mercredi 3 juillet 2019

De L'Autre Côté du Sommeil

"The less I seek my soul, the closer I am to fine"
 -(E.S.)  

Le 21 juin dernier, relisez-moi, j'étais dans un état mental lamentable. Je l'ai un peu réembrassé dans la semaine qui a suivie.

J'étais en très sérieuses carences de sommeil, j'en faisais beaucoup trop au travail, on se faisait chiez dessus par notre patron qui ne "croyait pas" à notre épuisement collectif. Refusant d'admettre l'abus qu'il nous impose tous. Mon fils revenait du Maroc. Il choisissait, lui, de ne PAS dormir pendant plus de 30 heures. Puisqu'en vacances avant de travailler comme lifeguard à la piscine. Nous étions sur deux planètes éloignées.

J'avais, suivant mon instinct de survie, réservé trois films de Polanski à la Vievliothèque. Trois films (presque) successifs de Polanski. Trois avant son viol. Cul-de-Sac (1966), Rosemary's Baby (1968) et Macbeth (1971). The Fearless Vampire Killers (1967), je l'avais dans mes boîtes de déménagement quelque part, je le regarderais une autre fois. J'ai voulu revoir les films qui l'avaient mené à son crime.

Je ne peux pas encore dire si je comprend vraiment l'état mental des abuseurs. Je ne sais pas si je veux 100% le comprendre.

Je m'étais aussi réservé le livre de Samantha Geimer, The Girl; A life in the shadow of Roman Polanski. La victime de Polanski, violée à 13 ans par lui. C'est ce qui avait été le déclencheur Polanski. Le sentiment, au travail d'avoir été violé et que personne ne croyait à notre histoire.
(Un automatisme récurrent chez les abusé(e)s)

J'ai commencé Cul-De-Sac et mon corps m'a commandé de dormir alors qu'il ne restait que 30 minutes au film. (Françoise Dorléac, en anglais: vache espagnole. Respect In Peace.).

Au réveil, bien que mon sommeil n'eût été que de 20-30 minutes, c'était un monde nouveau. Un monde formidable. C'est fou ce qu'un power nap peut être recalibrant.

J'allais changer ma voiture contre un camion de la job, notre meilleur camion, et je le remplissais, seul, réussissant à sécuriser les deux stationnements, par miracle, dans la rue, deux places qui allaient compliquer les choses pour le camion que j'intégrais à l'entrée si elles étaient occupées. Première victoire. La seconde, c'était la soirée du repêchage dans la LNH, et Montréal allait repêcher celui qu'on souhaitait qu'ils repêchent.
Puis, ma fille de 16 ans se trouvait trois soirées entre ami(e)s en 4 soirs, ce qui la rendait heureuse pour la fin de son année scolaire. Nous avions la nouvelle maison le 23. J'ai stocké tranquillement le camion le 22. Vidé dans notre nouveau chez nous le 23 et restocké pour un autre voyage le 23. Qu'on reviderait le 24 pour le remplir une dernière fois de tout ce qu'on pouvait. Parce que le trop gros stock, c'est le clan Panneton qui allait le faire pour nous. Le 26.

Le 25, je travaillais, c'est ce matin là que notre boss nous as, en quelque sorte dit: vous chialez pour rien. Le marasme se réinstallait en moi. Pendant ce temps, l'amoureuse recevait la compagnie d'internet, quelques meubles qu'on avait commandé, montait des gugusses avec son père. Était fort occupée. Le 27 au soir, l'ancienne maison n'était plus à nous.

Tout le monde semblait excité par ce qui nous arrivait. Bien que je trouvasse que tout allât fort bien, je ne suis jamais arrivé à trouver une once d'excitation dans ce qu'on faisait. Pour la première maison, on était franchement excités. On ne savait pas dans quoi on s'embarquait. Maintenant on sait. Je ne voulais par revivre.

But it takes more than this, to make sense of the day, yeah it takes more than milk to get rid of the taste

Le 26, les trois christs gars du Clan Panneton nous ont d'abord félicité d'avoir fait trois voyages, les débarrassant de bien des choses, mais prenant tout de même 10 CALISSES D'HEURES! pour faire 1 seul voyage. ET SI JE NE FAISAIS PAS 3 VOYAGES, ÇA AURAIT PRIS 4 JOURS? Là, j'avoue que je freinais des psychoses. Le lendemain, c'était pire parce que j'étais seul avec le beau-père, un perfectionniste, qui prend un fameux plaisir à faire toute sortes de choses qui ne me plaisent en rien. Comme...ah! je n'ai même pas envie de vous en parler.

Le 28, je travaillais. Quand je travaille dans notre compagnie de recyclage, c'est minimum 10 heures, très physique et très intense.
Le 29, je commençais à respirer. Nous étions tous plus morts que morts. Épuisés. Sales. Impatients. Neufs et vieux à la fois.

Entre le 22 juin et le 29, nous avons vécu 7 jours qui nous ont paru 4 mois. J'avais besoin de trois jours de total sommeil.

Nous sommes toujours dans les boîtes. Je n'arrive toujours pas à m'exciter sur rien.

Mais ma situation n'a rien de tragique, Rien.

Carlos Alberto Martinez Ramirez et sa fille mourraient le même jour où je vous écrivais ce que vous lisez actuellement.

Ça c'est du vrai drame. 
De l'inimaginable qu'on réussit maintenant trop bien à imaginer.
Comme certaines nouvelles tout à fait surréalistes.

Ma planète me parait si diffuse...

Don't wake me, I plan on sleeping in.
Je veux lire, voir des films, écouter de la musique...

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