jeudi 9 juillet 2015

George Bataille

George Albert Maurice Victor Bataille est né à Billom dans le Puy-de-Dôme en Auvergne en 1897.

Sa famille est menacée par les Allemands en 1914 et ils doivent se relocaliser dans le Cantal, dans la famille de sa mère. Mobilisé par l'armée, il est rendu à la vie civile pour insuffisance pulmonaire.

Il pense devenir prêtre mais se ravise et entre à l'école nationale des chartes. À Paris, il y fait la rencontre  du peintre surréaliste André Masson et il publie 6 pages rendant hommage à la cathédrale de Notre-Dame-de-Reims bombardée par les Allemands.

Il a 23 ans quand il se rend à Londres et se lie d'amitié avec le philosophe Henri Bergson. Il écrit une thèse de doctorat sur l'Ordre de la Chevalerie qu'il présente sous forme de conte en vers du XIIIème siècle. Il reçoit son diplôme d'archiviste-paléographe de l'école de chartes en 1922. Il quitte pour l'Espagne afin d'y faire de hautes études hispaniques. Mais ce sont les corridas qui lui plaisent à Madrid. Il assiste à la mort du matador Manuel Granero, un événement qui le troublera à jamais.

De retour en France il est nommé bibliothécaire au département des médailles à la Bibliothèque Nationale. Il fait la rencontre de Michel Leiris, un ami pour la vie. Il publie clandestinement L'Histoire de l'Oeil, histoire de transgressions et de fantasmes adolescents à la fois mortelle et sexuelle, largement inspirée de ce dont il a été témoin avec Granero en Espagne. Comme le propos est volontairement scandaleux, il le publie sous le pseudonyme Lord Auch.

Au début des années 30, il est membre du cercle communiste démocratique et écrit dans La Revue Sociale. Toujours dans le but d'explorer l'érotisme en littérature et à la fois avec un esprit surréaliste (et comique) il publie encore sous le manteau L'Anus Solaire en 1931. Il adhère à une association d'extrême gauche soutenue par Simone Weil. Il y fait la rencontre de Dora Maar.

En fondant le mouvement Contre-Attaque, en marge des Ligues et du Front Populaire, il rompt avec André Breton, avec lequel il avait toujours été plus ou moins en accord. Il sohaiterait, plus ou moins consciemment, un équivalent du fascisme pour la gauche,

En 1937, il fonde la société Acéphale. à la fois une revue et une société secrète qui prête serment de mourir décapité un jour. Bataille, depuis la mort en direct de Granero, restera fasciné par le scarifice humain toute sa vie. On tente de réhabiliter Nietschze qui les Nazis se sont appropriés.

Fondateur de plusieurs revues et écrivain clandestin, l'influence tirée de ses oeuvres et son impact intellectuel n'est pas direct, ni de son vivant. Michel Foucault, Phillipe Sollers ou Jacques Derrida seront des auteurs nettement influencés par Bataille après sa mort.

Bataille est nommé conservateur de la bibliothèque Inguimbertine de Carpentas. Il se marie à 49 ans et a une fille à 52. C'est sur place qu'il organise la rencontre mémorable entre Albert Camus et René Char. Bataille fréquente aussi Sartre et Picasso. Bataille a déjà publié, principalement sous pseudonymes, 9 essais ou écrits. Ses thèmes sont la littérature, l'anthropologie, la philosophie, l'économie, la sociologie, l'histoire de l'art, l'érotisme, le surréalisme et la transgression.

Dans les années 50, on le retrouve parmi Jean Dubuffet, André Masson, Jean Paulhan, Blaise Cendrars, Pablo Picasso ou Jean Cocteau chez Castel.

Il se développe une passion du vin et reçoit ses amis chez lui pour en discuter, Parmi des toréros célèbres et des chanteurs de flamenco se trouvent Pablo Picasso et le retour de Dora Maar, mais cette fois au bras du peintre espagnol. Ceci ne gâche en rien les relations entre Bataille et Picasso qui ont en un commun, une passion plus forte encore pour les corridas. George Bataille intellectualise de plus en plus ses fantasmes morbido-sexuels, considérant la corrida comme un rituel reliant la tauromachie à sa vision personnelle de l'univers comme confrontation des forces. Il développe tout ça dans un essai qu'il appelle Soleil Pourri.

Il influencera Picasso sur son exploration des minotaures dont Bataille situe la naissance de l'homme à partir de cette même animalité.

La transgression du sacré et du divin de Bataille se rapproche de celle du Marquis de Sade.

L'érotisme est perversité. Il tourne le vice en vertu célébrant ce qui était défendu en le dévoilant/découvrant délicieux. Plus le tabou ressenti est pesant, plus la transgression sera délicieuse.

C'est la philosophie Bataille.

Atteint d'artériosclérose cervicale grave, il décède aujourd'hui à Orléans il y a 53 ans.

Il avait alors 64 ans.

Il n'a pas été décapité, mais trouverait notre époque fort intéressante.

Aucun commentaire: