Autriche, 1937.
Matthias Sindelar est un splendide joueur de soccer.
Il a été nommé capitaine de son pays les 43 fois qu'il a représenté l'Autriche entre 1926 et 1937, période durant laquelle il a marqué 26 buts. Il contrôle le ballon merveilleusement, passe très habilement, dribble fameusement et est très créatif dans son jeu. On se déplace non seulement pour le voir jouer mais aussi pour comprendre comment le soccer devrait se jouer.
Il aide les clubs pour lesquels il évolue à gagner la Coupe Nationale d'Autriche en 1925, 1926, 1933, 1935 et 1936.
Dans les 43 matchs qu'il a joué sous les couleurs de l'Autriche, la pays a gagné 25 fois, a annulé 11 fois et n'a perdu que 7 fois.
Il est facilement, même à 34 ans, le joueur de soccer le plus important d'Autriche.
Toutefois, le 12 mars 1938, l'Allemagne annexe l'Autriche dans un prélude de ce qui deviendra la Seconde Guerre Mondiale.
Le 3 avril suivant, l'Allemagne Nazie commande un "match de la réconciliation", match qui sera reconnu partout ailleurs comme "le match de l'annexion". En somme, il s'agit d'un ultime et dernier match entre l'équipe autrichienne contre celle de l'Allemagne Nazie. On leur fait comprendre qu'après ce match, les meilleurs éléments de l'Autriche seront gardé comme joueurs de l'Allemagne Nazie à partir de maintenant. Et qu'il ne faudrait idéalement pas que l'Autriche ne gagne. Le match est présenté devant les plus haut dignitaires Nazies et la Coupe du Monde sera tenue en France quelques mois plus tard, l'Allemagne compte sur ce match afin de bâtir le club Allemand qui s'y rendrait.
Le match, si les Nazies peuvent bien paraître, servirait aussi de propagande publicitaire importante en Europe.
Mais voilà. Les Allemands paraissent très mal. En fait c'est plutôt l'Autriche qui parait très très bien. Ils contrôlent le ballon tout le match et dominent outrageusement leurs adversaires. Bien souvent, en se rendant jusqu'au but, on vise délibérément par dessus le filet ou à côté, dans le but de ne pas humilier davantage les Allemands. Mais on les humilie de plus en plus, en sortant le ballon de manière de plus en plus évidente.
L'Autriche les écrase. Sindelar a insisté pour que l'équipe porte les couleurs du pays alors qu'un autre gilet était prévu. On remarque principalement l'Autriche et son talent et non l'Allemagne Nazie. L'opération se retourne contre les Nazies. Vers la fin du match, dans les 20 dernières minutes, lassé de jouer au con, Matthias Sindelar, excédé, en a assez. Il fait une montée à l'emporte pièce et se rend jusqu'au filet. Il marque. Il célèbre ensuite son but de manière exubérante et singe les autorité Nazies. Il en fait beaucoup, ce qui marque une certaine résistance. Quelques minutes plus tard. inspiré, son coéquipier Karl Sesta marquera aussi sur un coup franc. L'Autriche gagne 2-0 devant une Allemagne Nazie assez terne.
Sindelar sera grondé amicalement en privé pour ses gestes par les Nazies car, bien qu'on soit choqué, il est si bon qu'on veut le garder pour le club Allemand. 6 joueurs, dont Sindelar et Sesta seront gardés pour évoluer à partir de maintenant pour l'équipe de l'Allemagne.
L'Allemagne annulera son premier match contre la Suisse et perdra son deuxième les éliminant à la Coupe du Monde de France quelques mois plus tard. La foule française est très hostile à l'équipe Nazie.
Toutefois, Sindelar ne quittera jamais l'Autriche. Il se trouvera toujours une excuse, une blessure, un empêchement, il soutient qu'il est trop vieux et devrait cesser tout simplement de jouer. Il s'invente des excuses pour ne jamais jouer pour les Nazies et a même commencé à préparer son après carrière en se portant propriétaire d'un café à Vienne.
Sa résistance devient une insulte aux Nazies.
Victimes de leur époque, le 23 janvier 1939, Sindelar et sa femme sont retrouvés morts, tous deux "suicidés" (par les Nazies) au gaz carbonique dans leur appartement.
18 jours avant ses 36 ans.
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