Esthétique du Théâtre Canadien & Québécois

LA GÉNÉROSITÉ, C'EST BEAU
Farce en 2 actes.

Acte I
Canada d'Amérique. Parlement d'Ottawa.

Décembre 2012: le sénateur conservateur canadien Mike Duffy est visé par un rapport qui dit qu'il s'est fait rembourser 33 413$ concernant la déclaration d'une fausse résidence secondaire.

Février 2013: Duffy annonce que non seulement il remboursera, mais trois fois le montant, 90 000$, somme à laquelle il n'avait pas droit, clame-t-il. Harper, somnolent, parle de lui comme un noble prince.

Mai 2013: Ça pue. Princes et princesses n'existent pas. La GRC annonce qu'elle enquêtera sur ce qui ressemble à une tentative de camouflage gouvernemental. Nigel Wright, chef de cabinet de Stephen Harper, signe un chèque de 90 172$ et le donne à Mike Duffy pour qu'il paie ce qu'il voulait payer. Prouvant par A + B qu'il y a camouflage. "Acte de compassion", "généreux don à un brave pour le parti", "cadeau", on tente de trouver un meilleur mot que camouflage chez les conservateurs. Les auto-proclamations explosent. Suscitant toujours plus de rires.

Harper fait du soliloque, louange Wright, Duffy, la reine Elizabeth...Wright profite de l'état d'ivresse de son patron pour lui donner sa démission. Il ne pourra pas tenir les mensonges très longtemps face aux journalistes. Harper dégrise et change d'alcool pour dire ensuite qu'il est soudainement très en colère contre Wright qui était le seul coupable dans toute cette affaire. Duffy, animal étrange qui avait déjà rapporté la mort de Lucien Bouchard (toujours vivant) quitte le caucus, parce que loin des yeux, loin du coeur est le souhait.

Octobre 2013; La GRC confirme que près de 65 000$ de contrats douteux ont été facturés par Duffy à un de ses amis. Duffy confirme en avoir parlé à Harper. Celui-ci dit que non. Wright y était, confirme que Duffy en avait parlé à Harper. Stephen ment. Duffy rajoute qu'on lui avait demandé de mentir sur la source du chèque de remboursement (Nigel Wright). Harper dit non, non. non, non chapeau! et dit maintenant que c'est lui qui a mis Wright dehors à grands coups de pieds, pas lui qui a démissionné. Ça ferait une meilleur fin, lui ont expliqué ses scripts. Le jupon dépasse du costume. Le parti conservateur paie tous les frais d'avocat de Duffy, "même si tout est parfaitement légal" défiant l'intelligence de tous les enfants du primaire.

Entracte. On remplit les valises.

Acte II

Juillet 2014: les accusations tombent: fraude, abus de confiance, corruption. Duffy sera acquitté parce la bouette était opaque mais il ne fait aucun doute, les acteurs ont bien joué.

On y a cru.
Et on oublie pas, la générosité, c'est beau.


LA LANGUE FRANÇAISE, C'EST BEAU
Insulte en 2 actes.

Acte I
Québec d'Amérique, Montréal.

2012: Shane Doan traite les arbitres d'un match de la LNH , tous francophones dans un match de l'Arizona (son club)contre les Canadiens de Montréal, de "fucking frogs". Denis Coderre, pas maire de Montréal encore, s'en offusque beaucoup. Il décide de le poursuivre en cour. Ça se règle hors cour. Mais les règlements hors cour ne paie pas les avocats toujours. Zont travaillé quand même. Coderre est ministre junior, 25 000$, c'est beaucoup de bidou$. Jean Rizzuto n'est pas en lien avec la famille de la Mafia italienne du même nom, mais est en lien avec la Mafia libérale. Il est homme d'affaires et organisateur politique pour le parti. Il est aussi ami de Denis depuis 30 ans. "Tiens, buddy, 25 000$!" et le chèque est vite signé/encaissé. "La générosité c'est beau, t'as vu la pièce?".

Le code d'éthique de la Chambre des communes dit qu'un député ne peut pas accepter un cadeau si on peut croire que ce cadeau a tenté d'influencer le dit député. Mais c'étais tu un cadeau? C'tait quoi ça Zutto?  Jean a oublié. "25 000$? me rappelle pas de d'ça!"  Avant de relire son texte quelques jours plus tard.
"Ah Oui! j'aime la langue française, c'est précieux, c'est une passion pour moi, la cause du français m'est à coeur, c'était 25 000$ pour la cause du français". (rires nourris ici)

L'UPAC et la GRC ne rient pas. Ils trouvent que ça pue. Ils enquêtent. Lorsque pressé de questions sur la chose, Denis (le maire) Coderre, nie une fois.
Puis une deuxième fois.
Puis une troisième fois.
Jamais reçu de chèque.

Entracte. On remplit (mal) les valises. Denis mâche les mots dans sa tête.

Acte II

Denis coquin:
"Oh ce que je suis con! j'étais malade et indisposé parce que sous médications après une opération (rires ici), j'ai bien reçu un chèque de 25 000$. J'ai juste oublié de le déclarer. 25 000$...ça s'oublie tout seul!". Pro machouilleur de sens, c'est un talent chez ces gens, il a aussi tenu à préciser qu'il ne s'agissait pas d'un cadeau, mais bien d'un don, pour une cause beaucoup plus grande que sa petite personne. Mais il a aussi dit que ce n'était des affaires de personne, ce qui confirme le frein, le pied dessus, l'autre sur l'accélérateur et la vitesse des roues d'hamsters qui tournent dans sa tête. Le cheval blanc de Napoléon est noir, pardi!

Rien ne prouve (encore) que l'homme d'affaires Jean Rizzuto a bénéficié d'un retour d'ascenseur. Il n'y a donc pas crime. L'UPAC et la GRC sniffent encore la chose. Parce que qui cache un oeuf cache peut-être un boeuf...

Ces gens comprennent toujours esthétique quand on parle d'éthique.
Ils font alors de ces façons...

On y croit pas encore.
Mais on oublie pas, la langue française, c'est beau.