1981.
Je suis en 4ème année à l'école du Vieux Charpentier dans le 418. Notre directrice d'école est une soeur du Manitoba. Elle est aussi une fan finie des Expos de Montréal. Une grosse télé trop large est installée dans une salle religieusement drabe du deuxième étage. Trois divans victoriens s'y trouvent pour la regarder. Il s'agit de la salle de repos des enseignantes. Ce sont toutes des soeurs du Manitoba. Ou presque, Un prof d'éducation physique à la drôle de moustache, un curé en chef, sinon toutes des femmes. Des religieuses. Bertha O'Reilly est non seulement notre directrice, mais elle porte aussi le nom de famille de la mère de la mère de la mère à mon père. Ce qui convainc mon père qu'on est de sa famille. Faux. Nous ne le sommes pas. De toute façon mes rapports avec cette directrice sont atroces. Elle m'a déjà frappé la tête dans le mur du corridor pour me "secouer les puces".
Mais ce jour-là, un lundi, bien qu'en classe, nous somme mentalement reliés à notre directrice qui elle, suit avidement "Nos zamours" dans le cinquième et dernier match de l'après-saison de la Ligue Nationale de Baseball dans la salle des professeurs.
La saison 1981 du baseball majeur en a été une particulièrement étrange.
Après deux mois d'activités, le baseball majeur, tombe en grève. Une grève qui durera deux autres mois. Quand l'activité reprend le 10 août, on choisit d'honorer la meilleure équipe de la première moitié (les Phillies de Philadelphie) et la meilleure de la seconde moitié pour jouer les quarts de finales. Pour la première fois, dans une saison écourtée, il y aura 8 équipes en séries d'après-saison. $ dans la Ligue Nationale et 4 dans la Ligue Américaine. Ça donnera des absurdités comme les Cards de St-Louis qui termineront premier de leur division sur le total des deux moitiés, mais pas premiers au moment de terminer les deux moitiés. Ils ne feront pas les séries. PIRE ENCORE, les Reds de Cincinnati obtiendront la meilleure fiche de tout le baseball majeur mais ne feront pas les séries!
Dans la Ligue nationale ce seront les second et les troisième au classement de chaque division qui se qualifieront pour les séries. Los Angeles et Houston dans l'Ouest et Philadelphie et Montréal dans l'autre.
NOS EXPOS.
Gary Carter
Warren Cromartie
Rodney Scott
Chris Speir
Larry Parrish
Tim Raines
Andre Dawson
Jerry White
Steve Rogers
Bill Gullickson
Ray Burris
Scott Sanderson
Charlie Lea
Woodie Fryman
Jeff Reardon
Bill Lee
Elias Sosa
Stan Banhsen
Ellis Valentine.
Avant 1994, le plus grand club que les Expos n'auront jamais.
Montréal avait dans la première ronde gagné les deux premiers matchs à Montréal par des pointages identiques de 3-1. Steve Rogers et Bill Gullickson avaient tous deux été brillants comme lanceurs. Jeff Reardon, acquis en milieu de saison des Mets, avait été fameux deux fois en relève pour assurer les victoires. Toutefois, lors du passage à Philadelphie, Ray Burris se fait malmener dans un match perdu 6-2 et George Vukovich allait frapper un circuit en 10ème manche contre Jeff Reardon pour égaliser la série à 2-2. Lors du match décisif. Steve Rogers allait non seulement lancer un excellent match contre l'excellent Steve Carlton, mais il frapperait aussi le coup sûr gagnant dans une victoire de 3-0 à Philadelphie.
Montréal passait à la demie-finale contre les Dodgers qui avaient éliminés les Astros.
Los Angeles, si ils avaient connus une excellent première moitié, avaient connu une fin de saison pénible, maintenant une fiche tout juste au-dessus de .500 Et Montréal comptait bien "geler" ses californiens bronzés. Tommy Lasorda le premier. Ce dernier avait ordonné à ses joueurs d'être habillés "légers" lors de la présentation des joueurs afin de ne pas montrer qu'ils seraient intimidés par le froid. Tous les joueurs des Dodgers sont contre, mais se gèlent les couilles sur la ligne du premier but quand même.
Burt Hooton lance un excellent premier match contre Bill Gullickson et Pedro Guerrero et Mike Scioscia frappent des coups de circuit coup sur coup pour enlever le premier match 5-1. Ray Burris est toutefois parfait dans le second match, muselant les Dodgers à seulement 5 coups surs et les Expos égalisent la série avec une victoire de 3-0. Steve Rogers est aussi fameux dans le match suivant, à Montréal celui-là, et Jerry White frappe un circuit de 3 pts, Montréal gagne 4-1 et mène la série 2-1. Dans le match suivant, Bill Gullickson reste au monticule trop longtemps et après 7 manches à 1-1, les Dodgers marquent 6 pts dans les deux dernières manches et égalisent la série. Il y aura un 5ème et décisif match.
La match aurait dû avoir lieu le dimanche. Toutefois, à Montréal en octobre, dans un Stade Olympique sans toit, il a neigé. Le match est alors remis au lendemain après-midi, un lundi. Le stade, peuplé de plus de 50 000 spectateurs pour les deux matchs précédents ne sera peuplé que de quelques 36 000 fidèles.
Fernando Valenzuela, qui sera nommé recrue de l'année et vainqueur du trophée Cy Young, sera au monticule pour les Dodgers et Ray Burris, parfait lors de son dernier départ, sera celui des Expos. Le jeune Time Raines. à sa saison recrue, frappe un double dès la première manche et viendra marquer sur un double-jeu pour donner l'avance aux Expos 1-0. Cette avance durera jusqu'en 5ème manche. Rick Monday frappe alors un simple, est poussé au troisième sur un simple de Guerrero. Puis vient marquer sur un roulant pour créer l'égalité. Valenzuela et Burris sont excellents au monticule. C'est un match très serré. En 8ème manche, Ray Burris devrait venir au bâton. On lui choisit toutefois un frappeur substitut, ce qui veut dire qu'il y aura un nouveau lanceur en 9ème.
C'est le partant Steve Rogers qui se réchauffe dans l'enclos. Jeff Reardon a un problème de dos, il ne sera pas une valeur sûre, Bill Lee fulmine. Rogers prend sa place. C'est l'as lanceur des Expos, Rogers qui lancera la 9ème manche.
Le premier frappeur frappe un ballon à Rodney Scott pour faire le premier retrait. Ron Cey frappe une longue balle à Tim Raines pour le second retrait. Quant Rick Monday se présente au marbre, Bill Lee voit rouge. Il veut lancer. Il a toujours eu du succès contre Monday et il est gaucher, tout comme Monday frappe de la gauche, ce qui avantage Lee. Mais le gérant Jim Fanning fait confiance à Rogers. Un partant. Qui n'a lancé en relève que deux autres fois dans sa vie avant aujourd'hui.
Mais il s'agit du meilleur lanceur des Expos dans la journée la plus importante des Expos.
Et Rick Monday offre aux Montréalais le pire jour de l'histoire de l'équipe.
Les souvenirs des Expos ne seront jamais que des souvenirs de désolation de toute façon.
À l'école du Vieux Charpentier, on entend notre directrice hurler dans le corridor.
Les Expos ne feront rien à leur tour au bâton.
Monday on a monday.
Le lundi le plus bleu du sport.
Un jour de deuil.
C'était lundi cette semaine, il y a 34 ans.
Lundi dernier, un autre jour sombre au Canada...
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