Le Cinéma je le vis avec un grand C.
Je l'ai étudié, écrit, tourné, visionné, incarné, vécu et la rupture n'aura jamais été totale quand j'ai choisi de faire des choix versant dans le familial à l'aube des années 2000.
Ce qui m'a aussi rendu moins tolérant quand je vois des films mal travaillés. Rien ne m'impressionne plus qu'une bonne histoire. Ce qui ne m'empêche pas de m'extasier devant des films comme Sin City. Mais qui m'éloigne de tout Besson, qui tourne peut-être pas si mal mais écrit comme un ado de 14 ans.
Je consomme encore aujourd'hui, depuis 2009 je dirais, beaucoup beaucoup de films. La plupart du temps seul. Et à des moments où je choisi de voyager dans la tête d'un auteur, d'un univers, d'une texture mentale, où je choisis de me prêter pendant 90, 100, 120 ou 160 minutes dans une proposition qui me transportera ailleurs ou me passera 100 pieds au dessus de la tête.
Je baigne dans le cinéma comme on lirait un journal de la première à la dernière page. Je me laisse emporter, parfois entre 6 et 8 le matin. D'autres fois, à la place de dormir en jeune après-midi après une nuit de travail.
Je plonge avec bonheur dans les univers d'auteurs.
J'aime les histoires.
J'aimes les images.
J'aime les idées.
Les trois ensemble ça donne du Cinéma.
Une fois par mois, en ouverture de celui-ci et jusqu'à la fin de l'année, je vous propose 10 films, pas obligatoirement les meilleurs, qui m'ont parlé quand je les ai visionnés. Il est possible que les films semblent concentrés sur des productions d'Amérique, mais étant américain, il ne faudra pas trop m'en tenir rigueur.
Je n'ai aussi pas tout vu quand même...
Voici 10 films des années 60 qui m'ont nourri de manière enrichissante.
Rocco & Ses Frères. 1960. Italie/France.
Rocco, c'est Alain Delon. Le film c'est Visconti. À son meilleur. Racontant la famille Parondi composée de 5 frères, récemment endeuillé du père et qui viennnent de s'installer à Milan. Visconti filme la fin d'une soicété italienne traditionnelle et aliénante et l'avènement du monde moderne. C'est un peu l'histoire des années 60 de nos parents, qui avaient 20 ans et qui disaient en soi: tassez-vous, on arrive! Les Parondis font de leur mieux pour arriver eux aussi. Mais ce n'est pas si facile. Le dernier acte de ce film de 192 minutes vaut à lui seul le visionnement.
To Kill a Mockingbird. 1962. États-Unis.
Dans la ville fictive de Maycomb en Alabama, Atticus Finch, avocat, doit défendre un jeune noir accusé à tort de viol et du même coup fait comprendre à ses deux jeunes enfants les racines du racisme. Film noble dans tous les sens du terme, Gregory Peck a accepté de jouer sans hésiter ce rôle mémorable où on prétend qu'il n'a eu qu'à se jouer lui-même. Harper Lee avait écrit le rôle en pensant à son brave père. Une histoire toujours pertinente avec un jeune Robert Duvall dans un rôle secondaire, mais fort important. Fameux.
The Good, The Bad & the Ugly. 1966. Italie/États-Unis/Espagne/Allemagne de l'Ouest.
Clint Eastwood, Lee Van Cleef, Eli Wallach, dans l'ordre. Leone, Sergio derrière la caméra. Tonino Delli Colli qui la tient et la cadre avec brio. Ennio Morricone à la trame sonore. Conclusion de la trilogie du dollar de Sergio Leone avec la guerre de Sécession en toile de fond. Film genèse des deux autres, Pour une poignée de dollars et Pour Quelques Dollars de Plus, chronologiquement placés après ce film dans la narration. Très bon à tous les niveaux.
Persona. 1966. Suède.
Une comédienne s'interromp de parler en pleine représentation de théâtre sur scène et se trouvera incapable de reparler. Un médecin l'envoie en maison de retraite près de la mer où son silence, force l'infirmière qui l'accompagne à le meubler de multiples confessions de plus en plus personnelles. Les crises relationnelles profondes nordiques sont aussi séduisantes chez Bergman que les traits de Liv Ullman et de Bibi Andersson. Charmant exercise sur la forme aussi.
Psycho. 1960. États-Unis.
Rares seront les films qui nous présenteront un personnage principal féminin criminelle dès le départ. Rares seront les films qui nous débarrasseront des personnages principaux, un à un. Rares seront les films qui nous effraieront de la douche. Hitchcock réussit ce tour de force avec ce film culte qui a aussi donné naissance à une série télé inspirée de cette
La Dolce Vita. 1960. Italie.
Jeunesse, décadence, errance, mélancolie italienne dans un charme et une esthétique magnifique. Le vocabulaire cinématographique Fellinien est installé pour les années à venir dans ce chef d'oeuvre qui donnera naissance à des dizaines d'autres films traitant aussi de l'affranchissement personnel et de la remise en question. Il donnera aussi naissance au terme Paparazzis pour parler des hordes de journalistes animales qui pourchassent les vedettes. Fabilissimo!
Le Mépris. 1963. France/Italie
Adaptation brilllante de la mise en abîme d'Alberto Moravia qui racontait la fin d'un couple entre un scénariste et sa femme qui s'ennuie auprès de lui. Tourné dans la splendide villa Malaparte à Capri, le film en brillantes couleurs met aussi en vedette la splendide musique de George Delerue et la photographie intelligente de Raoul Coutard et Alain Levent. Piccoli, Bardot, Palance, Fritz Lang au générique. Grandiose.
Blow-Up. 1967. Angleterre/Italie/États-Unis.
La réalité tronquée des images. Antonioni nettement en avance sur son époque. Un casting redoutable inspiré du style de vie du photographe David Bailey et mettant en vedette les Yardbirds (avec Jimmy Page et Jeff Beck) une jeune Vanessa Redgrave, une plus jeune encore Jane Birkin, un fort appétissante Sarah Miles. Les années 60, sans les avoir connues, me semblent être exactement ce film. Quand on dit swinging sixties, je pense à Blow-Up. Don't mess with reality.
L'Année Dernière à Marienbad. 1961. France.
Alain Robbe-Grillet à la plume. Alain Resnais à la direction. Sacha Vierny aux sensationnels travelings langoureux. Coco Chanel aux costumes. L'Antiaquarium de Munich, les châteaux de Nymphenburg et d'Amalienburg, le parc du château de Schleissheim. Delphine Seyrig, sensuelle. Giorgio Albertazzi, inquisiteur. Sacha Pitoëff, mystérieux. Adapté du roman fantastique L'invention de Morel de l'argentin Adolfo Bioy Casares. Délicieux. La glace est à mes yeux souvent plus agréable que le soleil.
2001, A Space Odyssey. Angleterre/États-Unis.
Poésie et science-fiction sur images. Stanley Kubrick réussit un tour de force qui inspirera jusqu'aux gens de la NASA. Fameux chef d'oeuvre aérien qui vous transportera là où peu de gens l'ont fait dans la vie. Film immense.
Les années 60 ont été un période de grandes révolutions, le cinéma n'y a pas fait exception.
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