jeudi 30 juillet 2015

Ne T'approches Pas de Ces Globes Qui Mettront le Feu à Ta Robe

"La mort est au rendez-vous, au mieux tu deviendras fou"
-T.Fersen 

Mon amie N.C. disait par le passé, et plusieurs le croient encore, que notre manière de conduire une voiture reflète notre manière de conduire nos ambitions.

Ce n'est pas complètement faux. Je tombe amoureux de villes (Montréal, New York, Londres, Barcelone) où y avoir une voiture n'est pas du tout indispensable. Je serais aussi complètement capable de vivre sans voiture. Je ne m'intéresse pas à la chose et je trouve indécent les prix de l'essence.

On pourrait dire la même chose de mes ambitions. Je ne vise pas la carrière qui me donnera du prestige. Je ne cherche qu'à meubler le temps qu'il me reste à vivre. Tout comme je conduis simplement pour me rendre là où je dois aller. Mon beau-frère, féru de voitures et qui a acheté la même que la mienne, m'a fait remarquer l'autre jour que j'utilisais ma voiture à 10% de son potentiel.

Peut-être. Mais c'est tout ce dont j'ai besoin. Et je compte, en comptant jusqu'à hier, 0 accident en 28 ans de conduite automobile.

Par rapport à ma vie professionnelle en revanche les accidents se sont multipliés avec l'âge. J'ai plus jeune visé une carrière de hockeyeur dans la LNH, puis une carrière dans le domaine artistique, puis un peu plus à l'ombre dans le domaine artistique, puis j'ai choisi de ne plus chercher en vain le bonheur au travail. J'ai choisi l'ombre.

Mes ambitions ont évolué.
Ou dévolué, c'est dans l'oeil de celui qui lit.

Mais une chose est toujours restée et je ne me suis jamais expliqué complètement pourquoi.

Vouloir à tout prix faire de l'argent, dans ma conception des choses, depuis toujours, c'est absolument sale.

Pour renforcer cette idée (et expliquer les accidents) chaque fois que j'ai accepté un emploi parce que le salaire était nettement plus important que le job précédent, je me suis 120% cassé la gueule. Ce fût les pires décisions de ma vie. Et pourtant je ne suis pas CONTRE l'argent, pour vivre comme on l'entend, ça en prend, alors il faut bien le gagner quelque part.

Mais quelque chose s'est déréglé quelque part dans nos systèmes de valeurs.

Autrefois, les athlètes étaient traités comme des amuseurs publics. Comme les artistes de nos jours. Ils nous divertissent et nous changent les idées. Toutefois, dans le sport, quand on a compris que les bandes de hockey pouvaient ne plus être blanches, que les pauses commerciales pouvaient s'étirer de 3 minutes si on allongeait assez de billets verts et qu'un athlète pouvait gagner beaucoup plus cher si il portait votre linge, les athlètes, leur univers et leur sport ont changé. Et aller voir un match de hockey au Centre Bell n'a pas la valeur d'un match au Forum dans les années 80 quand le rythme n'était pas dicté par l'argent.

Si je faisais une fortune, je ne vous le dirais pas. J'associe toujours, quelque part dans mon cerveau de 43 hivers, l'argent à l'obscénité.

Je crois avoir enfin compris pourquoi avant-hier.

Parce que trop d'argent rend fou. Ou du moins vous rend insensible au reste du monde entier qui n'a pas votre fortune. Et ce n'est pas nécessairement calculé rationnellement, mais le riche ne peut pas penser comme le moins fortuné. Sa réalité n'est pas celle du moins fortuné. Son frigo est défectueux, cesse de fonctionner, on y perd tout ce qu'il y avait dedans, il va en rire. Pas le moins riche. Fiston aura fait un léger accident avec une des voitures, on lui en rachètera une autre. Même si la voiture n'était pas perte totale. Et ainsi de suite.

Un fils de Robert Kennedy avait comme plaisir de jouer au football...en descente de ski. La veille du jour de l'an 1998, il a manqué une passe mais n'a pas manqué l'arbre contre lequel il a fait un face à face à pleine vitesse. Ne portant ni casque, ni protection, il est déclaré mort une heure 35 minutes plus tard.

Les riches ne s'amusent même pas comme les moins riches.

Un dentiste du Minnesota a payé 70 000 $ pour pouvoir tuer un lion au Zimbabwe.

"C'était un lion magnifique, un lion mature, nous ne savions pas que c'était un lion connu. Mon client avait un permis de chasse qui lui donnait la chance de tuer un lion avec un arc et une flèche, là où il l'a fait" s'est justifié le guide plus riche de 70 000$ U.S.

Suis-je le seul à trouver cette déclaration obscène?

Quand vous trouvez quelque chose de magnifique, vous le tuez vous?
Si il n'avait pas empoché 70 000$, le guide aurait eu un tel raisonnement?

Fucking sick disent les chinois. Des gens du genre sont, de par leur construction, mes ennemis.

L'argent c'est exactement comme la lumière pour les insectes.
Plusieurs sont attirés, plusieurs s'y brûlent, plusieurs évitent l'aveuglant piège.

Le riche dentiste chasseur et le guide ont tous deux été arrêtés et seront convoqués devant la justice au Zimbabwe. Pays reconnu pour sa justice achetable.

Ernest Hemingway est plié de rire au ciel.

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