mardi 2 mai 2017

Beslan

Mai 2004: Le président tchétchène Akhmad Kadyrov explose dans les festivités entourant l'anniversaire de la victoire de Grozny en Seconde Guerre Mondiale. La photo ici, à gauche, a été prise tout juste avant l'explosion, le montrant dans sa tribune. Kadyrov (avec le chapeau)était à l'origine pro-indépendance de la Russie suite à la dislocation de l'U.R.S.S. mais a peu à peu été acheté par les Russes et a retourné sa veste, devenant ami de Poutine. Et ennemi de bien des indépendantistes.

Juin 2004: Une série d'attentats terroristes à lieu en Ingouchie et fait 95 morts.

Août 2004: Le même jour deux avions russes sont abattus en plein vol, faisant 90 morts. Un attentat-suicide, commis par une femme, a lieu dans une station de métro de Moscou faisant 10 morts et 50 blessés. Le chef de guerre Tchétchène Chamil Bassaïev revendique l'attentat.

En Russie, le 1er septembre est une fête très populaire dans toutes les écoles. Les enfants sont accompagnés de leurs parents et membres de leur famille afin de célébrer le jour de la connaissance. Après avoir écouté les discours de leurs enseignants, les élèves, au nom de leur famille présentes, offrent des fleurs aux professeurs.

Ce 1er septembre 2004, sera utilisé à des fins politiques par des indépendantistes Tchétchènes, voulant réunir le plus d'otages possible, à Beslan.

Jour 1:  Vers 9h30 AM, une trentaine d'hommes et de femmes, lourdement armés et chargés d'explosifs envahissent l'école #1 de Beslan où se trouvent des élèves âgés entre 7 et 18 ans. La plupart des assaillants sont bravement cagoulés. Dans la confusion de l'invasion, des coups de feu sont échangés entre la police Russe et les assaillants, faisant 5 policiers morts et un Tchétchène, mort aussi. Plus de 1300 personnes sont prises en otage, une cinquantaine réussissent à prendre la fuite. 20 adultes sont aussitôt assassinés afin d'intimider la police et les otages.
Les agresseurs réunissent tout le monde dans le gymnase. Ils chargent toute l'école d'explosifs et menacent de tuer 50 otages par Tchétchène tué et 20 autres pour chaque blessés. La police Russe se réunit et des forces spéciales comme le Spetsnaz sont aussi mises à contribution. Leonid Rochal, qui avait aussi négocié la prise d'otages du théâtre de la Doubrovka, deux ans avant, est appelé en renfort. Pourtant, l'opération au théâtre avait été une catastrophe. On avait empoisonné pratiquement tout le monde, otages inclus, 39 preneurs d'otages avaient trouvé la mort, mais au moins 130 otages aussi, dont 5 enfants. On avait, bien entendu, caché tout ça, on ne le saura que des années plus tard.

Au Conseil de Sécurité des Nations-Unies, on se réunit pour tenter de stratégiser la chose à l'international.

Jour 2: Les négociations avec Rochal ne vont nulle part. on refuse l'apport de nourriture et de médicaments pour les otages. On refuse aussi le retrait des cadavres à l'intérieur de l'école. Beaucoup d'otages, les enfants surtout, sont forcés de se déshabiller tellement il fait chaud dans le gymnase. Comme ils n'ont rien à boire, ils boivent leur urine. Ceci choque le monde entier. En après-midi, de meilleurs négociations avec le président ingouche Rouslan Aouchev font libérer 26 mères et leurs enfants. Vers 15h30, deux explosions de grenades refoulent une intervention de la sécurité externe.

Jour 3: Au matin, les preneurs d'otages autorisent quelques médecins à venir examiner les 21 corps des morts, car avec la chaleur, ils commencent à se décomposer et l'odeur indispose tout le monde. Les "médecins" seront bien entendu des membres de la Sécurité de la Russie et vers 13h, deux grosses explosions surviennent et des échanges de coups de feu tuent deux "médecins" et plusieurs otages (une trentaine) tentant de s'enfuir, tombent sous les tirs croisés entre les deux camps.

Le chaos qui suit est total.

31 des 32* preneurs d'otages seront tués.
331 civils, dont 186 enfants, aussi.
11 soldats des forces spéciales trouvent la mort, 30 seront blessés.
8 policiers et un civil armé seront aussi assassinés.

Chamil Bassaïev se revendique de l'assaut sur l'école.
Nour-Pachi Koulaïev ancien garde du corps de Bassaïev, est le seul survivant parmi les terroristes.
Il écopera de la prison à vie.

Vladimir Poutine refuse toute enquête sur le déroulement de l'opération, préférant faire la sienne.
Il conclut (bien entendu) qu'aucune erreur n'a été commise dans le traitement de la crise.

Le 13 avril dernier, la Russie a été condamnée, 12 ans après les faits, par la Commission Européenne des Droits de l'Homme, à verser 3 millions d'Euros aux familles des victimes pour la gestion déplorable de la situation.

"Bullshit" a dit Poutine.
Expert en la matière.


*Peut-être étaient-ils aussi 60 selon plusieurs sources

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