La région de l'Auvergne lui sera si chère qu'il en adoptera le pseudonyme et y écrira une bonne partie de son oeuvre.
Jeune homme solitaire, il est féru de poésie classique et de littérature romantique et tourmentée, de André Gide à DH Lawrence. A 15 ans, un professeur d'anglais lui ouvre des horizons musicaux, essentiellement orientés vers le jazz et le rhythm'n'blues.
Ses beaux yeux bleus font de lui un père et un époux dès ses 17 ans. Il divorce rapidement et erre entre Paris et les montagnes qui lui offrent des emplois dans des stations de ski. Les montagnes lui rappelle l'Auvergne, là o;u il retournera bien assez vite afin d'y mettre sur pied le groupe Clara. Groupe dans lequel il chante, joue du saxophone, de la guitare et compose les morceaux. L'expérience collective de ce solitaire naturel ne dure pas.
Nous sommes au début des années 80, Murat enregistre alors un 45 tours en solo qui sera vite censurée par les radios mais qui suscite une attention certaine grâce à son titre (suicidez-vous le peuple est mort). Murat situe d'emblée son répertoire dans un registre sombre et romantique, désespéré et poétique.
Un mini-album de 6 titres parait en 1982 et passe relativement inaperçu. Deux ans plus tard, il lance 10 titres sous la disque Passions Privées. Tellement privées que le public ne s'en formalisera pas, sa maison de disque le laisse alors tomber.
Le répertoire de Murat se situe d'emblée dans un régistre sombre et romantique. Isolé dans les montagnes, il l'est aussi dans les zones commerciales. Déprimé et tentant sans cesse de se tailler une place dans le monde de la musique, il passe 5 ans à peaufiner sa maitrise de plusieurs instruments et son écriture musicale. Ce n'est qu'en 1987 que le succès lui sourira avec un hit qui le fait connaître partout en Europe. Une chanson qui vieillit encore bien. Si il devient populaire c'est grâce à son étiquette anglaise Virgin qui lui fait totalement confiance. Le succès de la chanson a un effet sur les ventes de son album Cheyenne Automne qui sort deux ans plus tard, en 1989. Son son est glacé et tout en ambiances. Le son Murat prend forme.
Maintenant qu'on lui prête attention, il choisit de faire découvrir sa région et invite les gens à découvrir son Auvergne chérie. Il performe ses chansons dans un film sur vidéo qui rend hommage à sa région et au monde paysan.
En 1990, le cinéaste Jacques Doillon lui offre un rôle au cinéma dans La Vengeance d'une Femme, avec Isabelle Huppert et Béatrice Dalle.
Il lance Le Manteau de Pluie en 1991. Sur cet album c'est Neil Conti, du groupe anglais Prefab Sprout, qui tient le rôle du batteur. La même année il enregistre avec Mylène Farmer un duo qui lui donne beaucoup de visibilité.
Deux ans plus tard il enregistre en 6 jours l'album Venus et part pour la première fois en tournée. D'une timidité maladive, il peine à entrer en contact avec le public qui est toutefois au rendez-vous. Un album en concert en naït l'année suivante. Il est claire que ce ne sera jamais sur scène qu'il s'épanouira.
D'autres artistes français s'ingtéressent à Murat et lui passe des commandes. Murat écrira pour Johnny Hallyday, Jeanne Moreau, Mireille Mathieu, Patrick Bruel, Indochine et Sylvie Vartan. Toutefois le style particulier de Murat fait en sorte que seule Sylvie Vartan enregistrera ce qu'il lui a écrit (et Julien Clerc en 1990).
Il participe à plusieurs enregistrements hommages, entres autres à Joe Dassin et Leonard Cohen, son idole.
1996 est une grande année pour lui. C'est l'année que je le découvre, par hasard, à cause d'un pochette osée alors que je suis disquaire. Ce disque est probablement son plus gros succès populaire. Murat considère pourtant cet album comme un album mineur, de transition. Encore aujourd'hui je l'écoute régulièrement sans m'en lasser. Album tendre et mélancolique, moins obscur que d'habitude, il donne lieu à une tournée confidentielle de quelques salles en 1997. Seul sur scène avec un claviériste, Murat, toujours aussi peu à l'aise sur scène, présente un spectacle au dépouillement total et dont la seule fantaisie tient dans des images de l'Auvergne projetées en fond de plateau. A la fois séduit et désarçonné, le public est cependant toujours au rendez-vous. La tournée 1997 donne lieu à un live "Live in Dolores" qui sort en avril 1998.
