Je vous ai écrit la chronique du beau-père, pro de le réno, et de moi, homme de condo, plusieurs fois.
Je ne le referai pas. Simplement vous dire, qu'après une semaine de 51 heures en 4 jours, je n'ai pas eu l'impression d'avoir de week-end avec la visite du père de ma douce. J'ai beaucoup écouté les conseils de pro de mon beau papa. Parce que c'est vrai qu'il est pro dans le domaine. Minutieux, perfectionniste, habile, patient.
Moi? désintéressé. Mais je fais l'effort de passer le marteau, tenir le westcott où poser la question qui donne l'impression d'être intéressé, même si christ que j'écouterais Pieds Nus Dans l'Aube ou Battle of the Sexes qui m'attendaient dans le sous-sol, ou je lirais ce livre que je ne trouve pas le temps de poursuivre plus loin que la 20ème page encore.
Mais justement, je l'ai écouté le beau-père. Et c'est de cela que je veux vous causer. Une chose, au souper, m'a soudainement frappé. Nous étions 5. L'amoureuse, son père, Monkee, Punkee et moi.
Et personne ne s'écoutait.
Le beau-père est à moitié sourd, il est donc à demi excusé. Un sourd ne fait pas exprès. Il n'entend pas les autres. Il ne réagit donc pas à ce que vous dites autant qu'un autre et coupe ainsi la parole facilement.
Sur ce dernier point, j'ai dû multiplier les conseils de famille pour implorer les trois autres de ne plus couper la parole aux autres (par pitié!).
Punkee et sa mère surtout. Quand nous quittons pour Québec y rencontrer famille et amis, il faut vraiment faire la recommandation de s'écouter s'il-vous-plaît! Et de ne pas couper la parole. C'est une marque de non respect titanesque selon moi. Ça peut vouloir dire un manque total d'intérêt pour ce que vous dites. Ce qui voudrait dire que je devrais couper la parole au beau-père toute la journée quand on fait des ajustements d'armoires et autres menuiseries. Mais ça dit aussi que vous n'écoutez pas ce qui se dit déjà.
Je ne coupe pas la parole. J'écoute. Même si les pentures de mon armoire, les tuyaux de mon évier ou le flextra plus ou moins bien posé dans la verrière ne m'intéressent pas du tout.
Au souper, Punkee goûtait à sa propre habituelle médecine. La pauvre ado revenait d'un séjour de trois jours à Watawinie avec l'école et elle souhaitait nous le raconter en détails. Je l'avais déjà entendu dans la voiture, j'étais donc le seul qui avait techniquement le droit de ne pas l'écouter pleinement, mais, au contraire, fût le seul à tout (ré)écouter. L'amoureuse, dès que nous sommes plus que 4, est parfaitement incontrôlable, elle perd tout repère auditif. Elle coupe absolument tout le monde. Et l'idée d'écouter quelqu'un lui raconter quelque chose est toujours dans le chemin de ce qui lui vient alors à l'esprit. L'autre tantôt, le frère d'une amie venait chercher quelque chose chez nous, et pas trois fois, elle a parlé entre 4 et 8 secondes (c'est long!) par dessus ce que l'autre disais. J'étais le troisième participant à la conversation et ne savait plus où donner de la tête.
Nous sommes appelés à devenir de plus en plus distraits et distants. Nos téléphones sont une interférence à nos conversations les plus simples. Si l'amoureuse texte ou lis quelque chose sur Facebook, impossible pour moi d'avoir une conversation dynamique comme en 1986. Faudra répéter, plusieurs fois, attendre, accepter un rythme fameusement hachuré. Oublier la conversation lorsque l'absence de rythme et d'intérêt l'aura éteinte.
Les irritants croissent.
L'amoureuse s'est rendue compte de ses viols auditifs quand notre fille s'en est plaint, mais ça ne l'a pas empêchée de nous couper la parole plusieurs autres fois aussi. Son père aussi, mais comme je vous disais, il est à moitié excusé, il est très sourd. Et n'entend parfois que sa propre voix. Peut-être que l'amoureuse, sa fille...commence à être tout aussi dure de la feuille?
Le beau-père s'est mis à raconter quelques anecdotes d'enfant haïssable de son époque, où la cruauté animale a mal passée. On aurait tous préféré ne pas avoir écouté, ou avoir coupé la parole. Ça a semblé donné envie aux autres. Mon fils à raconté lui aussi, une anecdote du même genre. Ma fille et l'amoureuse l'ont coupé en pleine narration. Je ne savais plus où donner de la tête. Le grand-père parlait aussi par dessus. C'était du bruit d'Italie.
Déjà, légèrement en vertige d'avoir entendu parler de clous #6 et de clous #8, de tournevis verts et de tournevis rouge, de vice grip et de fuck'n shit, les sons se chevauchant, combiné au verre de rouge qui me coulait dans le gosier, un bout de chanson m'a débuté dans la tête.
On a mis quelqu'un au monde, il faudrait peut-être l'écouter.
Dililoumbda
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