La station de diffusion de vidéo musicaux télé MTV naissait au même moment que la formation de Birmingham au début des années 80.
Les deux allaient mutuellement se propulser au sommet du monde populaire. La station télé avait besoin d'artistes charismatiques à promouvoir et Duran Duran, dont la musique ne jouait pas à la radio, leur offrait du clip tourné au Sri Lanka ou dans les Antigues, au lieu du traditionnel band chantant devant un micro, ou sur scène. On vendait alors charme, sentiment d'aventures, musique et exotisme.
La formation serait l'une des toutes premières, sinon la première à offrir des clips sur pellicule 35 mm, au lieu de l'habituel tournage Beta. Plus près du Mad Max et du Raiders of the Lost Ark, alors très populaires au Cinéma, Russell Mulcahy, futur réalisateur de films, en tournera 11 avec les boys. Le photographe Dean Chamberlain, les cinéastes Chen Kaige, Julien Temple, Mark & Micheal Polish ont aussi bénéficié d'une vitrine pour lancer leur carrière en travaillant avec eux. Nick Rhodes dira des vidéos qu'ils auront été à Duran Duran, ce que le son stéréo aura été à Pink Floyd. Les clips d'Europe semblaient du caviar aux équivalents Nord-Américains. On demandait Duran Duran, Tears For Fears, U2 ou Def Leppard. Les clips changeaient la business alors que les chansons étaient en demande trois mois avant leur sortie. On pouvait alors mieux évaluer les décisions d'affaires à prendre, selon l'intérêt suscité par 3 mois de pub.
De plus, l'équipe avait la bonne idée d'engager des top modèles pour jouer dans leurs clips, ce qui avait un écho important au pré-ado/ado testostéroné que je devenais.
En votant pour mes 5 vidéos préférés de DD, pour le compte d'une sondage de leur compte Twitter, j'ai revisité leur plus de 40 vidéos pour le faire et choisi de vous en présenter mes 10 coups de coeur. Si j'avais inclus des clips d'Arcadia, un des projets parenthèses du band, deux ou trois auraient probablement trouvé leur route à ce top ten.
Out of My Mind (1997)
L'album Medazzaland est le 9ème album du band et un album dont John Taylor quittera la formation pour se concentrer sur son 'ugly' divorce. JT ne sera que de 4 chansons et pas du tout du clip. Dean Karr tourne le vidéo dans l'historique château Krumlov, à Cesky Krumlov, en République Tchèque. On évoque les fantômes autour du trio LeBon/Rhodes/Cuccorullo mais ce qui me trouble davantage, le réécoutant en 2021, c'est cette première séquence où une femme habillée d'une autre époque, allume une chandelle, dans une scène tournée à l'envers, et qui me parait comme la sosie de Dolorès O'Riordan, ex-chanteuse des Cranberries, dont la mort précoce m'avait beaucoup troublé. Puisqu'on suggère des fantômes dans le clip aussi, double trouble. La chanson sera utilisée dans la trame sonore du film The Saint. Aucune image du film ne se trouvera dans le clip hanté de toutes sortes d'esprits. Notez le visage extrêmement vieilli de Simon Lebon, sous de grosses prothèses, vers 1:57 et qui revient vers 3:21.
Rio (1982)
J'ai longuement hésité entre Hungry Like The Wolf et The Union of the Snake qui offraient aussi tant de dépaysement. Mais je serai bientôt moi-même, de 1986 à 1996, au moins, toujours à l'eau, en voilier, donnant des cours de conduite de voiliers, de planche à voile, de conduite de catamaran surtout, en bateau moteur surveillant nos clients, encore plus. Le clip de Rio ne pouvait que faire écho à ma réalité. Mais c'est aussi le clip (avec The Reflex) qui plaçait le band au sommet du monde. Et ils sont si chics dans leurs costumes Anthony Price sur le yacht Ellean dans la mer des Caraïbes. Le clip nous présente le band dans plusieurs vignettes aux prises avec la top modèle, Reema Medawar, dont le corps et peinturé presqu'à la Maori. Et qui les tourmente tour à tour, Simon se retrouvant à l'eau (en chic habit mais pieds palmés...cheesy). On s'amuse beaucoup. John s'imagine en héros de magazine d'action, mais se trouve incapable de service un cocktail à une fille de plage, Roger est à la fois pincé d'un orteil par un crabe et pêché dans un filet par la top modèle. Andy, poids plume, est parachuté à l'eau par John. John, Nick et Roger prétendent jouer du saxophone. Fromage. J'aime le fromage. Le clip a été tourné par Mulcahy.
