Le film raconte l'histoire d'un homme et d'une femme. ayant en commun un enfant chacun fréquentant le même pensionnat à Deauville, mais aussi qui sont tous deux de jeunes endeuillés des géniteurs de ces enfants. Nous suivons leur lente séduction sous l'habile cinématographie de Claude Lelouch, la lumière de Deauville et Envers, ainsi que sous la musique judicieuse de Françis Laï.
En le revisionnant cette année, j'ai porté attention à nouveau afin de voir où et quand j'aurais pu penser que la trame narrative de Jean-Louis avait pu être un mensonge.
Et j'ai trouvé.
Quand la chimie semble opérer entre Jean-Louis et Anne (ce qui était inévitable car les deux comédiens, Anouk Aimée et Trintignant étaient déjà très amis, loin des plateaux) après une journée complète d'activités, Jean-Louis se rend jusque chez une jeune femme, qui ne sera présentée que comme une coucheuse, et lui annonce qu'il a passé la journée avec une autre. On comprend à sa réaction qu'il la fréquentait sous les draps. Elle était celle qu'il aimait baiser, Anne (Anouk Aimée) sera celle qu'il aimera.
Il est certain qu'autour de 1988-89, j'ai alors pensé que le personnage de Jean-Louis n'était qu'un coureur de jupon. Un player. Et qu'il ne voulait que baiser la belle veuve. Un peu plus loin, quand, effectivement, ils font l'amour, Anne pense continuellement à son ancien mari et ceci l'affecte à s'investir comme il se devrait. Elle s'en excuse et explique à Jean-Louis pourquoi. Elle ne pense qu'à son mari. Jean-Louis lui dit alors: " Pourquoi m'avoir alors dit qu'il était mort?" pensant qu'elle lui a menti...
... comme lui, lui aurait menti.
La femme de Jean-Louis, un coureur automobile, se serait enlevé la vie, paniquée, quand Jean-Louis tombe dans un coma après un accident de course, dont elle croit qu'il ne réveillera jamais. À tort, bien entendu.
Tout juste avant que ceci nous soit révélé, Anne lui demandait pourquoi il ne lui avait jamais parlé de sa femme. Jean-Louis la regarde entre trois et quatre fois, se demandant comment raconter l'irracontable...
Mais si il avait voulu mentir et trouver une histoire rivalisant avec celle du mari d'Anne, cascadeur, décédé dans une cascade ayant mal tournée, un mensonge, il aurait fait exactement le même visage. Et plus jeune, j'ai assurément pensé qu'il avait inventé cette histoire.
J'avoue qu'encore aujourd'hui, je préfère cette idée, que Anne soit tombée amoureuse d'un joueur et que ce qui s'annonce rose, n'est que le dernier arrêt d'un incorrigible découcheur, plus intéressante que ce que Lelouch nous offre au final.
Lors de la seconde écoute, j'ai trouvé très risible la portion musicale samba de Pierre Barouh. Je riais, gêné, tout seul sur le divan. D'inconfort. En revanche, je crois avoir savouré davantage les vignettes visuelles, nombreuses, et la photographie de Lelouch. La lumière choisie pour certains plans, la couleur et le noir et blanc, savamment, placés côte à côte, sans que ça ne fasse racoleur. La composition visuelle d'un homme marchant sur la plage avec son chien. J'y ai trouvé beaucoup de poésie visuelle. Des petites choses, habiles, qui m'ont donné le goût de visiter l'oeuvre de Lelouch, ce que j'ai toujours refusé de faire, le trouvant porte parole parfait de ce qui me déplaît le plus chez les baby-boomers.
Lelouch venait de faire un film qui avait été une catastrophe financière et publique. Déprimé, comme il le faisait toujours dans des états mentaux de la sorte, il avait choisi de prendre le volant et de rouler, afin de réfléchir à ses tourments. En se rendant à Deauville. il avait été charmé par la silhouette d'une femme s'y promenant sur la plage avec son chien et le reste s'était écrit tout seul dans sa tête (et avec Pierre Uytterhoeven). Il avait tout de suite placé son choix sur Jean-Louis Trintignant pour le rôle de Jean-Louis, car il était coureur automobile lui-même, (tout comme le père de Trintignant, son grand-père et son oncle). C'est Trintignant qui avait ensuite suggéré son amie Anouk pour jouer Anne.
Le film a donné naissance à une formidable chanson de Vincent Delerm qui utilise des extraits du film.
Le film a récolté plus de 3 millions de dollars au box office d'Amérique, et plus de 4 millions de dollars ailleurs dans le monde. Il a aussi gagné l'Oscar du meilleur film étranger, plaçant Lelouch dans la cour des grands.
Le film était distribué en salle aujourd'hui, il y a 50 ans.
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