfugiée autorisée en Thaïlande.
La liberté peut déjouer le hasard.
La liberté ne devrait pas être une quête. Mais un droit. Dès la naissance. Femmes, hommes et trans.
La Femme arabe pourra être digne un jour grâce à des jeunes filles comme toi, Rahaf.
La tristesse de la chose, c'est que ta mère y goûtera peut-être pour t'avoir "ratée". L'éducation, c'était son rôle.
C'est ainsi que fonctionne la lâcheté. Toujours dans la bassesse.
Tu seras grande Rahaf, GRANDE.
Et tu es un exemple pour ta race.
Ta race de FEMME.
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