dimanche 30 août 2015

L'Accord Parfait

"...Même s'il se trouvait là, Saurais-je l'écouter, le garder sous mes doigts, sans jamais l'oublier?"
    -V.Leuillot 

Une larme coule de mon oeil gauche. Mon oeil faible. Celui qui m'oblige à porter des lunettes à l'occasion*. De mon oeil droit, gigote ma peau, tout juste sous l'oeil. Comme un surplus de pulsations inexplicable. Presqu'en tout temps.

Rien à voir avec l'émotion (enfin, un peu) mais c'est explicable.

J'ai tant crains le mois de juillet, m'y suis tant préparé, que la préparation au chaos anticipé n'a fait que le repousser au mois d'août.

La fatigue s'est accumulée et les horaires se sont giga-compliqués. La nuit, le jour, la chandelle a brûlé par les deux bouts.

'Me suis brûlé.

Jeudi dernier je me levais à 10h du matin après trois nuits de 3 heures de sommeil et des jours sans récupération de sommeil. Je devais d'abord aller chercher, à 45 minutes de chez moi, mon fils, qui avait découché chez un de ses amis parce qu'ils avaient été voir un film à 22h45 en soirée la veille. Trip de boys avant la rentrée qui rappelait les miens avec mes potes au même âge. De retour à la maison, il fallait aller au collège de Monkee car notre semaine de vacances nous avait fait manquer la prise d'horaire/remise de casier et gnagnagna des 2  ados...
Comme le bon ado irresponsable qu'il peut être parfois, il n'avait pas identifié ses livres et ses cartables comme on lui avait demandé, et le temps qu'il le fasse tout en dinant, il était maintenant 2h00 et nous n'étions pas encore en route.

Nous devions:
-Nous rendre au collège de Monkee pour y déposer ses livres, y cueillir son horaire et autres documents.
-Nous rendre au collège futur de Punkee pour la même chose.
-Nous rendre dans un magasin spécialisé afin d'y trouver des écouteurs avec micro tel qu'exigé pour les ordinateurs portatifs au collège de Punkee.
-Nous rendre tenter de se faire rembourser un livre commandé par erreur, malgré le délai pour le faire éculé.
-Nous rendre à la pharmacie acheter des trucs, dont une carte de fête pour ma mère, dont c'était l'anniversaire le lendemain...273 kilomètres plus loin
-Coordonner le choix, l'achat, la livraison de fleurs à distance pour ma mère puisque la carte n'y serait jamais à temps de Montréal à Québec posté dans la nuit du jeudi au vendredi.
-Booker un rendez-vous pour faire réparer l'écran de Ipad de Monkee, brisé en vacances.
-Se rendre à l'épicerie afin d'y acheter du bon manger pour le souper.
-Y retourner puisque je n'ai pas réalisé qu'il ne restait plus de litière pour le chat et que c'était jour de vidanges.
-Sortir les vidanges.
Tout ça entre 14h et 16h00.

-Rentrer tous les codes de cours sur le portable de Punkee avant le premier cours dans deux jours.
-Faire manger les deux ados.
-Se rendre dans un magasin à grande surface pour une commission qui ne savait pas attendre.
-Se rendre chez le couturier pour un pantalon d'école qui ne pouvait pas attendre.
- Se rendre à la pratique de hockey en soirée dans un camps d'entrainement toujours très intense à cette période de l'année pour Monkee (et son angoissé de père).

J'ai traversé cette journée de "congé" comme on vivrait un choc post-traumatique. en frôlant la panique deux à trois fois. En regardant le ciel afin de voir si les Dieux me testaient quand on nous as refusé l'accès au Collège de Monkee car "on cirait les planchers".

Le stress.
Le stress accumulé, c'est ça le papillotement permanent sous mon oeil droit.
Mon oeil fort.
Mais je n'ai plus rien de fort.

AAAATCHA!

Ces allergies qui ne me lâchent pas et me rappellent que je meurs depuis facilement 15 ans dans les deux dernières semaines du mois d'août  expliquent la larme de l'oeil gauche.

Sans parler que j'ai le regard plus-que-fatigué d'emblée...

J'ai survolé ce jeudi comme on traverse une série d'épreuves. J'étais seul avec les ados, les jeudis, la douce travaille à la banque jusqu'à tard en soirée. On ne s'est pas vu du tout ce jour-là. (Sauf dans le noir, tard).

Ce n'est que le lendemain que j'ai réalisé que j'avais passé toutes les épreuves avec un certain succès. Trop le nez dedans, pour comprendre l'état des choses au moment voulu. Même un peu de flirt m'a ramené plus de 23$ dans les poches pour le livre commandé par erreur au délai éculé.

J'ai toujours plaidé pour l'imperfection chez l'Homme.
Les plus cyniques diront, parfois à raison, que je l'aurai aussi souvent visé.

Ce jeudi là, l'accord parfait s'est trouvé excessivement tard en soirée.
Dans le froid d'un aréna où s'entassait une quinzaine de parents, dont moi.

Je regardais mon fils se débattre sur la glace parmi les autres et j'étais extraordinairement fier de lui.
Je pensais à ma fille à la maison, toute excitée de son nouvel univers d'école secondaire à explorer, et j'étais encore plus fier.

J'étais fier d'être père.

Et de me fendre en 1000 pour ces petites bêtes.

Tirer la corde sans la casser.

C'était une journée toute en musique.
Avec de harmonies tout à fait chaotique toute la journée.
Avec des accords audibles seulement en fin de soirée.
Des accords parfaits.

* Pas souvent j'agnis porter des lunettes! 

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