mercredi 27 septembre 2017

Résistances d'Autrefois Faisant Écho Aujourd'hui

Quand Muhammed Ali est décédé en juin 2016, Donald Trump a tweeté
"un grand champion et un homme formidable. Il sera manqué de tous!".

Des lecteurs alertes lui ont alors rappelé que 6 mois auparavant, le même cave Trump avait tweeté "Dans le discours d'Obama, il parle de nos héros sportifs musulmans...de quel sport parle-t-il? et de qui? profile-t-il?".

Cette tentative de jeu d'esprit se traduisait alors par une totale incohérence cérébrale doublée d'une ignorance choisie. Ou au contraire, Trump savait-il alors exactement ce qu'il faisait et allait dire absolument n'importe quoi qui le servirait dans l'intérêt du moment et au diable avec le reste? Cet intérêt personnel, voire narcissique est similaire aux récentes déclarations gênantes de sa part à propos des joueurs de football et de basketball noirs qui choisissent de mettre un genou au sol pendant l'hymne national des États-Désunis.
La fantasme de Trump est de voir le public huer massivement Steph Curry, Colin Kaepernick ou LeBron James. Et Trump croit qu'il a les appuis pour croire son fantasme réel. Et les gens huent. Mais huent quoi? Peut-être l'hymne national en soi.

C'est donc un bon moment pour se rappeler les événements d'il y a un demi siècle. Quand Cassius est devenu Muhammed. Et quand il a par la suite choisi de refuser de se rendre disponible pour servir au Vietnam, pour les États-Unis. Ali n'était pas prêt à donner sa vie, ou à tuer du vietnamien, pour une société qui ne considérait que très peu la vie des noirs, femmes, hommes et enfants, de son propre pays.

Quand il a dit "Pourquoi devraient-ils me demander de porter l'uniforme et me rendre 10 000 kilomètres trop loin de chez moi, afin de faire exploser des bombes ou placer des balles de fusil dans la peau de gens bruns, au Vietnam, pendant que des gens bruns de Louisville, au Kentucky, sont eux-mêmes traités comme des chiens? Si je croyais que la guerre du Vietnam rendraient libres ou égaux 22 millions de mes frères, je joindrai cette guerre dès demain. Mais j'ai le choix d'obéir aux lois d'Allah ou aux lois du pays. Je n'ai rien à perdre à me tenir debout face à tout ça. Nous sommes en prison depuis plus de 400 ans de toute manière", il a été aussitôt condamné à 5 ans de prison. Le 28 avril 1967, Ali se tenait debout, entouré de 25 jeunes hommes noirs très nerveux, et il disait non à l'appel de Cassius Clay au front, et se déclarait Muhammed Ali, haut et fier.

Il n'a pas fait un jour de prison, ayant payé une (poids lourde, 10 000$) caution. Les autorités du monde de la boxe lui ont retiré son titre de champion du monde, et lui ont interdit de boxer à New York. Il avait 25 ans, et on lui confirmait tout ce qu'il disait. On a le droit de te retirer tout ce que tu es, toi, le noir.

Ali n'était pas acclamé comme un héros par tous, alors.

Le Sports Illustrated disait de lui que, sans ses gants, Ali n'était qu'un autre démagogue se trouvant des excuses par le biais de sa prétendue religion. Un animateur télé disait d'Ali qu'il était une honte pour son pays, un naïf et un pion, qui doit inévitablement aller en prison, parce qu'il le mérite. Même Jackie Robinson, héros noir lui-même, disait qu'Ali faisait mal au moral des noirs se battant actuellement au Vietnam. Qu'après avoir fait des millions par le biais des États-Unis, il trouvait triste qu'Ali ne remette pas un peu du sien pour le pays qui l'avait rendu riche.