Come Undone (1993)
Cette jolie chanson, parlant des noeuds de la vie qui nous gardent tous plus ou moins paralysés, devait à l'origine être une proposition artistique en parallèle de Nick Rhodes avec Gavin Rossdale, chanteur de la formation Bush. Mais quand Warren Cuccorullo travaille un riff, Simon accroche tout de suite et compose un texte et une harmonie sur-le-champs. Rhodes ramène ce qu'il avait et à trois, on tricote ce très très joli morceau où la choriste Tessa Webb Niles y est tout simplement formidable. Julien Temple tourne ce clip tourné à l'aquarium Sea Life de Londres, et nous présente des requins et des poissons dans leur aquariums. Une modèle, enchainée, atterrissant dans l'eau, sert de lien (sans jeux de mots) entre des vignettes nous montrant des gens plein de noeuds les affectants, comme une petite fille témoin d'on ne sait trop quoi dans le cadre de la porte de la chambre de ses parents, d'une femme brisée par son alcoolisme et un homme prisonnier du secret de son travestisme. On nous montre aussi un couple de personnes âgées. trouvant réconfort ensemble, victimes d'une inondation. L'eau, habituel symbole de totale liberté, est habilement utilisé ici comme symbole d'étouffement. John joue de la base dans le clip mais pas sur le morceau enregistré en studio, c'est John Jones qui le fait.
(waiing for the) Night Boat (1982)
La chanson elle-même est très atmosphérique. Les gars voulaient se taper un film d'horreur. En étant moi-même plutôt fan par moments, et encore plus, plus jeune, ce clip m'a vendu la chanson, que j'avais moins remarquée sur disque, x 1000. Russel Mulcahy tourne aussi ce clip sur une île des Caraïbes où Roger, John., Nick & Simon semblent tenir une sorte de station d'essence. Andy arrive en bateau. Simon récite un discours de Mercurio dans Romeo & Juliet. On entend partout le son direct par dessus la chanson, ce qui ajoute une couche d'intérêt supplémentaire. Les 5 boys seront victimes, un à un de zombies. Ce qui était un vrai problème de société dans les années 80. (!) John est le premier à faiblir en subissant un inexpliqué malaise qui le fait d'abord hurler sur la plage avant de se faire pirouetter par des zombies dans la nuit. Andy est attaqué dans son sommeil, Roger encabanné par les Zombies avant d'en sortir...troublé? on ne sait pas...il est si inexpressif. Pas clair ce qui se passe avec Nick non plus qui commence habillé en noir, majoritairement inquiet, puis, semblant complice des Zombies, en blanc, dans la nuit, quittant à l'eau sur un bateau. Très George A.Romero, tourné en éclairage naturel, ce qui ajoute au réalisme. D'autant plus que les zombies étaient un réel réel problème dans les années 80. (!!) Pas encore 100% réglé, en tout cas, ici. (!!!) Le film/clip est un possible hommage au film Zombie 2, qui mettait en vedette une des soeurs de Mia Farrow et gagnant de 123 oscars cette année là (!!!!), dont les zombies avaient sensiblement le même maquillage et sortaient, entre autre, d'un bateau.
