La politique est un sport difficile.
La vie tout autant.
Les deux se sont rencontrés la semaine dernière en Allemagne dans un exercice de relations publiques en compagnie de la chancelière allemande Angela Merkel et ça a frôlé la catastrophe.
Mais comme Angela est un chat qui retombe aussitôt sur ses pieds. Son image aura à peine terni, là où des centaines d'autres politiciens auraient planté face première contre terre.
Rappelons les faits.
Le forum se nomme "Bien vivre en Allemagne". Merkel y a toujours prit part. Le rassemblement de ce jour-là regroupe 29 enfants de la Paul Friedrich Scheel School Center à Rostock. Les enfants sont invités à poser des questions à la Chancelière qui y répond du tact au tact.
Reem Sahwil est une jeune fille d'origine palestinienne dont la famille est réfugiée en Allemagne depuis 4 ans. Cet asile plait à tout le monde dans sa famille et la crainte d'être retournée dans un camp de réfugiés au Liban est une épée de Damoclès au-dessus d'eux. Ils n'ont pas encore de statut clair en Allemagne et la jeune fille s'en est confessé dans un allemand parfait à la chancelière.
"Je ne sais pas à quoi mon futur ressemblera, je ne le saurai jamais clairement tant que nous ne saurons pas si nous partons ou si nous restons. J'ai des buts dans la vie comme tout le monde, j'aimerais aller au collège, voilà un objectif qui me tient à coeur. C'est si beau de voir comment les autres arrivent à tirer le meilleur de la vie, alors que nous ne pouvons pas faire de même avec eux"
"Je comprend, a répondu Merkel, la politique est un sport difficile. Tu est ici devant moi, tu me semble une formidable jeune fille...Tu sais, il y a des milliers et des milliers de réfugiés dans les camps au Liban, on ne peut pas simplement dire à tous "venez tous vivre en Allemagne, vous aussi en Afrique, venez tous chez nous!". on ne pourrait jamais gérer tout ça, la seule chose que l'on peut faire c'est souhaiter que la demande soit traité rapidement, mais il est certain que certains devront repartir..."
Un modérateur a ensuite proposé à Merkel de prendre une photo avec la jeune Reem afin de se rappeler d'elle en tout temps et de penser au statut des réfugiés en général, ce qui a fait rire jaune Angela
Quelques instants plus tard, le visage de Merkel est devenu maternel.
C'est que la jeune Sahwil fondait en larmes.
Le désespoir plein les poumons.
Merkel s'est spontanément rendue vers la jeune fille et a dit:
"Oh mon Dieu!...mais tu étais vraiment excellente!" Merkel était visiblement impressionnée par la maitrise de l'Allemand de cette jeune palestinienne qui n'en parlait, ni n'en comprenait pas un seul mot, 4 ans auparavant et c'est Merkel elle-même qui l'avait poussé sur le sujet de conversation de la famille de la jeune fille. Pour la faire parler davantage et pour continuer à s'émerveiller de cette réussite de l'émigration qui tout d'un coup s'avérait une morsure.
"Ce n'est pas une question d'être excellente ou non a enchaîné le même modérateur que plus tôt, mal-à-l'aise tandis que l'autre modérateur voulait entrer six pieds sous terre, c'est plutôt une situation totalement angoissante..."
Merkel n'a pas hésité à le retourner comme un crêpe et a aussitôt répliqué vivement:
"Je sais très bien qu'il s'agit d'une situation insupportable! Voilà pourquoi je lui fait une caresse (einmal streicheln). " On imagine que Merkel lui a envoyé son poing au nez en arrière-scène plus tard.
Cette phrase a rajouté à l'inconfort puisque einmal streicheln en allemand est aussi inadéquat que de dire tapette au lieu de gay. On utilise le terme allemand pour parler d'un animal qu'on irait flatter, ce que Merkel a aussi fait en lui flattant le bras, pendant que la voisine de la petite fille la serrait dans ses bras pour la consoler et que le blondinet sur l'autre côté lui tendait un mouchoir.
La scène a fait le tour du web et a fait beaucoup de bruit en Allemagne. L'échange dure 11 minutes au total. Plusieurs ont trouvé Merkel froide et insensible, la plupart ont trouvé qu'elle avait répondu franchement, sans détour et sans langue de bois, la jeune Reem elle-même a préféré une réponse comme elle a eu qu'une réponse abstraite et vaseuse.
Tout le monde est resté estomaqué par la maitrise parfaite de l'Allemand de cette jeune fille. En vérifiant, on a pu savoir qu'elle était la meilleure de sa classe...en Allemand!
Très peu de pays dans le monde sont pure dans l'immigration. Il y a toujours une ligne à tracer et c'est TOUJOURS la chose la plus difficile à faire dans ce ministère. Qui reste? qui part? Pourquoi?. Ça tient parfois de la courte paille.
Quand Reem Sawhil est née, elle l'a été prématurément et a manqué d'oxygène. C'était dans un camps de réfugiés libanais. Ses problèmes de santé se sont compliqués quand elle fût victime d'un grave accident de voiture à l'âge de 5 ans. C'est avec un visa médical que la famille a atterri en Allemagne. Ce sont 6 opérations aux yeux et aux jambes qu'elle a subi en 4 ans et son père travaille comme soudeur pour amener un peu d'argent au foyer.
Elle n'est pas bonne à l'école, elle est parfaite.
Elle ne marche jamais sans aide toutefois, boîtant beaucoup.
Elle est un tel modèle de réussite d'intégration que le maire de Rostock s'est empressé de dire qu'il ne voulait pas non plus voir cette famille quitter ni sa ville, ni son pays.
Parions fortement que cette famille a déjà gagné son pari de voir leur demande rapidement traitée.
Et favorablement.
De plus, la discussion a été lancée grâce à cette scène. Les gens se demandent un peu partout, dans les journaux, les médias, dans la rue: Qui voulons nous sauver? l'adolescente ou le réfugié politique?
Le pays se questionne, se parle, s'écoute.
C'est un peu ça qu'on veut là-bas pour bien vivre en Allemagne.
Puisque la journée s'annonçait sous le signe de l'apostrophe pour Merkel, elle a enchaîné avec le blondinet aux côtés de Reem Sawhil. Il a achevé Merkel d'une seule phrase:
"Je suis gay et j'aimerais savoir en quoi les relations homosexuelles et hétérosexuelles devraient être traitées différemment en terme de mariage et d'adoption?"
Merkel a soupiré et a répété la ligne chrétienne de son parti.
Angela se sentait bien seule ce jour-là...
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