Il s'agissait d'une guerre qui tuait, de manière disproportionnée, des centaines de jeunes noirs, pour rien. Peu de gens connus se rendaient se battre ou même résistaient. Le message qu'envoyait ce beau noir connu, qui rendait chaque noir des États-Unis (et du Canada) toujours un peu plus grand et nettement plus confiant lorsqu'il ouvrait la bouche, était titanesque, voire magique.

Plusieurs noirs des États-Unis se sont trouvés une dignité d'être humain ce jour-là, quand Ali s'est tenu debout face à son plus grand adversaire à vie, les États-Unis eux-mêmes.  C'était l'honneur des noirs d'Amérique qu'Ali défendait ainsi. Une fierté immense et impérissable.

Il est pratiquement impossible que Donald Trump (tout aussi absent du Vietnam)  n'ait pas vécu ce moment et on ne sait pas ce qu'il a senti quand ce même Ali, souffrant d'Alzheimer et de Parkinson à la fois, tenait bravement la torche Olympique à l'ouverture des Jeux Olympiques d'Atlanta, tel l'absolu géant qu'il était.
Il est fort possible qu'en juin 1967, Trump n'avait que dégôut à l'égard de Jim Brown, Willie Davis, Bill Russell, Kareem Abdul-Jabbar (alors Lew Alcindor, tiens!...un autre musulman fort connu, Don...) et tous ces athlètes noirs et leaders de communautés, qui s'étaient rendus à Cleveland en soutien à Ali. Ceci était une version 1967 du genou au sol actuel ou du port du gilet "I Can't Breathe" aux États-Unis.

En 1971, la cour suprême renversait la décision en faveur d'Ali.
Deux ans plus loin, les Trump faisaient face à des accusations de discrimination, puisque que papa Trump refusait de louer, sous-louer ou vendre ses condos à des gens noirs. Hommes, femmes ou enfants. "Ces gens-là" comme les as appelés Donald en Alabama la semaine dernière.

Quand l'an dernier, Colin Kaepernick a le premier mis un genou au sol dans la NFL pendant l'hymne national, voulant souligner les mauvais traitement de son pays à l'égard des noirs, Barack Obama s'est fait demandé ce qu'il en pensait. Il a eu une réponse de président mature. Celle d'un adulte responsable. Une réponse brillante. Un pont entre celui qui veut rendre hommage à ceux qui perdent la vie injustement aux mains d'un agent d'autorité, et ceux qui perdent la vie comme soldats au front. Tous deux unifiés par le même hymne national. Il a dit
"Je veux que ceux qui protestent ainsi comprennent la douleur de ceux qui perdent un amoureux, un père, un frère, un enfant au combat et comment ça les blesse de voir ces gens ne pas se tenir debout pendant l'hymne national. 
Mais je veux aussi que les gens pensent à l'extrême douleur subie par ceux qui savent que l'un de leur proche aurait été tué par un tir ami, de notre pays, de manière injustifiée et impunie".

Trump a pris un chemin tout autre. Il espère avec cynisme, que ses ennemis politiques, comme autant de dauphins se massant en direction d'un large appât, se rabattront sur ses remarques comme l'évidence d'un support envers un coté et son dédain pour l'autre. Si tout ça peut enfin prendre toute l'attention et détourner l'attention des enquêtes qui menacent de le faire tomber.

Il a du souhaiter que, comme dimanche, plus de joueurs mettront ainsi le genou au sol. Et alimenteront ainsi le feu qui brûle dans les chaumières.

Ça fait oublier l'incendie Soviétique sous son propre toit.

Ça fonctionne en ce moment. Il en rajoute et les gens ne parlent que de ça. Il n'y a que de la fumée. Enfin non, le feu est bien pris.

Mais pour combien de temps?...

Puisque je vous dis que l'élection de Donald Trump est un recul d'au moins 50 ans...

Donald Trump n'est pas simplement le clown du cirque politique mondial, il est celui qui ramasse les accessoires du numéro des acrobates et se convainc que les applaudissements sont pour lui.

Dur dur de se réveiller chaque matin dans un monde de plus en plus imbécile.

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