Chaque mois, vers le milieu, tout comme je le fais pour le cinéma (dans les 10 premiers jours) et tout comme je le fais pour la littérature (dans les 10 derniers), je vous parle de l'une de mes trois grandes passions: la musique.
Le titre de la chronique est inspiré de 4 albums que j'ai tant écouté qu'ils font partie de mon ADN. J'en connais chaque paroles, chaque nuance, chaque note et chaque ton.
Par ordre de création:
Blonde on Blonde de Bob Dylan
The Idiot d'Iggy Pop
The Unforgettable Fire de U2.
B.I.B.I c'est moi. C'est aussi la terminaison du terme habibi, voulant dire en dialecte irakien, je t'aime.
Musique, je t'aime.
OUT TO LUNCH d'ERIC DOLPHYEric Dolphy était un saxophoniste, clarinette basse, flûtiste, joueur de piccolo,multi-instrumentiste, des États-Unis, sévissant entre 1949 et 1964. Son audace avec la clarinette basse l'a établi comme un leader de l'avant-garde musicale jazz. Il a agrandi le vocabulaire musical et repoussé les frontières du son, devenant du même coup l'un des joueurs de flûte les plus proéminent et des plus significatifs de son époque.
Jouant pour Clifford Brown, Mingus, Coltrane, Booker Little, George Russell, Oliver Nelson, Ornette Coleman, Gunther Schuller, Ken McIntyre ou le bassiste Ron Carter, il a lancé de son vivant, en solo, 7 albums entre 1960 et 1963. Mais ce seront 25 albums le mettant en vedette qui seront lancés posthumes. Dont cet album dont je vous parlerai aujourd'hui.
Dolphy est décédé par ignorance et négligence. Eric était un des musiciens les plus propres qui soit. Mais il était noir. Il ne fumait pas, ne buvait pas une goutte d'alcool. Ne prenait aucune drogue. Mais il était diabétique sans le savoir. À Berlin, sur scène, il s'effondre le 29 juin 1964. Tombant dans un coma diabétique. Les médecins, le voyant arriver, noir, musicien de jazz, sont convaincus qu'il est victime d'abus toxique. Une simple piqûre l'aurait sauvé. Mais non, il meurt à seulement 36 ans quand on lui administre par erreur de la matière à désintoxication qui l'achève. Laissant derrière une fiancée danseuse classique, et seulement des amis. On dira de lui qu'il n'avait absolument pas de désir de blesser quiconque en aucun temps et que c'était probablement l'homme le plus gentil de l'univers musical jazz.
Il laisse aussi derrière, un univers musical riche, malgré très peu de temps pour l'explorer.Rien ne peut nous préparer à Eric Dolphy. Amusant paysage sonore peuplé d'illusions et d'audace, il s'agit bien de musique jazz. L'album navigue entre swing et ballade dans l'humour, l'humanité. l'exaltation et le désespoir. Le premier morceau de seulement 5 sonne comme une trappe à souris programmée à un minuteur. La trompette ressemble souvent à un insecte tentant de sortir d'une toile d'araignée. Les mélodies sont comme une marche sur un quai trop étroit, saôul, avec les vagues frappant les rives. Le titre fait référence au géant Thelonious Monk.
Au travers de l'album, les instruments semblent s'éviter de peur que la sorcellerie unique créée ne disparaisse à jamais. La chimie ne revenant peut-être jamais. Le murmure constant du xylophone glisse sur le cliquetis de la caisse claire vaudou. La flûte tisse un nid où y chantent des oiseaux enchantés. Les cuivres font des commérages et semblent argumenter entre eux. La basse sonne comme une ancre voulant se poser au fond de l'océan, mais jaugeant le sable et ponctuant le rythme avec stabilité. Le deuxième morceau évoque tout ça. La troisième composition est baptisée du flûtiste classique Severino Gazzelloni et reste le morceau le plus traditionnel de l'album. Les cymbales atterrissent quand même de manière impromptues, il ne semble pas y avoir de centre, dans une ferme superstructure articulée de molécules du son répondant à une révélation spontanée. Ce morceau clotûrait la Face A.Pour ouvrir la Face B, la pièce titre est offerte. L'album habite et conduit son propre vaisseau spatial. La gravité y est différente. Le temps devient élastique. C'est d'ailleurs le thème majeur du disque. Parti dîner plus longtemps que l'heure permise. Des réalités différentes sont peintes de manière sonores telles des ombres reflétant des formes différentes de ce qu'elles devaient projeter. Dolphy fait un tour de force en défiant le temps, en le redéfinissant sur cet album lancé l'année de sa mort. L'album se clôt sur un second long morceau de sax alto qui devait évoquer un pas incertain de saoûlon. On peut facilement trouver l'ensemble dissonant, mais en général, il ouvre aussi les sens. On reste surpris du plaisir d'écoute. On a l'impression d'être passé par une visite du musée dans la section avant-garde, de pas avoir tout saisi, mais d'en avoir tout de même gardé des sensations fort agréables. Comme un vin trop cher, trop raffiné pour la bouche mangeant la poutine.Pour amateurs de jazz, de flûte, d'excentricités sonores, d'énigmatisme, de jazz d'avant-garde, de post bop, de musique instrumentale, d'ambiance musicale, de saxophone, d'audace, de clarinette basse.
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