Il y a de ses morceaux culturels qui sont parfois cruels pour leurs créateurs.
La fameuse pièce de Scott Joplin en est un bel exemple.
Reconnue comme un classique du ragtime, la pièce brillamment composée par l'afro-américain ne l'aura toutefois jamais rendu bien riche de son vivant.
Issu du Texas, Joplin avait été professeur de mandoline et de guitare. Il avait aussi fait parti d'un quartet vocal. Principalement travailleur pour une compagnie de chemin de fer, alors âgé dans la jeune trentaine, il choisit de tout plaquer et de tenter de vivre de la musique.
Il aura une très brève carrière et ne vivra pas tellement riche.
Sa première pièce est une catastrophe. Un échec lamentable coûteuse et non reçue par le public du début du 20ème siècle. Toutefois son Maple Leaf Rag est un succès durable qui lui offre un salaire, peu spectaculaire, mais pour le restant de sa vie. Le morceau est compliqué à jouer, devient un défi pour pianiste, et devient un classique du style ragtime.
Au début, en 1899-1900, la pièce instrumentale lui rapporte 4$ par semaine. Puis en 1909, le même morceau dure encore en popularité et lui rapporte à peu près 11.55$ par semaine (600$ par année).
C'est ce morceau là dont se rappellera Joplin à sa mort en 1917. C'était celui qui le faisait vivre. Pas bien puisqu'à 48 ans, il est d'abord atteint de syphillis, puis de démence et meurt avant ses 50 ans dans un institut psychiatrique.
Pauvre de lui, s'il avait su...
C'est avec un morceau composé en 1902, mais réèllement popularisé seulement des décennies plus tard que le nom de Scott Joplin sera identifié partout sur terre d'Amérique et à jamais.
The Entertainer a pour sous-titre A Rag Time Two Steps qui était une sorte de danse fort populaire jusqu'à peu près 1911 avant de céder sa place au jazz. Le morceau est dédié à James Brown* and His Mandolin Club.
Quand le morceau est lancé en 1902, il passe plus ou moins inaperçu. Sauf dans le St.Louis Globe-Democrat où on parle du morceau comme d'un des meilleurs et des plus entrainants jamais composés.
C'est toutefois en novembre 1970, un mois après la mort d'une autre fameuse Joplin, qu'un producteur de disque met sur le marché, sous l'étiquette de musique classique Nonesuch, un album rendant hommage au Rag. Si l'étiquette voulait explorer un nouveau macrhé et faire grossir ses revenus, elle ne pouvait miser mieux. L'album Scott Joplin: Piano Rags fait découvrir le genre à une toute nouvelle génération et l'album deviendra le premier album (multi)millionnaire de l'étiquette.
En 1971, l'album est si populaire qu'il est nommé dans deux catégories aux Grammys (Grammys qu'il ne gagnera pas).
Quand George Roy Hill tourne son multi-oscarisé (7) film The Sting l'année suivante, son scénariste David S.Ward situe l'action en 1936. Toutefois le choix de la trame sonore s'arrête sur une adaptation de Marvin Hamlisch de The Entertainer. Même si le film se déroule dans la période de la grande dépression, un bon 20, 25 ans après le ragtime, la chanson devient un GIGA-HIT, rivalisant même avec les chansons populaires chantées sur les palmarès de l'époque. Les ventes sont astronomiques et bien que Hamlisch n'y fasse que quelques minuscules variantes (dans le choix des instruments entre autre), c'est lui qui empoche les millions. Ironiquement, le sécnario de Ward est aussi "emprunté" au livre The Big Con de David Maurer que l'on fait taire en payant plus tard, réglant hors cour, une fois les honneurs du film récoltés.
Hamlisch raflera aussi un oscar pour la musique du film.
En 1976, on donne à Joplin un prix pultizer posthume, par cas de conscience, je présume.
La renaissance du ragtime dure un temps puis s'estompe.
Joplin, qui rêvait d'être le roi du rag de son vivant, le deviendra, mort.
Grâce à ce 29 décembre 1902, où il a enregistré cette chanson en son nom, chanson maitenant devenue libre de droits et que je viens d'apprendre à jouer sur Iphone.
(Je n'en suis pas peu fier. C'est compliqué du Joplin...)
*Rien à voir avec le godfather of soul
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