1936.
Zhang Xueliang est à la tête de la faction armée chinoise en Mandchourie. Quand les Japonais attaquent la région et prennent la Mandchourie en 1931, Zhang retire ses troupes et concentrera ses forces à lutter contre le parti communiste. C'est la guerre civile en Chine dans les années 30. Tchang Kaï-chek, leader de l'armée nationale révoultionnaire du parti Kuomintang lutte aussi contre les communistes.
Mao Zedong, une fois la longue marche de 1934 faite, deviendra chef de cette frange communiste forgée dans les milieux ruraux de la Chine.
Mais en décembre 1936, c'est l'anarchie. Pendant les 3 mois précédents, Zhang Xueliang, implore que la guerre civile cesse, afin de permettre à l'armée du Nord-Est de combattre le Japon: il reçoit un ultimatum de Tchang Kaï-chek: ou bien combattre les rouges de Zedong, ou bien faire face à un transfert immédiat vers le sud.
Le mercredi 9 décembre, des milliers de manifestants font une marche de protestation jusqu'à la ville de Lintong, une station de sources chaudes, près de Xi'an, où Tchang Kaï-chek a établi son quartier général. Il s'y repose dans la résidence impériale, avec une faible protection.
Le 12 décembre, Tchang Kaï-Chek est capturé par les troupes de Zhang Xueliang. Celui-ci est en négociation avec les communistes et souhaite que Tchang accepte finalement de constituer un front uni avec ces derniers pour lutter contre les Japonais. Tchang Kaï-chek souhaite au contraire lutter contre les communistes de Zedong.
La Russie de Staline hésite alors entre le soutien aux japonais et le soutien aux chinois. Il a donné de clairs signaux aux deux côtés.
Le chef par intérim des forces de Tchang Kaï-chek cherche tout de suite une manière de renverser tout ça et de délivrer leur leader.
Des opposants à Tchang Kaï-Chek se montrent contre l'idée de faire assassiner celui qui reste encore le plus grand leader face à l'opposition japonaise. Certains comme Mao Zedong, veulent profiter de la situation et le faire éxécuter ce qui faciliterait l'accession au pouvoir des communistes.
Bref, l'initiative de Zhang Xueliang est de plus en plus maladroite. Staline choisit son camp et confirme lui aussi que de tuer Tchang Kaï-Chek serait malhabile et priverait la Chine d'une figure importante face au Japon qui expansionne en Chine depuis 10 ans.
Le 17 décembre, un accord est convenu. Les communistes de l'Armée rouge chinoise seront intégrés au sein de l'Armée nationale révolutionnaire chinoise du Kuomintang (de Tchang Kaï-chek), où ils formeront deux unités, la Huitième armée de route et la Nouvelle Quatrième armée. Commencera une "tolérance" malsaine entre frères ennemis de 13 ans entre Mao Zedong et Tchang Kaï-chek. Ce dernier, aussitôt sorti de prison le 24 décembre, fait coffrer Zhang Xueliang pour un demi-siècle de détention.
Quand Mao et les communistes prennent finalement le pouvoir en 1949, Tchang Kaï-chek est forcé à l'exil sur l'île de Taiwan. Zhang Xueliang y est aussi transféré et est maintenu aux arrêts domiciliaires, dans le district de Hsinchu. Vivant dans un certain confort, il occupe son temps grâce à l’étude de la poésie de la dynastie Ming et de la Bible, et s'applique à la constitution d'une collection d'art. Xueliang et son épouse se convertissent au baptisme. Tchang Kaï-chek lui rend occasionnellement visite et assiste avec lui à des services religieux.
Ce n’est qu’en 1990, après la mort du fils de Tchang, Tchang Ching-kuo, que Zhang Xueliang regagne sa liberté. Il détient le triste record de prisonnier politique ayant passé le plus grand nombre d'années en détention. Son lieu de résidence surveillée est depuis devenu un site touristique.
Aujourd'hui, il y a 76 ans, la Chine était aux aboies.
Et l'ombre de Mao se dessinait lentement...
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