Samedi matin. On ne se doute pas encore qu'en soirée, notre soirée avec Imagine Dragons, 273 kilomètres plus loin, tombera littéralement à l'eau.
Je suis à la pratique de soccer de ma fille. En soirée, on ira rejoindre mon fils (pas vraiment, il chillera avec ses amis) et l'amoureuse au show, à Québec. Au non-show.
Dans les gradins exposés au soleil, des parents parlant de plein de choses. Le terrain est divisé en deux. Les filles de 15-16 ans pratiquent dans une moitié, des gars de 11-12 pratiquent de l'autre. Ils ne se regarderont même pas. Les adolescentes ne s'intéressent pas aux plus jeunes. Je suis le seul parent du groupe des filles "assistant" à la pratique. Je le mets entre guillemets car je lis surtout mon livre de Fanny Britt que je savoure pleinement. Tous les autres parents sont ceux liés à la pratique des gars de 11-12 ans. Ils semblent tous se connaître. Les papas dans le gradins semblent concentrés sur nos filles...
"Hey Mario! ça va? T'es sur que ça va?" Il le demande avec un accent italien. Ils sont presque tous italiens. Ils en ont le tempérament en tout cas. Il le demande vraiment. Ils se connaissent au point de vraiment vouloir savoir si il va vraiment bien ou si il fait semblant. Il marchera autour de la piste d'athlétisme qui encercle le terrain. Ce sera son semblant d'exercice. Un autre parent mâle le rejoindra. Ils marcheront ensemble autour du terrain. Ne lâchant pas souvent nos filles du regard.
Deux femmes, issues du même noyau de parents feront de même. À la marche nettement plus rapide celles-là. Leur débit de conversation est aussi beaucoup plus rapide.
"...mais depuis que j'ai eu mes enfants, la structure de mon corps a changé..."
On a beau dire qu'on identifie trop les femmes à leurs corps, elles en parlent sans cesse aussi. Pendant trois tours de terrain, elles parleront de leurs corps respectifs. Et de la chance que l'autre a, mais non, toi t'es plus comme ta soeur, mais mon père, Oh! mon père, je ne lui pardonnerai jamais ses hanches! Ils me les as donnés!
Vers le quatrième ou le cinquième tour, la conversation des femmes a pris de la vigueur. C'est que l'une des deux a commencé à parler de Francesco. Le BEAU Francesco. Et de la fois où...cette fois le ton baisse. Car je les entends au seul endroit où se trouvent des oreilles de parents. Mais je vois bien que dans les tournants plus déserts, la conversation reprend feu et les reines du royaume des desperates housewives (que j'appelle les bienheureuses noyées) s'émoustillent définitivement en parlant du prof de gym de l'un des leurs, et de la fois où...
Les deux hommes ont pressé le pas et sont trop près. On sent les femme plus chiches de leurs commentaires sur Francesco. Si il fallait que Mars rencontre Venus! Mais justement...
Elles parlent de duperies amoureuses, mais je constate que les deux hommes font de même, et parlent de la fille de la pharmacie dans les parfums. À qui il est toujours plaisant de poser des questions. Sur sa famille surtout. Et lui faire remarquer comme celle-ci, sa famille à elle, est ennuyeuse, et comment nous, en lui parlant, on est si amusant. Charmant. Plaisant. Avec l'accent du Lac-St-Jean. Tout le monde se triche dans les conversations autour. Ironiquement Fanny Britt me parle aussi de duperies amoureuses dans son livre.
Un homme seul, qui n'en est pas à sa première course d'après sa taille sans une once de gras, court maintenant entre les deux duos. Comme on devrait toujours courir. Écouteurs sur les oreilles. Soi face à soi. Il ne marche pas, lui, il court. Il repasse donc plus souvent. Parfois entre eux, parfois autour d'eux, parfois en arrière.
"Quand il a dit que j'étais appétissante en bikini tu sais ce que j'ai fait?...je l'ai accueilli en bikini quand il est repassé chez nous, juste pour avoir les yeux sur son bas ventre!"
"Oh Non! t'as vu des ondulations sur son pantalon?"
"Chuuuuuuuuut! y était content de me voir!"
Les deux femmes rient fort.
"C'est pas que je l'aime pas...mais je la désire p'us tsé...je suis sur qu'à me désire pas plus...la fille de la pharmacie par exemple, je pas sur qu'à refuserait un cocktail..."
Les deux hommes rient fort aussi.
Ça rie fort des deux bords, mais c'est deux fins du monde.
Ado on passe d'une fin du monde à une autre, adulte, on se les réinvente.
Britt a beau me plonger en pure apesanteur, leurs conversations réelles derrière me dépriment un peu en sourdine. Toutes les trois pages que je lis, ces voix de suckers qui varient leurs popsicles.
À la fin, une des femmes lancent cette énigmatique phrase:" If you're going to have to swallow a frog, you don't want to have to look at that sucker too long!"
Rires encore. Entre femmes.
Quand la pratique se termine, les petites madames ont eu chaud.
Les petits monsieurs aussi.
Dans tous les sens du terme "chaud".
Ils ont tous des rougeurs aux joues.
Je ne les connaissais pas.
Maintenant, je sais à peu près tout.
Moi qui croyait que les deux femmes me saluaient en début de pratique pensant que j'étais un parent du club de leurs garçons.
C'était peut-être autre chose...
On filera vers Québec. Pour Imagine Dragons en soirée.
On sera plutôt charmé par Bishop Briggs. Qui jouera plus que deux chansons. Au sec. Et qui n'aura essayé de charmer que par sa voix, pas son corps. 4 de ses chansons ont maintenant fait leur chemin sur mon téléphone.
Les dragons n'auront été imaginés que le temps de 2 chansons.
Avalons des grenouilles.
Ne serais-ce que pour tenter de comprendre ce que ça veut dire.
Rajout: J'ai compris! Ça vient de Mark Twain: If you have to eat frogs, swallow the biggest one first! dans le sens que si tu as bien des choses à faire à contrecoeur, commence par la pire...ces dames devaient parler de (re)coucher avec leurs maris.
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