Étudiante elle avait eu le luxe d'être parmi les premières femmes à aller à l'université. Noire et instruite, ça ne courait pas les rues non plus. Elle avait étudié à l'université du Massachussetts où ils n'étaient que trois étudiants noirs.
Elle avait voyagé en France, en Suisse, elle avait participé au Festival de la Jeunesse d'Helsinki en Finlande. Nous sommes en 1962, elle dût retourner aux États-Unis afin de se faire interveiwer par le FBI sur ses liens avec le parti communiste. Avide lectrice de Sartre et Camus, elle est aussi la fille d'une mère qui travaille pour le Congrès des Noirs du Sud, un repaire à communiste. Le Festival de la Jeunesse d'Helsinki était aussi commandité par les forces communistes. Davis, effectivement est très attirée par le mouvement. Avec l'aide de l'Université du Massachussetts, elle étudie à Biarritz et en Sorbonne en France, et approfondit ses connaissances de Sartre.
Elle est en France en 1963 quand un membre du ku-klux-klan fait sauter une église de Birmingham en Alabama tuant 4 adolescentes qu'Angela connaissaient personellement. Elle s'en trouve très affectée. Elle apprend à devenir étudiante, activiste et révolutionnaire. Elle est diplômée en philosophie de l'Université du Massachussetts puis diplômée à nouveau de l'Université de Frankfort en Allemagne en 1965. Le mouvement des Black Panthers prend de l'ampleur aux États-Unis et c'est un appel pour Angela Davis. Elle fera une maitrise en philosophie à San Diego puis un doctorat en philosophie de l'Université de Humboldt à Berlin-Est.
Devenue professeure à UCLA, elle est aussi en 1969, une féministe radicale, une intense activiste, une membre officielle du parti communiste des États-Unis (et une rare noire à bord du parti) et est associée au mouvement des Black Panthers.
C'est une femme instruite qui dérange. Ronald Reagan, alors gouverneur de la Californie, ne la voit pas dans sa soupe. Il la fait perdre son emploi sous prétexte qu'elle est membre du parti communiste. Elle perd son job mais le poursuit en cour et gagne sa cause. Toutefois Reagan la veut loin des projecteurs et réussit à convaincre l'université de la limoger à nouveau car elle utilise des propos diffammatoires en classe (elle parle des policiers entre autre en les appelant continuellement "pigs").
C'est là que sa vie prend une drôle de tournure.
En août 1970, Jonathan Jackson, un jeune noir de 17 ans, entre au palais de justice dans le but d'exposer au monde entier les mauvais traitements que les noirs subissent en prison. Il entre lourdement armé, donne des armes à deux noirs dans le box des accusés, les frères Soledad, s'en fait des alliés dans une prise d'otages qui tourne horriblement mal. La police de Californie tire dans le tas sans discrimination tuant le juge, un des jurés, l'avocat de la couronne et les trois noirs.
Bien qu'Angela Davis n'ai pas pris part à la prise d'otages, les armes ont été enregistrées sous son nom. De plus, on apprend que Davis et Jackson ont correspondu longuement. Davis encourageant vivement Jackson à se battre pour défendre sa vision des choses.
Pour la mort du juge, Davis devient la troisième femme mais la première noire à apparaître sur la liste des 10 fugitifs les plus recherchées du FBI. Car Davis se cache. Elle déménage la nuit et c'est deux mois plus tard qu'on la rattrape dans un Motel de New York. Quand on apprend que les armes étaient bien les siennes, elle est envoyée en prison et y restera jusqu'en février 1972. Elle prétend toutefois ne jamais les avoir laissées à Jackson (il les auraient volées). Malgré l'appui et le soutien de nombreuses personalités publiques qui la déclarent comme elle se présente: innocente et en prison simplement pour avoir un tempérament embrasant.
Jagger et Richards s'inspirent d'elle pour un somptueux morceau. Jonh & Yoko font de même.
Elle visite Cuba à sa sortie de prison et son passage est si populaire là-bas que les gens adoptent le style de cheveux "afro" qui sera réglementé par le gouvernement quand il sera jugé "hors de contrôle" par celui-ci.
Devenue militante (puisqu'associée à...) pour l'éveil sur les mauvais traitements réservés aux noirs en prison, elle rencontre en 1975 l'auteur soviétique Alekasander Soljenitsyne, qui a connu sa part de torture dans les goulags.
En 1980 et en 1984, elle tente de devenir vice-présidente du parti communiste mais perd les deux fois. Elle milite pour l'abolition complète des prisons qui sont, selon elle, une nouvelle forme d'esclavage. Elle propose des projets de réhabilitation communautaires (comme les HLM créés pour aider les moins fortunés) pour les remplacer.
Elle écrit beaucoup sur le racisme aux États-Unis, les prisons et leurs états à travers le monde, sur l'histoire des noirs et sur ses visions d'avenir pour les noirs d'Amérique. Elle donne aussi plusieurs conférences à travers le monde.
Elle n'est plus membre du parti communiste mais bien du Comité des Correspondants pour la Démocratie et le Socialisme. Elle a aussi fondé l'Agenda des Féministes Africaines-Étatsuniennes.
Depuis février 2007 elle enseigne l'histoire dans le Département de la Conscience Sociale de l'Université de Californie à Santa Cruz.
La tête d'Esperenza Spalding, qui sera présente au Festival de Jazz de Montréal l'été prochain, m'a rappellé au bon souvenir de Mme Davis.
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