Girls on Film (1981)
J'avais 9 ans. L'impact était fort. d'autant plus que l'image, l'éclairage, bleuté donnait une impression de video illégal et underground. De voir une passerelle de mannequin et un ring me présenter tout ça...OUF! Je ne l'ai probablement pas vu à 9 ans, mais pas longtemps après, à un âge beaucoup plus sexuel, ça c'est certain. Et la version longue ne semble disponible que sur DVD, pas ailleurs. La version édulcorée pour la télé nous montre un premier mannequin battant improbablement un lutteur de Sumo dans un ring, une autre, en maillot de bain brésilien, vient faussement se noyer pour être sauvé en bouche-à-bouche par (Simon LeBon?), qui lui, après avoir réanimé la mannequin, se retrouve inanimé dans la (ridicule) piscine, on se moque des fétiches érotiques de l'infirmière et de la cow-girl à dos de cheval joué par un homme, on fait danser la bourgoeisie. Mais dans la version longue, il y a beaucoup plus. Une bataille d'oreillers dénudées entre deux mannequins féminins impliquant un poteau de danseuse, de la crème à raser et du baiser homosexuel et du champagne dans la poitrine l'une de l'autre. La cow-girl qui lave le corps de l'homme qui personnifiait son cheval et le tire en laisse par la suite, comme on le ferait d'un cheval. La "noyée" se faisant sécher, nue, tout en s'humidifiant de glaçons sur les seins. Deux femmes, presqu'entièrement nues, luttant dans la boue, dont la gagnante sera lavée à la hause. Très érotique. Trop pour l'époque. ça fera du bruit. Ce qui n'était que trop bon pour la publicité autour du band. Le band sera déçu des hauts cris autour de la prétendue misogynie, qui, faisaient manquer à tous leur critique de l'exploitation des Femmes dans le milieu de la mode. Godley & Creme sont responsables de ce clip.
New Moon On Monday (1983)
Tourné par Brian Grant, ce film de 17 minutes reste inégal. Mais avait eu un impact immense sur ma personne. Avec sa trame narrative suggérant une forme de nazisme qui contrôlerait les émotions et donc, le peuple. Le (long) clip débute avec un prologue dans un théâtre, en France occupée (enfranssè!), où une troupe peine à répéter sa pièce au goût du metteur en scène à qui on suggère de contrôler ses émotions. Ça se passe sous les regards de Simon LeBon, haut dans les gradins du théâtre qui lui, attire l'attention d'une jolie jeune femme à l'accent insupportable, Patricia Barzyk, Miss France, 1980, qui suggérera à LeBon de s'allier pour une révolution vengeresse le soir même, en conjonction avec la lune (!?!), pour faire regretter la disparition du père de cette dame et à la fois libérer les citoyens du coin du joug incertain de ces gens aux buts non précisés. Minable prémisse, mais pour le pré-ado que je suis, film, Oscar du meilleur scénario. Simon et la belle travailleront principalement ensemble, Andy et Roger, ce dernier, atroce acteur, en employé du théâtre qui fait un signe de tête entendu à LeBon, mais dont le plan suivant ne nous dit rien car il joue trop mal, travailleront principalement ensemble à l'impression de documents de propagande révolutionnaire et au lancement d'un je-ne-sais-trop-quoi qui électrifiera la lune avec des effets spéciaux qui ne surpassent pas l'épreuve du temps; et Nick et John qui font circuler des explosifs, John, menaçant toujours de décrocher, explosifs qui seront en fait des feux d'artifices ou des torches. Tout ce monde, se réunissant dans un café et un sous-sol secret où une vieille dame pianote La LUNA sur un vieux (alors full techno) Commodore 64 et leur dit de faire vite, "faire" semblant se résumer à brandir des drapeaux, chanter, danser et courir, feux de bengale en main . C'était du rien, mais pas pour moi. Andy & Roger qui courent avec leur sorte de cerf-volant à 11:49 était une grande accroche visuelle pour mon oeil. Simon et Patricia qui courent aussi dans la nuit, Simon drapeau en main, à 12:15, encore plus. Patricia qui gesticule furieusement avec son drapeau à la face des
The Wild Boys (1985)
D'abord, la chanson me plaisait beaucoup. Arena était le premier 33 tours que je me payais du band et la chanson restait ma préférée du disque. C'en était l'unique nouvelle, je l'ai appris après avoir acheté le disque. J'étais, suis toujours un grand fan de l'auteur J.G.Ballard dont les écrits nous plongent dans la dystopie. Ce vidéo me procurait des images de décors que je n'avais que fantasmé dans ses livres. Le clip de Russel Mulcahy, qui devait être un film, une adaptation du livre du même nom de William S.Burroughs, dont le band signerait la trame sonore, propose un robot au visage humain qui s'animera, d'élaborés costumes et maquillages, et des chorégraphies guerrières d'Arlène Phillips. Jamais le band n'aura l'air plus sale, tous costumés comme si ils étaient issus de l'apocalypse de Mad Max. Les 5 membres du band seront torturés d'une certaine manière. Simon attaché à une hélice de moulin, trempant la tête dans l'eau. JT se retrouvant sanglé au toit d'une voiture souffrant de psycho-torture, face à des images de son passé et de son enfance. Nick, emprisonné dans une cage d'ascenseur pleine d'ordinateurs (bien entendu), Roger prisonnier d'une sorte de chaise aérienne, Andy cloué au mur se défendant de sa guitare et succombant aux attaques multiples, cette chose qui vole sur le passage électronique en solo de Nick, cette bête qui menace de manger LeBon mais mangera en plein visage un wild boys, l'inexplicable pluie de papier en fin de clip. WOW! c'était tout un voyage pour le petit gars de 13-14-15 ans que j'étais. Le film de Mulcahy ne se fera pas, en revanche, moi-même, j'adapterai le livre de Burroughs en scénario de film, (jamais tourné bien entendu) en y faisant beaucoup de modifications, la plus importante étant de changer tous les hommes de son livre, pour des Femmes. Toujours plus intéressantes.
