(Huit Fortuits)
Le prolifique réalisateur suédois Ingmar Bergman a établi de durables relations de travail avec plusieurs de ses acteurs et actrices. Travaillant avec la plupart sur scène de théâtre avant de le faire sur pellicule cinéma ou à la télévision.
Non seulement était-il leur ami, mais quelques une ont aussi été ses amoureuses, un temps. Ils ont travaillé ensemble sous toute sortes de formes autre que le jeu. Parfois à l'écrit, parfois à la co-réalisation, à la réalisation et à la production.
Les 8 personnalités que je vous présente sont tous uniques et ont tous été des rencontres fortuites pour Bergman et vice-versa. Les univers des uns et des autres ont été une constellation de bouleversements parfois malheureuse, plus souvent, heureux en compagnie les uns des autres. Dans le corpus Bergman, les artistes suivants en sont les joueurs clés que vous croiserez d'un film à l'autre sur ses 46 longs-métrages de fiction ou films pour la télé.
Upprepning. Récurence.
Passion.
D'abord découverte adolescente dans les pubs que Bergman avait tourné avec elle pour les savons bris, Ingmar faiblit face au charme de sa jeunesse (elle a 15 ans). Il l'utilisera souvent afin de justement incarner la pétillante jeunesse, pleine d'espoir, d'humour et d'innocence, et plus tard dans sa carrière, afin de lui faire jouer les femmes modernes à l' esprit-libre. Elle sera utilisée pas moins de 11 fois dans les films de Bergman. Elle est un vent de fraicheur dans les rêves éveillés de Isak Borg (incarné par Victor Sjôström) lorsqu'elle le garde éveillé dans Les Fraises Sauvages. Son rôle de Sara dans ce film est à l'image des rôles qu'elle tient dans la première partie de sa carrière pour Ingmar. La détresse commence à s'immiscer dans les rôles qu'elle incarne par la suite alors qu'elle fait le saut en Amérique du Nord, tournant, entre autres, pour John Huston dans les années 70. Elle sera aussi de Quintet de Robert Altman. Gagnere l'Ours d'Argent pour sa performance dans La Maitresse de Vilgot Sjöman, en 1963. Elle est décédée en avril 2019, à 83 ans,
Rôle titre de Monika, un film écrit spécifiquement pour elle par celui qui serait un temps son amoureux, elle est celle qui me fait définitivement le plus d'effet. Jouant souvent des rôles difficiles, impulsifs, intenses, de Femmes de milieux ruraux, troublées, et parfaitement consciente de la sexualité qu'elle dégage. Ce seront 10 rôle qu'elle incarnera pour Bergman sur grand écran. Elle est extraordinaire dans À Travers le Miroir, film qui se méritera l'Oscar du meilleur film dans une langue étrangère en partie grâce à sa remarquable et très séduisante performance. Elle est bouleversante dans l'agonie d'une mort parfaitement insupportable dans Cris & Chuchotements. Elle a aussi travaillé aux États-Unis, avec Sidney Lumet, puis, avec Lars Von Trier, en 2003. Elle est toujours bien vivante, à 89 ans. En aura peut-être 90, à la prochaine St-Valentin.
Gunnar Björnstrand
Formé d'abord et avant tout en comédie, il est un facteur important de l'inclusion d'un zest d'humour dans les films de Bergman qui n'a jamais été reconnu pour faire rire. Il fait son entrée ici, à la première heure du film L'Attente des Femmes de 1952, de Bergman. La chimie est si bonne entre les deux hommes, ils s'apportent tant à l'un et à l'autre qu'ils feront ensemble 19 films. Björnstrand jouant assez souvent l'alter ego de Bergman lui-même, souvent pairé avec Max Von Sydow. Les deux représentant deux part importante de la personnalité de Bergman, la torture et la légèreté. Dans Les Communiants, il tient le film presqu'à lui tout seul dans un rôle dramatique pourtant si loin de ses origines comiques. Il est décédé en 1986, à 76 ans.
