La productrice de film avait acheté un chalet en Irlande. Un chalet en retrait, avec vue imprenable sur l'Irlande rurale. Très, trop, isolé. Un rêve de jeune fille, elle y avait passé ses étés d'adolescente. Mariée une première fois, celle qui était un croisement de jeunes Isabelle Huppert et Marie-Christine Barrault, elle avait eu, de ce premier mariage, un garçon. Qui avait, ce Noël-là, 14 ans. Elle était maintenant, mal mariée à un important producteur de film français. Probablement le plus influent. Elle était Française.
Était...
Le journaliste était anglais d'origine, mais installé dans le petit village de quelques 700 habitants depuis quelques années. Se faisant les dents comme jeune journaliste. Là où tout le monde se connaissait et que tout se savait, de toute manière. Mais savoir n'est pas toujours utile.
Elle avait 39 ans, lui, il en avait exactement le même âge. Une femme dira qu'elle avait été avisée, en France, que la femme de 39 ans avait un rendez-vous avec ce journaliste. Qui prétendra ne pas connaître la victime. Car oui, la belle Huppert/Barrault, sera retrouvée assassinée, défigurée au point d'être méconnaissable aux portes de son terrain, une pierre et une clôture ensanglantée près des ronces de cette clôture d'entrée. On trouve son cadavre à elle, à 11h40. Certains diront que ce même journaliste, tentait de vendre des photos de la scène du crime dès 11h le matin aux journaux. Une autre, dira qu'elle a clairement vu ce journaliste près de sa boutique, boutique qui avait été visitée par la victime, la fin d'après-midi avant la mort de la femme.
Tout les monde est d'accord pour dire qu'il avait les avant-bras très grafignés, comme si...il s'était battu dans les ronces...Mais monsieur est aussi jardinier. Et cette blessure au front? un sapin de Noël qu'il aurait coupé quelques jours avant. On remarque que, peu de temps avant le meurtre, ce journaliste avait travaillé pour le voisin le plus direct de la femme. Il aurait facilement pu l'entrevoir et la remarquer là. Prendre contact pour un rendez-vous. Rien chez la victime ne montrait des signes d'entrée par effraction. Il y avait même deux verres près de l'évier, même si elle était alors, prétendument seule.
Le journaliste était en couple depuis 4 ans déjà avec quelqu'un d'autre. Quelqu'un qu'il avait pris la mauvaise habitude de battre. Au point qu'elle dû être hospitalisée. Sous l'effet de l'alcool, ce journaliste, aussi poète, à la personnalité narcissique, devenait facilement violent, rigide, impulsif, égocentrique, intolérant aux moindres frustrations, et surtout, très friand de la publicité autour de lui. Quand on a commencé à enquêter sur le meurtre, des histoires assez sales pouvant mener sur toutes sortes de pistes sortaient dans les journaux sur la victime. Pour la plupart, toutes fausses. Son auteur? Ce journaliste, le poète. Voulant tourner les regards ailleurs que sur lui? On a fini par trouver que tout menait à lui. On l'a arrêté. Mais devant l'absence de preuves plus concrètes, on a dû le libérer. La police, qui ne regroupe vraiment pas souvent la crème de la société, sera lamentable dans tout ça. Contaminant toutes les scènes de crime, perdant même, la pierre ensanglantée servant à la tuer.
Quand son comportement, au journaliste, deviendra toujours plus étrange, violent, intoxiqué, il fera quelques confessions. À un ado de 14 ans qu'il prend sur la route. À un ami qui vient le voir se demandant si tout va bien dans sa tête, il lui lance que ce serait lui, cet ami, qui aurait tuer la belle femme. Comme si il avait voulu confesser son crime, mais l'avait projeté sur un autre. On l'arrêtera une seconde fois. Mais on sera encore aussi gauche et incapable de rien contre lui. Il sera relâché. Même si tout le monde, dans le village, commence à comprendre. La partenaire du journaliste et celui-ci disent d'abord qu'ils dormaient quand le meurtre serait survenu, mais quand la partenaire du journaliste change d'idée et dit que non, vers 22h00, il est sorti du lit et n'est revenu que vers 9h du matin, blessure au front, le journaliste change aussi sa version pour dire qu'il s'est levé pour écrire pendant une trentaine de minutes, puis est retourné au lit.
Assoiffé de notoriété, le journaliste entamera une première poursuite contre 6 journaux qui le pointent facilement comme le potentiel assassin. Mais le processus se retourne contre lui. Ceux, hors du village, qui ne savait rien, savent maintenant beaucoup avec ce procès. Et tout le monde comprend la même chose. Il a tout pour être l'assassin. Toutefois, en Irlande, quand on vous as arrêté 2 fois pour le même crime, et qu'on ne vous as accusé de rien, on ne peut le faire une troisième fois. Le journaliste perd sa cause contre les journaux. Parce qu'ils ne font que comprendre ce que tout le monde comprend. Le salaud s'en tire.
Il intente un second procès, contre la police irlandaise qui ont terni aussi son nom. Mais perd aussi son second procès. D'autant plus que celle qui l'avait placée autour de la victime, le jour du meurtre, après s'être plainte pendant des années qu'elle avait été harcelée et menacée par le journaliste, semble avoir capitulée et dit avoir finalement menti. Raconte une histoire abracadabrante voulant qu'elle eût été vue avec un autre homme que son mari ce jour-là, et que la police lui aurait dit qu'elle garderait le secret si elle faisait croire de l'avoir vu. Mais quand on lui demande qui était cet homme qui n'était pas son mari, elle ment encore. On sent la fatigue chez elle. Elle ne veut être mêlée à tout ça. Sa vie est un enfer.
Mais le journaliste bien qu'il perd encore son second procès, expose toutes les lacunes impardonnables de la police irlandaise. Ceux-ci paraissent terriblement mal. Le journaliste restera libre. Difficile à engager, mais libre. Il vend des poèmes en ville, est une personnalité dans son village. Il a la notoriété mais peut-être pas celle souhaitée.
Mais il n'est pas inquiété.
Même si le journaliste poète parlait déjà d'une enquête sur le meurtre "d'une française" information alors divulguée pour la première fois plusieurs heures plus tard, même si TOUT pointe vers lui, il restera libre.
Mais assurément encagé de l'intérieur.
En France, on lui fait un procès in absentia, et il écope de 25 ans de prison ferme. Mais l'Irlande refuse de l'extrader. Car sa police paraitrait alors encore beaucoup trop mal si tout le monde exposait leur ratées.
En 2020, on décide, en Irlande, que le journaliste ne pourra pas être extradé en France.
En 2021, trois épisodes de Netflix, sous les titres de L'Affaire Toscan-Du Plantier ou Sophie: A Murder in West Cork, racontent cela mieux que moi.
Et c'est révoltant.
Encore récemment, le vieil homme dérangeait l'actualité de bizarreries.
Rien ne ramènera la belle Sophie.
La vie est parfois animale et c'est pas normal.