Belles adolescentes en camisole ou en petites culottes, souvent les deux, arrogants garçons aux cheveux trop longs. boisés lugubres, chats mal placés pour nous faire sursauter, cabanes délabrées, ossements égarés, musique de poil, la recette est dorénavant connue et fait bien moins peur qu'avant. Les éclairages et les images sont si belles qu'elle enlèvent au réalisme. Et au rythme où le botox envahit les visages à Hollywood, même chez les plus jeunes, l'horreur se trouve parfois avant même le premier meurtre.
Mais vous remarquerez que les films d'horreur ne s'attaquent jamais aux gens laids ou inconfortables dans la vie.
Il fût un temps, entre 1968 et 1984, je dirais, où les éclairages étaient suffisamment sombres, (ou mauvais) pour que l'effet de réel nous donne le frisson un brin. C'est vrai que j'étais alors âgé de pensée cochonne à 9 ans et que pour m'effrayer il suffisait parfois de simplement me montrer la coupe de cheveux de Mireille Mathieu.
En ce vendredi 13, où vous seriez peut-être tenté de vous louer un film d'horreur pour narguer les mauvais sorts, je vous propose 10 films qui ont à mon avis inspirés plusieurs autres qui suivront. 10 films d'Amérique, parce que je suis fils d'Amérique (Désolé, Dario), mais l'horreur est souvent meilleure venue d'ailleurs.
On a si peur d'ailleurs en général, les films n'y sont pas étranger...
1968: Rosemary's Baby.
J'avais lu le livre d'Ira Levin avant de voir ce film, donc la peur, je l'avais d'abord imaginée. Le grand talent de Roman Polanski a justement été de suggérer à peu près tout dans le Dakota Building de New York, là où John Lennon sera tué des années plus tard. L'intérêt des occupants du Dakota Building pour le bébé à venir de Rosemary, la transformation progressive du mari de Rosemary, le bouillant John Cassavettes, tout passe de la bienveillance au malsain. À la toute fin, on a même l'impression de voir le bébé,(peut-être parce que j'avais lu le livre justement) tellement l'interprétation est juste. Angoissant.
1968: Night of The Living Dead.
George A. Romero et 9 de ses amis se tannent de faire des commerciaux et investissent chacun 600$ de leur poche pour un film d'horreur. Un studio aime leur idée et "gonfle" le budget à 114 000$. Cette toute première histoire de zombies sur grand écran est encore très actuelle étant donné la popularité de la série The Walking Dead.
The Exorcist.
1973:
Inspiré par l'exorcisme d'un jeune garçon du Maryland dans les années 40, le film traite de la foi confrontée au doute et des limites de l'amour maternel. On a suggéré que le film était frappé d'un mauvais sort quand un des acteurs a vu son jeune enfant se faire frapper par une motocyclette et que plusieurs membres du tournage sont tombés malades après des scènes tournées en Irak à très chaude température. Quand le film est lancé, plusieurs spectateurs perdent connaissance. On dit même qu'une certaine frange des millions de spectateurs qui vont voir le film de William Friedkin, le font à la fois pour satisfaire leur curiosité, mais aussi pour voir si les gens perdront connaissance. Des ambulanciers sont mêmes, après un certain temps, postés près des salles où on présente le film. Pour le plaisir d'être troublé.
1974: The Texas Chainsaw Massacre.
Tobe Hooper s'inspire d'Ed Gein et de ce sentiment que tout ce que lui livre la télévision (Le Watergate, les nouvelles sur les soldats "qui vont bien" au Vietnam) sont des mensonges. Il tarvaille donc son film en stipulant que tout ça est vrai, puisque que l'homme est le pire monstre qui soit. Il pense à une scie électrique, un jour de grand achalandage dans un magasin, alors qu'il songe à une idée folle pour se frayer un chemin dans la foule. Les éclairages sombres, l'absence presque totale de dialogue, remplacé par des cris, pendant une bonne partie du film ajoute au réalisme de l'horreur de cette bande d'adolescent au mauvais endroit, au mauvais moment. Terrifiant.
1978: Invasion of the Body Snatcher.
En 1956, le film en est un d'anticipation et de science-fiction. Sous la houlette de Philip Kaufman, on garde l'aspect sci-fi et dystopien, mais le traitement du son en fait aussi un film d'horreur fort intéressant. Le remake a été refait une troisième fois. Mais la meilleure version reste encore pour moi celle-ci. Paranoïaque.
1978: Halloween.
Sadique et misogyne, le film de John Carpenter s'attaque à la jeunesse des États-Unis. La plupart des victimes de Mike Myers sont des jeunes sexuellement actifs, des consommateurs de drogues, ou souvent les deux. La caméra subjective fait peur, le film trouve son public, 70 millions au box office. Terrorisant (de savoir qu'on veuille la peau de jeunes gens qui savent avoir du plaisir).
1980: The Shining.
Un père alcoolique en rémission, un garçon aux pouvoirs pyschologiques étonnant, un lieu perdu, désert, condamné et peut-être hanté, Stanley Kubrick hanté par un secret, l'horreur à son meilleur. Inspiré d'une photo de Diane Arbus de 1967. Le film n'a pas pris une ride avec le temps.
1980: Friday The 13th.
Sean Cunningham avait déjà travaillé avec Wes Craven sur un autre film et veut maintenant faire le sien. Inspiré par le succès de Halloween. Victor Miller, qui écrira par la suite dans des romans-savons comme Guiding Light, One Life to Live et All My Children (!), le tournage est terriblement amateur, la direction absente, les acteurs mauvais, et les éclairages absents. On se surprend à aimer Jason et à vouloir qu'il tue. And he does. Slasher.
1981: Evil Dead.
Sam Raimi est un réalisateur brillant. C'est pas pour rien qu'il est un très bon ami des frères Coen. Ce film est le premier à me donner une solide frayeur plus jeune. Je l'ai d'ailleurs acheté depuis (moins de 3$) par pur hasard et je ne me suis pas raisonné encore à le (re)visionner. J'ai encore peur je crois...
1982: The Thing
Deuxième présence de John Carpenter ici, cette fois avec le Disney kid Kurt Russell. Des formes extra-terrestres prennent corps dans des peaux humaines et viennent semer le chaos sur terre. Remake d'un film de 1951 d'Howard Hawks qui sera aussi refait en 2011 (ça semble désormais la norme, de refaire avec du budget, brisant le charme original). Obscur.
1984: Nightmare on Elm Street.
Ne plus jamais s'endormir, sous peine de rêver. Que dis-je! sous peine de cauchemarder. Et d'y rencontrer l'homme aux mains griffées, Freddy Kruger. Avec un jeune Johnny Depp, déjà cool, et une très agréable pour l'oeil Heather Langenkamp. Cauchemardesque.
Mention très honorables mais hors de l'époque évoquée: The Blair Witch Project, The Conjuring, Insidious, Saw, Martyrs. The Haunting, Black Sabbath, Village of the Damned, Hellraiser.
Et surement plein d'autres cauchemars.
Bon vendredi 13.
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