Le 7 août 1974 était, aux États-Unis, un jour sombre pour les Républicains de la Maison Blanche.
Les sénateurs Barry Goldwater et Hugh Scott ainsi que le représentant de la Chambre John Rhodes, des hommes qui avaient défendu la cause républicaine toute leur vie, se sont présenté à leur président, Richard Nixon, et lui ont dit que le parti n'avait plus la confiance de leur chef. Les plaies du Watergate étaient beaucoup trop profondes et le bien commun du pays devait passer avant le bien d'un seul homme. Trois jours plus tard, Tricky Dicky donnait sa démission.
Depuis le congédiement, difficile à justifier, du patron du FBI James Comey, après seulement 4 ans, alors qu'il devait être en poste pour 10, et que son équipe enquêtait sur de possibles interférences russes dans l'élection de Trump, une question récurrente devient "est-ce que les républicains feront la même chose avec Donald Trump d'ici un an et demi?".
À l'intérieur de moins de 120 jours, Donald Trump s'est montré, par tempérament et intellectuellement, complètement non qualifié pour le poste qu'il occupe maintenant. Suite à la lamentable campagne présidentielle de 2016, les gens ont très certainement eu des attentes modestes quand à la manière dont Donald Trump allait mener son gouvernement, lui qui n'avait aucune expérience politique. Mais sa belligérance naturelle et son mépris de la vérité ont été exceptionnels, même selon les standards de Donald Trump, l'homme d'affaires. Le fil Twitter de Donald Trump est une indélébile tache honteuse qui le rend indigne aux yeux de tous et discrédite dramatiquement son rôle.
Le congédiement de James Comey représente non seulement un potentielle obstruction de la justice (donc un crime) mais est aussi un abus de pouvoir titanesque. La police n'a qu'un patron: La justice. Et c'est ce que Comey a répété à Trump quand celui-ci lui a demandé de lui promettre fidélité. En 1976, on reconnaissait l'importance de l'indépendance du FBI et on limitait la tenure en poste à un minimum de 10 ans (après que J.Edgar Hoover y soit resté 47 ans). On concédait que le Président des États-Unis pouvait limoger le patron du FBI, mais seulement si on avait d'excellentes raisons de le faire. Seul Bill Clinton, avant Trump, avait limogé le patron du FBI peu de temps après son investiture en 1993, mais celui-ci avait fraudé et posé des gestes éthiques très discutables, personne n'avait remis en question sa décision. On jetait un escroc.
Mardi dernier, quand la nouvelle du congédiement a été rendue publique, les premières raisons ont été que la décision avait été prises parce que Comey avait passé des commentaires extrêmement peu élogieux à l'égard d'HIllary Clinton dans le dossier de l'enquête sur les courriels. Une explication qui n'a pas tenue plus de 10 minutes puisque que Trump n'a cessé d'encenser le travail de Comey dans ce dossier jusqu'à ce jour. Il a ensuite vite changé la chose en expliquant que Comey se prenait pour plus grand qu'il ne l'était et que son leadership avait placé, depuis 4 ans, le FBI dans un état de total bordel. Ce qui est non seulement absolument faux, mais qui a aussi vite été démenti, et qui ressemblait davantage à une projection du propre statut de Trump, chef du Parti Républicain.
Par la suite, il a dit qu'il avait viré Comey parce que celui-ci s'assurait que l'enquête sur l'influence russes des dernières élections continuait. Ceci représente exactement pourquoi le FBI doit être indépendant de la présidence. Et Trump, court-circuitant le patron des enquêteurs, est en tout point identique à Richard Nixon limogeant le procureur qui enquêtait sur lui dans le scandale du Watergate. L'abus de pouvoir est sans équivoque. Et grave.
Je soulignais les rapprochement en mars dernier.
Nixon, aussi escroc fût-il, avait eu la décence de le faire en secret. Ce sont les enregistrements de ses conversations rendus publics qui ont révélé les multiples obstructions de Nixon. Trump lance tout ça officiellement comme un enfant tire son jouet de sa bassinette et juge des conséquences par la suite. Trump a même encouragé les rapprochements d'avec Nixon en tweetant la surréaliste menace à Comey la semaine dernière: "Il serait mieux que n'existe aucun enregistrement de nos conversations". Trump offre peu d'explication, il se confesse et confirme. Il y a quelque chose de pourri dans son royaume. Le silence de certains républicains honorables passera peut-être maintenant à l'histoire comme un aveuglement moral de l'indécence politique.
L'insouciance gouvernementale se transformera-t-elle en menace pour la sécurité des États-Unis?
L'insignifiante minorité démocrate rend les républicains intouchables.
Si quoi que ce soit survient. Un missile Nord Corréen "égaré", genre. On aura pas d'excuses.
On ne pourra pas dire qu'on aura pas eu les signes annonciateurs d'un chaos certain.
Trump serait du genre à se vanter que sa destitution aura de meilleures cotes d'écoute que celle de Nixon ou la vaine tentative qu'on avait faite sur Bill Clinton.
C'est le type de jugement présidentiel actuel aux États-Désunis.
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