Là je vais vous parler de mauvaise foi. J'en connais un peu sur la chose.
Je sais exactement quand je suis de mauvaise foi (mercredi qui s'en vient) et souvent pourquoi. Derrière ma grande immaturité, se cache aussi une certaine maturité. Intellectuelle, je veux dire. Je peine encore à me faire pousser une barbe dans les mêmes délais que la plupart des ours.
Mais ce n'est pas de ma mauvaise foi dont je veux vous parler. C'est de celle de Mike & Guy.
Et de plusieurs autres qui font semblant que rien n'est contrôlé nulle part.
Il y a eu cris et heurts autour d'une présentation de prix au gala des Oliviers hier. Mike Ward et Guy Nantel avaient eu la commande d'écrire un numéro sur la liberté d'expression. Qui a donné la commande? Bah! on a entendu une chose et son contraire. On a entendu que ça venait des auteurs du gala, mais on a aussi entendu que la commande venait des mêmes avocats qui, au bout de 7 prétendues réécritures de la part de Ward & Nantel, aboliront complètement le numéro en soi.
Il y a surtout eu mauvaise foi.
La chose est épouvantablement simple. Il y a dans les 10 premières lignes d'un échange entre Ward & Nantel, une référence de mauvaise foi face à la commission des droits de la personne. Mike Ward est actuellement en procédure légale dans un dossier qui l'oppose à la commission des droits de la personne. Le cas du petit Jeremy Gabriel qu'il a moralement gravement blessé en disant des choses affreusement cruelles à son sujet.
Les avocats de Radio-Canada ont exigé que cette référence à la commission soit abolie. Les auteurs ont refusé. Radio-Canada n'a pas voulu d'ombre sur sa tour, ils ont dit: on laisse tomber le numéro.
On a hurlé à la censure depuis vendredi dernier.
Ce n'est jamais beau la censure. Jamais chic. Je suis contre. Mais dans ce cas-ci je ne crois pas que l'on aurait dû parler de censure autant qu'on aurait dû parler de mauvaise foi. De la mauvaise foi de Mike Ward, Guy Nantel et de bien d'autres.
Bien hypocrites sont ceux qui n'ont jamais remarqué que nous vivons dans un monde hyper contrôlé. Et quand vous travaillez dans la télé, (j'y ai travaillé) c'est pire. les avocats, les consultants, les orienteurs de contenu, appelons-les comme vous voulez, ils existaient en 1986, ils existent encore plus 30 ans plus tard.
Ils ont toujours existé. Parlez-en à Rock & Belles Oreilles. Si une blague sur les dildos à fini par passer, c'est parce que celle qui supervisait légalement les textes était ignorante du produit érotique. Mais en 1987, cette blague aurait été sectionnée comme une bite de John Bobbit. Cette blague n'était pas juste une évocation sexuelle, elle était aussi une parodie parfaite d'une publicité connue et déjà risible.
Certains contrôles ne sont pas toujours acceptables et frisent l'abus.
Je ne crois pas que c'était le cas, ici.
La ligne litigieuse de Ward & Nantel avait pour but de montrer à quel point il devenait difficile d'être créatif lorsque trop contrôlé de partout Il y avait de multitudes de moyens d'arriver aux mêmes conclusions, mais sans en faire une référence aussi personnelle. Il y avait aussi une référence qui aurait pu être méchante pour Ariane Moffatt, mais connaissant Arianne Moffatt personnellement, je sais de source sûre qu'elle aurait ri. Au pire, s'en serait sacré.
Il y avait moyen de bien écrire cette ligne sans parler de la commission des droits de la personne que l'ont qualifiait par la dérision de regroupement castreur. Il y avait moyen d'en faire une blague référentielle comme François Morency en a fait une excellente le soir du gala des Oliviers. Il a parlé du cas en disant que le procès mettait face à face, quelqu'un qui avait une vraie drôle de tête et une voix extrêmement fatigante...et le petit Jeremy Gabriel.
Voilà Mike comment s'en sortir avec humilité.
L'auto-dérision aurait été extrêmement bienvenue de la part de Ward et Nantel.
Mais il y avait mauvaise foi.
Il ont joué les victimes.
Dans le numéro finalement présenté au Bordel, filmé et placé sur le web par la suite, les deux humoristes, qui se sont sentis si floués qu'ils ont choisi de boycotter la soirée de remise de prix, ont aussi choisi de ne PAS utiliser la ligne conflictuelle, substituant la commission des droits de la personne par Radio-Canada. Le reste du texte est tout à fait acceptable.
Ils convenaient donc tous deux que des problèmes seraient survenus si ils avaient utilisé le nom de la commission des droits de la personne.
Mais ils ont joué les victimes à fond la caisse. Nantel continue de qualifier son humour d'intelligent, ce que je trouve toujours un peu erroné de sa part.
Qui l'a convaincu qu'il faisait de l'humour dit "intelligent"? Qui le lui a dit, par une nuit de solide brosse où tout le monde n'était pas certain de ce qu'il avançait, mais persuadé de ce que ce qui s'y disait?
Ward n'a pas voulu lâcher le morceau et ça devrait suffire à le condamner dans sa cause avec le petit Gabriel.
Je suis contre la censure.
Je suis pour l'intelligence du public.
Je suis aussi pour l'intelligence du texte.
Et contre la mauvaise foi.
Et Mike & Guy, ainsi que beaucoup de supporters aveuglés par une liberté d'expression au jugement lousse, avaient le pied dans la cuisine de Jeff Fillion et autres convaincus de la radio de Québec.
Convaincus de la foi.
La foi crétaine.
Mike Ward a gagné le prix du public,
L'Olivier des Oliviers.
Je le savais que ça finirait comme ça.
C'était probablement décidé depuis vendredi.
Parce que le Québec aime les chicanes de cuisine.
Mais surtout parce que ça faisait un maudit bon show.
Une belle chute pro-art et anti-contrôle parental.
Et un pied de nez aux surveillants de la récréation.
Ce bruit aura été son meilleur coup de publicité.
Mike Ward ne peut plus en vouloir aux assureurs qui le censurent.
Même qu'il leur en doit une.
Mais comme avec certaines gueules d'une certaine radio à Québec,
sa liberté d'expression n'est pas la mienne.
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