The Chauffeur (1982)
Do You Believe in Shame (1988)
Cette chanson serait d'une trilogie de Simon LeBon, comprenant Ordinary World et Out of My Mind. Ce serait la première des trois à vouloir rendre hommage à ses amis proches disparus, le producteur musical qui avait tant fait pour eux, Alex Sadkin, décédé à 38 ans d'un accident motorisé en juillet 1987, Andy Warhol et David Miles, un ami d'enfance, qu'on voit dans le clip, sur photo, en ouverture. L'excellent réalisateur chinois Chen Kaige, qui sera ensuite derrière l'excellent Farewell, My Concubine sera l'auteur du clip. Tourné à New York, les trois membres de DD d'alors, JT, Nick Rhodes et Simon LeBon ont trois trames narratives différentes. Rhodes semble en deuil d'un ami dès le départ et achètera un boule à neige dans un encan pour mieux la jeter par la suite. C'est une allusion certaine à Andy Warhol, décédé en février l'année d'avant, qui avait chargé ses amis d'acheter ses choses à sa mort et de s'en débarrasser. Nick, toujours très élégant, a d'ailleurs un peu sa coupe de cheveux. John semble en quête spirituelle et Simon observe l'entourage, incapable d'ouvrir une porte à un certain moment, qui elle, sera ouverte sans problème par une jeune femme dont j'ai cherché le visage pour le reste de ma vie (2:15 à 2:17). Le mystère et la répétition sont à l'honneur, ce qui laisse planer suffisamment d'imagination chez l'observateur. La finale, réunissant les trois membres et qui fait tomber une lignée de dominos m'est toujours restée en tête aussi. Formidable chanson, formidable clip.
Girl Panic (2011)
Jonas Akerlund réalise le clip de 9:35 du second single de leur 13ème album. Ce clip est le plus beau clin d'oeil à toute leur carrière. Les 5 membres du groupe sont incarnés par des top modèles du passé, Cindy Crawford, Naomi Campbell, Helena Christensen, Yasmin LeBon, Eva Herzigova incarnent dans l'ordre: John Taylor, Simon LeBon, Roger Taylor, Dominic Brown et Nick Rhodes. Le guitariste est comiquement identifié comme tel, puisqu'il a vraiment trop souvent changé (sut ce morceau/cet album, c'était Dominic Brown). Tourné au chic Hôtel Savoy de Londres, on revisite en audio, en ouverture, les 30 ans du groupe. Interviewées, parfois par Nick, Simon ou John, qui leur posent des questions. On fait des clins d'oeil à d'autres clips dont je vous ai parlé, The Chauffeur et Girls On Film, mais Rio aussi. Bien entendu, la décadence, les lendemains de veille et l'esthétisme sont au rendez-vous. Le trash chic. Tous les membres du groupe sont cachés ici et là. Il y a même une allusion aux plus jeunes (mannequins dans le clip) qui tournent autour du band, influencé(e)s par le band ou dans le corridor, attendant leur moment de gloire sous les réflecteurs. Assez fameux. Pour une fois Roger fait passer ce qu'on doit comprendre d'une scène.
Mais il est aidé de son costume.
Le band a toujours été beaucoup aidé de son image. À une époque où on commençait à comprendre comment l'utiliser à son avantage.
Je crains être un Duranies pour la vie. Trop aimé vous écrire ceci.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire