samedi 28 avril 2018

Cosby Enfin en Cage

Mon premier contact, sans complètement le réaliser, avec Bill Cosby, a été en dessins animés, Fat Albert & The Cosby Kids, entre 1972 et 1984. Mais je n'avais retenu que "Fat Albert" pas The Cosby Kids. Pas plus que je ne me rappelais des interventions de l'humoriste à l'écran.

Je ne me rappelais que du gros Albert, HeyHeyHey.

Toutefois, entre 1984 et 1992, j'étais tout à fait public du Cosby Show, mettant en vedette toute la famille Huxtable et son entourage. Une famille ordinaire, où madame était avocate, et monsieur, comble de l'ironie, gynécologue. Une famille formidable car elle ressemblait à la mienne. J'avais l'âge des enfants Huxtable et je grandissais avec eux. Avec les mêmes situations vécues chez nous, qui étions parfois famille d'accueil (Ma mère travaillant dans l'école la plus pauvre de Québec où certains cas de DPJ atterrissaient chez nous pendant de longues périodes). Claire, la femme du Docteur Huxtable, un chic nom loin de Jones, était une femme extraordinaire. Égale à l'homme. Sinon mieux. Il était là le leurre chez Bill Cosby, auteur et superstar de la série. Il nous faisait croire que sa vision de la femme était égalitaire. On a tous acheté.
La famille Huxtable était fantastique car elle offrait aux gens à la peau noire des États-Unis (ou d'ailleurs) la vision d'un couple ayant du succès dans la vie. Ne négligeant aucun aspect des réalités vécues par les noirs aux États-Unis dans d'autres réalités. Mais cette réalité là, celle d'un couple amoureux, noirs, avec une vie tout ce qu'il y a de plus normale, était un miroir possible pour toute une génération des États-Unis. Michelle Obama était Claire Huxtable. Le simple fait que tous ces gens étaient noirs devenait secondaire. On sortait des clichés du noir voleur de voiture, errant dans le rues de Harlem, dealer de drogues, gangsta rap brother.

Qui ont aussi leurs explications, mais ce sera le sujet d'un autre tantôt.

Cette famille de noir avait un père. Bill était le père de tout un pays.

J'ai cru en son personnage. J'ai aimé son personnage pour tout le bien qu'il faisait à notre continent et ailleurs. Ces émissions étaient saines. Mais c'était un personnage.

C'est le propre des tricheurs de toute sorte, ils manipulent dans un sens en trichant dans l'autre.

Quel leurre!

Bill, au privé. était guidé par le radar de ses pulsions sexuelles. Et, succès, aidant. il s'est tout permis. Même l'inqualifiable. Sans aucun respect pour la femme. Il n'était en rien le bon papa d'Amérique. Il était prédateur sexuel.

En 2005, Tina Fey et Amy Poehler, formidables actrices de Saturday Night Live, avaient fait une référence aux allégations qui commençaient à circuler autour de Bill Cosby. Mais l'homme était riche, décoré pour ses bienfaits sociétaires, intouchable. Il ne serait pas inquiété encore par les accusations qui rôdaient autour de lui.
Puis, 4 ans plus tard. le show 30 Rock (encore Tina Fey) y faisait une nouvelle référence. Mais Bill s'en sortait toujours. L'argent est parfois un bon bouclier.

Mais en 2014, ce qu'on essayait d'étouffer commence à déborder de tous les côtés. 

Hannibal Buress, un humoriste, monte sur scène au Philadelphia Theater. Quelqu'un dans la foule filme de son téléphone.  Il glisse dans son monologue très rapidement qu'il est entendu et compris que Bill Cosby viole les femmes.

Le clip devient viral. Cette fois (venu d'un homme...) la fin de Bill débute. Les 4 ans qui suivront ne serons qu'avocasseries et palais de justice. Une blague écrite pour quelques centaines de personnes rejoint un auditoire multimillionnaire. Et mondial. On choisit de porter enfin attention.

Barbara Bowman racontait le viol dont elle avait été victime depuis 2004. Pourquoi ne l'a t-on pas alors écouté? Des dizaines et des dizaines de femmes racontaient leur viol depuis longtemps, la plupart n'osait pas. Un intouchable reste intouché. Et plusieurs de ces femmes voulaient travailler. Attaquer un monument, on en survit?

Un premier procès à divisé le jury et rien n'a pu être conclu.

Un second procès, qui se terminait la semaine dernière, a trouvé coupable le prédateur de 80 ans. les murmures sont devenus des cris. Il risque 14 ans de prison. Le reste de ses jours.

Des portes se dévérouillent.
D'autres doivent au contraire, se barrer à jamais.

On entend enfin les cris.

En entend enfin certains cris.

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