Si le contact avec le public est difficile depuis la scène, Murat crée en 1998 son propre site Internet dans lequel l'artiste se dévoile timidement à travers la littérature, les vaches et la recette de la potée auvergnate (excellente!). Un peu ermite, Murat n'en est pas moins concerné par le monde qui l'entoure et son implication dans de nombreuses luttes n'est pas feinte. Militant depuis longtemps au sein d'Amnesty International, il prend aussi fait et cause pour les Kurdes et pour l'enfance maltraitée.
Il enregistre aux États-Unis Mustango, (mon album préféré) avec deux membres de Calexico. Il enregistre à New York et à Tucson en Arizona. Loin de la dépression auvergnate déconnectée du monde, Murat nous revient avec des titres ancrés solidement dans l'actualité la plus violente. Une américanité fort agréable. Il croise P.J. Harvey en studio et s'en inspire le temps d'un morceau. Il repart en tournée et en sort un autre album en spectacle fin 2000.
Moins de deux ans après Mustango, Jean-Louis Murat sort un album étrange: Madame Deshoulières inspiré de textes du XVIIIème siècle écrits par une jeune femme née en 1638, Antoinette Deshoulières. Sur une partition qui mêle la modernité musicale du chanteur à une partie baroque composée par Daniel Meier, c'est la comédienne Isabelle Huppert qui dit les poèmes donnant une dimension singulière à cette œuvre à part dans son répertoire.
Auteur prolifique, il écrit sans relâche et comme pour rattraper les années perdues, sort un nouvel album pratiquement tous les ans. En 2002 c'est Le Moujik et Sa Femme, en 2003 l'excellent Lillith. 23 morceaux sont composés pur ce seul album. l'inspiration de Murat mène ses compositions vers le terrain de ceux qu'il admirent, Neil Young et consort. Très inspiré, Jean-Louis Murat cisèle comme de coutume, des textes parfois sombres mais toujours emprunts de poésie.
A Bird On A Poire, sorti en 2004 avec la chanteuse d'Elysian Fields jennifer Charles et la bassiste Fred Jimenez, est une collection de chansons pop qui puisent dans les années soixante leur fraîcheur juvénile. L’occasion pour le chanteur de réaffirmer sa liberté artistique et sa volonté d’exposer des artistes de qualité auxquels les maisons de disques ne font pas attention.
En 2005, il n'est pas raisonnable et sort trois projets de front:
Un poème de 1000 vers, illustré par Murat accompagné d'un cd et d'un dvd, tiré à 1000 exemplaires et disponible uniquement sur son site, Une adaptation en musique de textes du chansonnier de l'Empire napoléonien, Pierre-Jean de Béranger (1780-1857) et un nouveau cd, intime et ample à la fois.
Il sort Toarmina en 2006, avec des sonorités blues rock où la guitare domine. Les textes, toujours aussi inspirés, évoquent des thèmes chers à l'artiste, comme la mort ou la quête de l'amour.
Le fils de Léo Ferré, Mathieu, à la tête de l'étiquette La Mémoire et la mer, le contacte et lui demande de travailler sur des reprises de poèmes de Charles Baudelaire, mis en musique par son père. Il s'agit de 22 textes tirés des Fleurs du Mal. Ils furent enregistrés sur cassette, dans une version piano/voix et confiés juste avant la mort de l'auteur de Avec le temps, à sa famille. 12 titres seront enregistrés par Murat sur l'album Charles & Léo en 2007.
Murat évoque la douloureuse passion de Tristan et Iseult sur fond de guitare, piano, basse, trompette de cavalerie et cor de chasse en 2008 sur Tristan, album poétique, sensuel, où la réflexion sur le malheur qu'il propose à ses auditeurs est quasi-philosophique.
En 2009 il enregistre à Nashville, Le Cours Ordinaire des Choses avec des chanteurs et des musiciens qui ont collaboré avec Al Green, Roy Orbison ou encore R.E.M, et viennent enrichir la voix de Jean-Louis Murat de violons, de guitares électriques et autres pedal steel qu’ils maîtrisent à la perfection.
Murat en hiver je trouve ça aussi bon qu'un muscadet de fin d'après-midi du vendredi.
Quoi? C'est pas l'hiver? Pas grave il y a neige et froid.
Froid et Murat, je serre ça très fort dans mes bras.
Merci la vie pour le timide Jean-Louis Murat.
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