Je passais dans ce magasin où je n'irai plus mais où la musique, le livre et le film y est roi.
Donc qui m'attire toujours comme une enveloppe brune attire un politicien.
Pourquoi je n'irai plus? Parce qu'il y a cet employé, que je devine gérant car il multiplie les ordres quand j'y passe, qui parle si fort qu'il enterre à la fois la musique qui joue en magasin et celle qui joue dans le ipod, pourtant bien ancré dans le creux de l'oreille. C'est dire.
Comment les gens qui parlent inutilement fort ne se rendent-ils pas compte qu'ils sont assasinables?
Ne jamais sous-estimer le pouvoir d'une pochette. C'est d'abord ce qui m'a attiré sur ce que je ne connaissais pas encore, Armistice. Étais-ce le nom d'un groupe? de l'album? les deux? Peu importe, le sentiment de paix qui se dégageait de cet album allait faire son chemin à mes oreilles.
Je l'ai reconnue à son accent, puis à sa silhouette sur le dessus de la pochette. Il n'y avait pas de doute, il s'agissait bien de Coeur de Pirate/Béatrice Martin. Peut-être pas le plus joli des accents anglophone mais une voix qui se fond très très bien à celle de son partenaire vocal sur l'album, Jay Malinowski, leader de Bédouin Soundclash.
C'est une collaboration antérieure entre les deux artistes qui a créé l'étincelle du cessez-le-feu musical.
J'avais le premier album de Coeur de Pirate mais je n'y suis pas retourné très souvent. La voix finissait par m'irriter. Après trois ou quatre chansons. J'avais le feeling qu'on me récitait une comptine. Mais ici, mêlée à celle de Jay Malinowski, sa voix est une douce rivière dans le désert d'Arizona.
Ces deux desperados, rappelant beaucoup Nancy Sinatra et Lee Hazlewood, nous offrent 5 chansons tout à fait délicieuses pour seulement 700 sous. A small fistfull of dollars.
Ouvrant sur le cloches d'une église, que l'on devine dans le Nouveau-Mexique car accompagné de trompettes qui auraient été tirées d'un rêve de Johnny Cash, l'album nous traine dans une sorte de Bonnie & Clyde spirituel à dos d'âne. (Je découvre que le vidéo seconde cette idée que je viens de mentionner).
Béatrice Martin commence le second morceau qui offre une rhytmée mélodie fort agréable. Coeur de Pirate avec cette voix d'enfant et Malinowski avec cette voix rouillée se relancent comme deux amoureux transis qui se cherchent entre une tempête de sable et une taverne qui abriterait aussi une maison de passe avec des cow-girls. Il faut savoir que les deux étaient, au moment de l'enregistrement, aussi un couple à la ville.
Le troisième morceau est un vrai régal. Elle & lui chantant nonchalemment dans ce tango vocal qui emprunte encore aux trompettes, au jazz et au doo-wop.
Le joyau est la piste 4. Un violon suivant nos deux larrons tout au long de ce sermont sur l'amour néon.
Le dernier morceau qui nous annonce que Dieu aura le dernier mot, est chanté sur fond de piano blues et est appuyé de quelques excentriques violons. Malinowski chante comme si il avait passé la nuit à dos de cheval, whisky en bouche, tandis que Béatrice pousse la note comme si ses belles cuisses avaient carressé les flancs d'un étalon toute la nuit aussi. Chaque fois que le mot "again" est prononcé dans ce morceau un grand frisson me passe dans le dos.
La chanson et l'album se terminent d'ailleurs sur ce mot: "again"
Oui. Encore.
Béatrice Martin et Jay Malinowski ne sont plus un couple.
Les cowboys/cowgirls sont toujours des héros solitaires.
Mais cet amour accidentel aura au moins enfanté un petit délice.
Mon amour accidentel pour cet album, lui, durera surement.
20 minutes de musique du genre, c'est juste assez long pour occuper musicalement un aller-retour à la taverne et faire le plein de whisky à dos d'âne.
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