Né à Nuneaton, Warwickshire, en Angleterre en 1936, Kenneth sera d'abord comédien dans la Oxford Revue puis acteur quelque temps dans le théâtre de répértoire de Londres avant de choisir de passer à la réalisation télévisée.
C'est à 30 ans qu'il commet son premier effort remarquable. Dans le docudrame Cathy Come Home, Loach trace le portrait de gens de la classe ouvrière, (un parti pris qu'il gardera toute sa vie) des sans-abris et sans-emploi et dresse une sévère critique de travail des services sociaux, critique qui fera école. L'année suivante, porté par l'effet de remous créé par son film pour la télé, il choisit de tourner pour le cinéma. Il tourne Poor Cow, une brillante fiction tirée du roman de Nell Dunn et mettant en vedette de très jeunes Terence Stamp et Carol White se démerdant avec leurs (mauvais) choix de vie. De travailler avec Stamp et White (Et brièvement Malcolm McDowell) donne des envies de cinéma à Loach qui n'hésitera pas plus longtemps.
Dès 1969 il tourne Kes, tiré du roman A Kestrel to a Knave de Barry Hines, qui raconte l'histoire de la relation entre un problématique jeune garçon et un faucon qu'il a adopté. Le film sera placé au 7ème rang des meilleurs films anglais de tous les temps en 1999.
Les films de Loach sont caractérisés par une vue particulière du réalisme. C'est l'oeuvre d'un travailleur social mis en film qui colore l'ensemble de l'art de Loach. Il tourne généralement avec des non-professionnels ou des gens méconnus afin de rendre le tout plus réaliste encore. Les effets de caméra sont rares ce qui fait oublier que nous regardons du cinéma. Cinéaste archi-contre la censure, il essaie tant bien que mal de mener sa carrière en dehors des circuits réguliers "beaucoup trop contrôlants" à son goût. Ces films en souffritont dans les années 70 et 80 puisque la publicité, la promotion autour des films et la distribution sera erratique.
Toutefois à partir de 1990, année où il tourne coup sur coup deux films. Ses films trouvent facilement preneur mais surtout trouve un public de plus en plus grandissant. Et des prix aussi. Riff-Raff gagne le prix spécial du jury au Festival de Cannes, tandis qu'Hidden Agenda rafle le prix du meilleur film aux European Films Awards. Le film suivant, en 1993, Raining Stones, gagnera aussi le prix special du jury à Cannes. Land & Freedom deux ans plus tard gagnera aussi trois prix internationaux.
Carla's Song, My Name is Joe, Bread & Roses, Sweet Sixteen, Ae Fond Kiss, The Wind That Shakes the Barkley qui raconte les débuts de l'IRA et remporte la palme d'or à Cannes en 2006, It's a Free World sont tout autant de films qui traitent d'enjeux sociaux prenant le parti des démunis.
Ce sont aussi de maudits bons films.
Pendant 13 semaines les étudiants québécois ont manifesté pour ce qu'ils croyaient être juste. Ils ont été d'un dynamisme et d'une créativité impressionnante. Leurs leaders ont été unis avec brio et ont toutes les raisons de marcher la tête bien haute et fière.
Avoir eu 20 ans de moins je serais descendu dans la rue pour aller filmer tout ça et tenter d'en tirer un film. À la sauce Ken Loach. Une histoire d'amour bien entendu. Car j'ai surtout vu de l'amour du côté des étudiants face au mépris des truies...euh...d'autrui...
Le vieux schnock de 75 ans aurait peut-être trouvé une source d'inspiration lui aussi dans tout ça.
Y a un maudit beau film à faire sur le printemps étudiants au Québec dans quelques ans.
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