J'ai vu Star Wars pour la première fois vers 1981. Dans un programme double où tout de suite après le premier film (devenu 4ème) on allait présenter le second: The Empire Strikes Back.
J'ai adoré, j'ai acheté les bonhommes, les vaisseaux, les cartes, j'ai réécrit les films dans ma tête et dans le sous-sol avec les bonhommes. J'ai voyagé dans l'espace et ailleurs.
J'ai loué le troisième (devenu 6ème) épisode au début des années 90 dans un club vidéo et j'ai eu toute la misère du monde à m'y intéresser. J'avais l'impression d'avoir vu un film de muppets (Jim Henson a, effectivement travaillé sur les ewoks) où on ne savait pas comment finir, alors on y allait d'une interminable poursuite dans le bois (Même pas dans l'espace!) où tout le monde se tire dessus à défaut de savoir se parler.
Bref, ça m'avait ennuyé et j'en étais arrivé à la conclusion que le film s'adressait probablement à l'enfant que je n'étais plus.
Je n'ai plus (re)vu les trois premiers films (devenus 4ème, 5ème et 6ème) avant 1998, année où on annonçait l'arrivée prochaine d'un premier prequel (de 3). Monkee allait donner son tout premier coup de pied dans le ventre de sa mère pendant une représentation de The Phantom Menace auquel les néo-parents que nous devenions, assistions. (Et son second pendant un match au Centre Bell, ce qui nous confirmait que nous attendions un garçon).
Les films de 1977 et 1980 avaient une spontanéité, une interaction avec les décors, un manque cruel de budget qui ajoutaient une certaine touche de réalisme à ce monde parallèle pourtant si éloigné. Pour Star Wars, tout était nouveau et nous donnions amplement raison à Steven Spielberg qui avait été le seul des amis de Lucas à dire que les enfants "capoteraient" sur son film, alors que DePalma, (qui a même aidé à la scénarisation), Scorcese, Coppola, Millius, se moquaient un peu de cette histoire de cape et d'épée lunaire qui commençait par un texte franchement trop long qui trahissait le manque de budget.
Les kids allaient tripper. Certains adultes de nos jours sont restés enfant plus longtemps grâce à ce premier film.
Le second allait aussi être fameux. Beaucoup plus long. Plus sombre aussi. Avec Yoda. J'aurais pris tout le film dans le décor de Yoda. Le film allait coûter extraordinairement cher, faisant exploser les coûts de production.
Quand Lucas lance son film en mai 1980, il est en sérieuse dette. Mais il a été intelligent et est propriétaire de tous les produits dérivés des films. Avec une ironie extraordinaire et révélatrice, ce seront les enfants eux-mêmes, en achetant ses produits, qui voleront à son secours et rembourseront son second film, avant qu'il ne se rembourse tout seul puisqu'à partir de ce jour, Lucas fera toujours fortune.
Même avec des oeuvres beaucoup moins spontanées, beaucoup plus calculées, et nettement moins intéressantes (selon moi).
En 1983, Le Retour du Jedi ne m'intéressait déjà plus. Et je ne l'avais pas encore vu.
Des années plus tard, je confirmerais que je n'avais rien manqué.
Pour les prequels, Lucas semble s'être dit "vous voulez de la mythologie, je vais vous donner de la mythologie" et il a livré trois beignes sans saveur sur fond d'écran vert où les personnages n'interagissent jamais avec le décor (puisque numérique), où R2 D2 vole (crime narratif puisque ça aurait été très utile dans bien des situations des trois premiers films) et que Yoda peut aussi se battre en volant comme une souris en folie.
Lucas n'est plus le Beatle inspiré des premiers films, il est Bono qui implante par la force son dernier album sur tous les iphones de la terre.
Le marketing a avalé le produit original et bien que l'on vise toujours les enfants, les adultes tentent encore de mettre la main sur le produit.
Ou le doigt sur l'enfant qui sommeille en eux.
Un septième film sera lancé cette année, dont le fil narratif devrait suivre la fin de l'épisode 6 (l'ancien épisode 3 :Le Retour du Jedi).
Il s'appellera platement: Le Réveil de la Force.
Mais certaines choses peuvent rester endormies.
C'est beau le sommeil.
C'est bon aussi pour la santé.
Mais les enfants devraient encore tripper.
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