Tout le monde peut se fâcher.
Tout le monde tombe, à un moment ou à un autre, en colère.
Tout le monde a une voix. Ce blogue en est une preuve.
Nasim Aghdam était une youtubeuse militante de 39 ans. Elle avait plusieurs chaines dans au moins 4 langues, le farsi, le turc, l'anglais et un langage des signes qui n'est pas celui des malentendants, et qui se rapprochait davantage d'une forme d'art. Elle était extrême à bien des niveaux. Plus anti-carnivore que végétarienne, elle aimait rappeler que manger des animaux c'est commettre des meurtres. Ses chaînes étaient lamentables. Mais Nasim trouvait qu'elle méritait, selon les fréquentations de ses sites, d'être payée pour ses créations visuelles sur Youtube. Elle était aussi en furie contre la chaîne qui lui coupait une large partie de ses "clics" en imposant une restriction d'âge à ses vidéos. Elle était végane extrême.
Elle avait la maturité molle. Comme Morrissey.
Mais contrairement à l'ex-The Smiths, Nasim habitait un pays où, quand on pète un plomb, on peut littéralement matérialiser l'expression. Il existe, aux États-Unis, une option afin de canaliser sa rage. Afin de la faire venter. Afin de s'en libérer. Nasim a exercé cette option le 3 avril sur l'heure du lunch.
Elle est d'abord disparue dès le 31 mars. Elle en a profité pour quitter San Diego et conduire quelques 10 heures jusqu'à MountainView, où elle avait découvert que les bureaux chefs de Youtube s'y trouvaient. On l'a trouvée, couchée dans une voiture, et questionnée sur sa situation. Elle a menti. Elle a dit qu'elle fuyait des problèmes familiaux et qu'elle se cherchait du travail. Ce dernier point était peut-être (probablement) vrai. Elle est allé s'acheter un fusil, comme on s'achète un paquet de gomme.
Elle est là, l'option.
L'accès extraordinairement facile aux armes à feu, aux États-Unis. On peut être en colère contre l'univers, partout. Ça arrive à tout le monde. C'est normal et même sain de faire décanter le vin de notre rage intérieure. Mais aux États-Unis, vous pouvez faire tout ça, arme chargée en main. Et quand vous êtes mentalement moins armé que la moyenne des ours, vous pouvez faire de fameuses conneries, tellement facilement.
Nasim a foncé sur l'heure du lunch des employés de Youtube, dans leur territoire. Elle a tiré à tout hasard sur tout ce qui bougeait. 3 Personnes ont été blessées. Un homme et deux femmes. Une est encore entre la vie et la mort. L'homme. Ce qui a laissé croire à certains qu'elle le visait, lui, et que c'était un ancien amoureux. Rien à voir. Mauvais endroit, au mauvais moment. Elle a ensuite retourné l'arme contre sa triste personne. Au moment d'écrire ceci, elle semble être la seule victime de son "shooting".
Ce qui fait que son moment de folie ne compterait jamais comme une tuerie dans les statistiques de ces démons que sont les gens de la NRA.
Les partisans du fusil, aux États-Unis, ont des réflexes aussi minables que celui de l'alcoolique fonçant sur la bouteille pour faire oublier la dernière. Dès que l'annonce de la fusillade a été faite, on a crié aux comédiens quand on a interviewé des employés et ex-employés de Youtube.
Ces gens pensent encore qu'Emma Gonzalez et les étudiants de Parkland sont principalement des comédiens, dont le script est crayonné par des militants anti-armes à feu.
La maladie mentale est partout. Elle se trouvait définitivement en Nasim Aghdam. On le voit clairement dans son regard. Une absence de vie. Une envie de mort. Une douleur contenue. Libérale au fusil. Une option facile aux États-Unis. Son pays d'adoption.
Tout le monde peut se fâcher.
Tout le monde tombe, à un moment ou à un autre, en colère.
Seulement aux États-Unis peut on canaliser sa rage à coup de fusil sur autrui.
Sans jamais que ne soit menacé l'accès facile aux fusils.
C'est dans l'ADN de ce sombre pays.
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