(à N.C.)
Quand je travaillais pour une compagnie de télé payante, il y a presque 20 ans, un midi, en voiture, avec un fille qui conduisait comme une pure aveugle et qui ne rassurait personne, la conductrice s'était excusée de sa conduite en disant qu'elle fonçait dans la vie et que pour conduire au Centre-Ville de Montréal, il fallait attaquer de partout, sinon on ne va nulle part. L'autre passagère en notre compagnie avait rajouté qu'elle croyait dur comme fer que notre manière de conduire reflétait complètement notre manière de vivre. Je n'étais pas d'accord. Je n'avais alors pas de voiture, et n'en voulait pas non plus. Oui, j'avais mon permis et j'avais déjà conduit pendant 5 ans, mais à Montréal, si il existe bien une ville (avec Londres, Paris, New York et surement plein d'autres) où une voiture n'est absolument pas nécessaire, c'est bien celle-là.
Je me rappelle même m'être bien moqué, très souvent, de tous ceux qui restaient pris en congestion dans le trafic, restant stupéfié chaque fois, de voir tant de gens ne voulant pas prendre le transport en commun et souhaitant vraiment rester pris ainsi à défier leurs humeurs en brûlant du gaz inutilement. Devenu banlieusard depuis, c'est moi le con du genre avec ma bagnole. Mais j'évite encore le trafic avec des astuces bien à moi (comme des heures de travail atypiques).
Mais la théorie de notre amie passagère, que nous conduisions nos voitures de la même manière que nous dirigions nos vies, est restée avec moi. Surtout après que j'eus remis ma démission à cette même conductrice qui gérait ses affaires tout aussi croche qu'elle conduisait sa voiture. Sa théorie m'est revenue quand j'ai recroisé cette passagère, quelques 4-5 ans plus tard. offrant des petits fours dans un lancement de disque. C'était tout à fait elle. Attentionnée, bienveillante, presque maternelle. On avait discuté longuement, de son nouveau poste (une business à elle) et du nouveau mien, et j'avais été témoin de sa conduite automobile, quand elle a quitté. Elle était effectivement tout ça. Hyper prudente, extrêmement, presque trop, prudente, comme une bonne maman, qu'elle est devenue presque tout de suite après.
Conduisant moi-même avec une absence presque totale d'inquiétude, à deux doigts sur le bas du volant. et avec une confiance inébranlable, easy-go-lucky, ce que je suis, n'ayant jamais eu/subi/créé d'accident en 30 ans de conduite*; j'ai été obligé d'accorder une petite importance à sa théorie.
Tom Vanderbilt a écrit un livre sur le sujet. Développant grossièrement plusieurs profils, plus ou moins pertinents sur la simple tenue du volant. Je ne correspond à aucun de ses schémas (atypique, je vous dis, rajoutez: unique). Quand je conduis, j'ai la position au volant "du chef", selon ses graphiques, mais n'y pose que deux doigts de ma main gauche, sur le bas du volant . Le pouce et l'index. Le bas du volant est placé entre mon pouce et mon index (photo plus bas). L'autre est sur ma cuisse droite. Et je ne suis jamais plus détendu que lorsqu'au volant avec ma musique.
Ce qui fonctionne encore avec la corrélation. Je ne supporte en général que ma propre chefferie, je fonctionne un peu partout avec une totale confiance et je tente de m'organiser, presqu'en tout temps, pour me retrouver dans un état de détente et d'agréabilité. Conduire, pour moi, c'est toujours agréabilité. (Quand l'amoureuse n'est pas à côté pour paniquer)
Si la voiture en soi, représente l'ambition, la théorie fonctionne toujours pour moi. JAMAIS je ne me suis défini par mon job. Jamais non plus je n'ai eu de réel intérêt pour les voitures, vous le savez. Je n'ai JAMAIS rêvé d'avoir une voiture (ni une maison d'ailleurs). Ça a l'importance d'un espadrille dans ma vie, seulement 50 000 fois plus cher. Je serais absolument tordant dans ces pubs bidons qui nous présentent "des vrais gens" autour d'une voiture. Je n'aurais tellement rien à dire sur le véhicule ("ben...y est orange, j'aime les oranges..."). Je reste toujours fasciné de voir qu'on peut avoir des frissons face à une voiture, qu'on puisse être un "fan de hatchback", ou encore qu'on ne puisse pas parler d'un RAM sans avoir la voix d'un gars qui a crié toute la nuit dans un aréna.
Mes uniques et ultimes ambitions dans la vie étaient de devenir père et de faire quelque chose qui me plait pour vivre. J'ai doublé le premier objectif et je ne me plais jamais davantage que lorsque j'écris.
Mes ambitions se promènent toujours autour des nouveaux artistes que je voudrais explorer ou des nouveaux horizons à parcourir, physiquement et mentalement.
J'ai aussi une aversion naturelle envers les femmes (ou les hommes) qui parlent de leur homme (ou de leur douce) en le réduisant à leur simple métier. Leur "pompier", leur "médecin", leur "juge", leur whateverfuck, c'est d'une superficialité abyssale et tellement réducteur que ça me donne la nausée. Mon humeur en est affectée chaque fois. Serais-ce tellement plus honteux de parler de son pigiste?
Moi, les titres, je les créé, les déconstruit, les défaits et au civil, les reconnaît très peu. Rois et reines en premier. Je suis une voiture en constant mouvement. Je me joue de tout ça. Ça fait ça, l'indépendance.
L'amoureuse, depuis 25 ans tout de même, ne se fait pas à l'idée encore que, deux fois, la blonde de notre fils est venue et nous as montré (de loin) sa nouvelle voiture (une Civic que je connais, puisque je l'ai conduite et adorée aussi) et que je me sois contenté de la regarder de loin, de la galerie, sans insister pour y mettre ma tête ou le cul dedans, les deux fois. Sans descendre et faire semblant (davantage) que je suis vraiment intéressé. Sans faire le twit comme dans les annonces.
Just a goddamned car...
...stranger?
*Une fois, une jeune fille, les yeux sur son cellulaire, nous était rentré dans le cul sur la 15, mais nous y étions pour absolument rien.
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