Si vous marchiez dans les rues de Londres, la semaine dernière, vous auriez eu un effet extraordinairement saisissant.
La photo ci-haut est ce que vous auriez aperçu au sommet des tours du centre-ville.
84 hommes, cagoulés, silencieusement debout sur les toits des tours de bureau, prêts à plonger dans la mort.
La chose, c'est que, bien que très réaliste, à hauteur humaine, les hommes sur les toits, n'étaient pas vrais. C'était des sculptures. Ce qui était vrai, c'est l'attention qu'on voulait porter sur le suicide chez les hommes d'Angleterre.
Les sculptures y ont avaient été placées dans la nuit de dimanche à lundi dernier dans le cadre du Projet 84, une idée rendue possible par l'artiste de rue Étatsunien, Mark Jenkins et la Campaing Against Living Miserably (CALM), un organisme de charité orienté sur la prévention du suicide, devenu, en Angleterre, la toute première cause des morts masculines chez les gens de 45 ans et moins. Incroyable, mais vrai.
Pourquoi 84? Parce qu'on dit qu'une moyenne de 84 personnes se suicident par semaine en Angleterre, et que 3 personnes sur 4 sont alors des hommes. C'est terrible comme statistique dans ce pays si développé. Les sculptures représentaient 84 hommes prêts à sauter dans la mort. La société anglaise se trouve extrêmement gênée de cette statistique.
Toutes les sculptures avaient la taille humaine, différents formats de poids et de taille, ce qui rendait la chose plus-que-vrai, et tout le monde avait une cagoule sur le visage. Elles avaient toutes été conçues avec du scellant à colis. Ce qui ne se percevait pas du sol réellement.
Jenkins avait travaillé et collaboré avec Sandra Fernandez afin de faire "vivre" ses sculptures. Toutes les sculptures avaient pris les "traits" de 84 vrais suicidés. 84 histoires vraies de vies écourtées ont été racontées sur le site de CALM et y sont toujours. On espère inspirer autre chose. L'espoir entre autre. Et faire comprendre la complexité de la maladie mentale qui mène à ce type de geste. Trop souvent incompréhensible. Afin que toute la dynamique autour du suicide change un peu. Que la rigidité de certains projets devienne leste et lubie. Près de 100 000 personnes étaient déjà passées par le site la semaine dernière. Les réactions sont nombreuses. L'effet saisissant.
Certains ont trouvé que l'idée était de très mauvais goût. Trop bouleversant.Tout a été fait avec le consentement et le soutien des familles concernées. Plusieurs se sont demandé si l'affolement et la stupeur ne causeraient pas une congestion au niveau des services d'intervention, car les gens pouvaient penser que tout ça est vrai, et que tout ce monde tient à en finir, là et maintenant. Ou, puisqu'ils sont tous cagoulés, que leur ville est envahie par des terroristes évaluant leurs futures victimes. Mais les services d'intervention avaient été avisées et peu de confusion a été engendrée.
L'idée fait jaser.
Peu importe ce qu'on pense de la création, on parle de la cause. Et de la maladie mentale. On souhaite que la conversation se poursuive sur le sujet après la fin de l'exposition.
Ces 84 hommes face au vide étaient sur les toits de Londres jusqu'à aujourd'hui.
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