Coralie Caracol était en amour avec un pianiste. Bon, en amour c'était peut-être un peu fort. Elle le désirait fortement. Elle était tout ce qu'il y a de plus groupie et elle c'était le guitariste ou le chanteur qu'elle aurait voulu dans sa besace mais le plus joli de ce groupe de jeunes étudiants en musique c'était le pianiste. C'était lui qui avait des airs de Larry Mullen Jr.
D'une beauté suprême elle-même mais ne se l'étant jamais réèllement fait dire, elle n'avait jamais réèllement cru en ses chances avec le pianiste qui était aussi à l'ocassion claviériste. Le groupe jouait du jazz, du funk, du Fela Kuti. Devant des foule composées d'amis surtout. Pas complètement sa tasse de thé à elle mais toute l'énergie que le groupe dégageait, tout ses sons qui les faisaient bouger et s'exciter...rien ne pouvait la convaincre davantage que toute musique n'est pas un brin sexuelle.
Le pianiste l'a remarquée dans l'entourage du groupe. Tout mâle l'aurait remarquée dans sa jupe très courte. Lui était le fils protégée de sa maman, le petit dernier qu'on couvait sous trois soeurs ainées. Il avait l'habitude inconsciente qu'on s'occupe de lui. Coralie le trouvait beau. Pas beau comme un fils, beau comme Brad Pitt. Ses phéromones phénoménales pétillaient dans un feu d'artifice qui lui brûlait le bas du ventre les soirs de spectacle.
Elle s'en confesserait à un ami. Un collègue de travail avec lequel elle s'accorderait une nuit au lit, ne serais-ce que pour voir si elle n'était pas trop rouillée. Et afin d'exorciser cette attirance qu'elle avait pour ce collègue qui lui plaisait mais qui avait une adresse.
Un soir Coralie la groupie et le pianiste se sont embrassés. Ils sont officiellement devenus un couple. C'était un peu avant Noël. Elle irait passer Noël dans sa famille, (la sienne étant si compliquée). Toutefois le soir du réveillon, alors que tout le monde s'amusaient, elle tomberait malade. Il lui suggèrera d'aller se coucher et elle le fera, soulignant qu'il faudra la réveiller pour la fête de fin de soirée.
Elle fût promptement oubliée. Lui s'occuper de quelqu'un? Jamais ça ne lui était réèllement arrivé. Coralie vomit beaucoup ce soir-là, dans l'indifférence presque totale.
La ronde des déceptions allait commencer.
Le pianiste, malhabile avec elle, allait vite se désinterresser de Coralie. Il y avait tant de conquêtes possibles dans ce public qui dansait chaque soir de représentation. Les vomissements ne cesseraient pas jusqu'à ce qu'un ami lui souligne que c'était peut-être un enfant qui se taillait une place en elle.
Après vérification, c'était bien ça. Elle attendait un enfant. Dans sa grande confusion elle en fît part au pianiste. Celui-ci, encore plus confus cru tout de suite que cet enfant était de lui. Créé dans leur seule relation sexuelle depuis le début de leur union. Les temps de concordaient pas, c'était plutôt l'enfant du collègue de travail. Elle le réalisa. Pas le pianiste qui ne savait rien du collègue de travail. Coralie appela son collègue de travail. La stupeur paralysante.
La panique du trio devint totale. Le pianiste se réfugia derrière sa mère, le collègue de travail ne savait plus quoi faire, Coralie était désemparée. Le collègue de travail voulut dire au pauvre pianiste que ce problème était plutôt le sien mais ne s'en trouva pas capable. Coralie gardait le secret elle aussi. Elle et le pianiste avait déjà choisit la coûteuse option de l'avortement. Ce seraient les parents et les soeurs du pianiste qui aideraient à payer tout ça.
Le collègue de travail, déjà papa, allait devenir papa en extra-conjugalité. Le bébé à naitre allait être avorté sans sa contribution, ni morale, ni financière. Ceci le rendait horriblement confus.Il n'allait être qu'un pion sur un damier. Son escapade on-the-side serait effacée d'un coup d'aspirateur.
Quel bouleversement pour les trois du point de vue du collègue de travail.
Pour les deux du point de vue du pianiste.
Pour les quatre du point de vue de Coralie.
Coralie ne dirait rien au pianiste. Elle lui ferait croire que ce bébé était le sien, elle laisserait ses beaux-parents et ses belles-soeurs sortir l'argent pour s'occuper de tout ça. Elle n'en dormirait plus la nuit. Étais-ce la bonne décision?
Le pianiste, dans sa grande lâcheté avait négocié, contre l'argent de sa famille, de ne pas l'accompagner le jour du "nettoyage". Le collègue de travail, inexistant dans la vie du pianiste, allait lui, accompagner Coralie dans cette terrible expérience qui les rapprocheraient davantage avant de les éloigner l'un de l'autre pour toujours. Mais comme si le scénario avait été écrit d'avance, un froid matin de janvier, alors que la poussière n'était pas encore complètement retombée, elle perdit le bébé.
8 jours avant le rendez-vous pour "le grand nettoyage". Personne n'aurait à débourser un sou. Tout était soudainement solutionné.
Tout le monde allait survivre à la grande frousse. Pas le bébé. Pas le couple de Coralie.
Le pianiste allait mettre fin à sa courte relation avec Coralie sans jamais n'avoir eu connaissance de l'étendue du rôle du collègue de travail. Celui-ci allait réussir à obtenir un transfert dans une autre province.
Ensemble, Coralie et lui avaient écouté La Vipère du Gabon de Vincent Delerm avec beaucoup d'émotion.
Deauville Sans Trintignant du même auteur avec encore plus d'émotion. Coralie se sentait si seule dans sa peine.
Elle s'en remettera étonnament rapidement. Petite mais forte, elle trouvera l'amour, le vrai chez un jeune homme appelé Vincent...Elle et lui auront deux enfants. Ils seront plus qu'heureux. Ils incarneront le bonheur.
Vincent lui rappellera toujours, ne serais-ce que par son prénom. Les deux chansons de Delerm.
Et cet hiver infernal de 2001.
Voilà pourqui elle ne l'appellera jamais par son prénom mais le rebaptisera Charmboy.
Une incarnation complètement sienne.
Qui lui ferait oublier sa peine.
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