Un ami à vie de Bergman, Erland a travaillé consécutivement sur 15 films d'Ingmar en plus de co-scénariser au moins deux fois avec lui pour la télé. Il a aussi réalisé un film pour la télé que Bergman a produit. Ingmar l'a souvent choisi pour jouer les frustrés, les égocentriques, les intellectuels risibles, caractéristiques pas mal toutes réunies dans son rôle de Johan dans Scènes de la Vie Conjugale, récemment refait aux États-Unis, avec Oscar Isaac et Jessica Chastain, idée relativement grotesque, puisque l'original de Bergman avait la particularité de saisir une nouvelle tendance de l'époque (le début des années 70), de plus en plus courante, la séparation entre mariés. Ce qui n'a rien de tellement anormal de nos jours. Josephson a aussi été choisi pour Saraband, une suite tardive de Scènes de la Vie Conjugale. Erland a aussi travaillé deux fois avec un autre très grand et estimé réalisateur (du moins, pour moi) Andrei Tarkovsky. Il est décédé en 2012, à l'âge de 88 ans.
Gunnel Lindblom
Bien que rarement une actrice de premiers rôles, elle a eu des moment très significatifs dans les films dans lesquels il l'a fait jouer. Elle était de 8 de ses films. Ses traits si fins, son regard perçant ont toujours était fameux à l'écran. Magnétiques. Son rôle d'Anna dans Le Silence restant l'une de ses performances les plus déterminantes dans l'oeuvre d'Ingmar Bergman. Elle sera de l'excellente adaptation de La Faim de Knut Hamsun en 1966 et beaucoup plus tard de l'adaptation de David Fincher de The Girl With The Dragon Tatoo. Dans les années 70, elle a choisi de devenir réalisatrice et Bergman a produit ses deux premiers films. Les 2 Andersson et Lindblom ont beaucoup de plaisir à tourner ensemble The Girls pour Mai Zetterling en 1968. Elle est décédée le 24 janvier dernier, à 89 ans.
L'actrice ressemble beaucoup à une de nos amies, ce qui reste toujours troublant pour l'amoureuse et moi. Voulant continuellement ne pas jouer les rôles de la "belle de service" (un autre trait de personnalité de notre amie!) elle demandait à Bergman de lui offrir des rôles difficiles et compliqués. Psychologiquement torturés. Elle a beaucoup joué l'anxiété l'angoisse, la douleur physique et émotive. L'un de ses moments forts dans ses 10 collaborations avec Ingmar sera son rôle de Märta dans Les Communiants, une femme victime de graves crises d'eczéma. Elle a joué pour le flop international de Vincente Minnelli en 1962, mais pour Alain Resnais aussi et brillamment dans un grand film de Visconti. Elle est toute en finesse en brue dans Les Fraises Sauvages de Bergman et dans l'intense Cris & Chuchotements de 1972. Elle est décédée en 2004, à l'âge de 77 ans.
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J'ai fait un face à face involontaire avec Ullmann, dans les années 90, à la présentation de son film Sofia, au Festival des Films du Monde de Montréal. C'était un moment surnaturel où nos yeux se sont rencontrés très précisément, trop précisément, ce qui nous as tous deux forcés à sourire. Moment 100% charmant. Et Impromptu. On m'a vite écarté du chemin. Ullmann a été une part importante de la vie de Bergman, en étant aussi son amoureuse. Ils ont continué à travailler ensemble malgré la fin de leur liaison. Elle a joué toute la gamme des émotions sur grand écran, comme en privé probablement. Bergman a trouvé en elle la candidate parfaite afin de tenter de sonder l'âme humaine le plus adéquatement possible. La découvrant dans un rôle pratiquement muet en 1966, elle fera 9 autres films avec Ingmar. Avant de se tourner elle-même vers la réalisation. Deux scénarios de Bergman seront tournés de sa main habile. Malgré le côté indissociable des carrières Liv et Ingmar, elle considère que ce qu'elle a fait de mieux se trouve chez Jan Troell. Elle a aussi tourné quelques fois aux États-Unis. Elle aura peut-être 83 ans, à la mi-décembre prochain.
Il fera 11 films entre 1957 et 1971 avec son ami Ingmar. Jouant souvent les artistes, les fragiles, les pauvres ou les hommes luttant pour simplement subsister le plus simplement possible sur terre, ou ailleurs :) Il est décédé le jour de l'annonce de la pandémie mondiale. Qui allait nous confiner, pour la plupart, trois jours plus tard.
Et nous permettre de revisiter l'oeuvre de Bergman, qui fête cette année les 75 ans de son tout premier long métrage.
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