Pàdraig Pearse est tombé en amour avec la langue gaélique très jeune. Dès ses 16 ans, il se joignait à la Conradh na Gaelige (la ligue gaëlique). À 23 ans, il est éditeur du journal An Claidheamh Soluis (L'épée de la lumière).
Avocat d'un seul procès, une cause sur la langue justement, il devient enseignant. Ayant une coquetterie dans les yeux, il se fera rarement prendre en photo de face.
En avril 1912, l'Irish Parliament Party engage le gouvernement anglais à mettre en oeuvre le Home Rule, un projet visant à donner une autonomie interne à L'Irlande. Pearse et 100% pour et s'investit dans des discours valorisant l'idée du projet. Il dit entre autre que" ...les Anglais doivent comprendre que si nous sommes encore trahis*, il y aura la guerre dans toute l'Irlande.
Et guerres au pluriel il y aura.
Tout d'abord La Première Grande Guerre qui mobilisa tout le monde et freina d'emblée l'idée du Home Rule. Pas du tout le moment de se délester de forces selon la chambre des Lords. Une partie des Irlandais se joint aux soldats britanniques, dans le but justement, de se gagner un capital de sympathie quand tout ça sera fini et qu'il sera temps de réclamer son indépendance. Le Home Rule sera plus facile à accepter si les Irlandais montraient leur bonne foi dans la collaboration dans l'effort de guerre auprès de l'Angleterre, était leur raisonnement.
Padraig Pearse n'est pas de ceux-là. Il écrit beaucoup sur sa vision de la nation Irlandaise. y plantant ses idées d'une Irlande indépendante de l'Angleterre. Il défend la langue gaélique, y composant même plusieurs poèmes nationalistes dans cette langue.
Pearse adhère à l'Irish Republican Brotherhood, une organisation underground, voulant renverser la domination britannique et la remplacer par la République d'Irlande. Il était alors aussi membre des Irish Volunteers, un regroupement visant à assurer et maintenir les droits et libertés communes à tout le peuple d'Irlande. Quand la Première Guerre Mondiale éclate, Pearse devient directeur de l'organisation militaire des Volunteers en Irlande. Un an plus tard, alors que toute l'attention internationale est tournée vers la Grande Guerre, Pearse intègre le Conseil Suprême et le conseil militaire qui commence à planifier un soulèvement.
Pearse a 35 ans. Il n'aura jamais 37.
Il est choisi par l'Irish Republican Brotherhood pour être le porte-parole du soulèvement à venir. Il donne l'ordre à tous les Volunteers du pays à faire trois jours de manoeuvres en préparation d'une insurrection. Mais le calcul est mauvais. Le chef d'État-Major des Volunteers ne reçoit pas les armes promises d'Allemagne, pays nettement occupé dans une autre guerre plus importante, et les Volunteers volontaires fondent alors comme neige au soleil.
Quand l'insurrection débute, le jour de pâques 1916, 200 membres de l'Irish Citizen Army du commandant James Connoly et 550 Volunteers occupent 16 points stratégiques de Dublin. Mais commettent l'erreur fatale de ne pas occuper Trinity College et le Castel, au coeur de la ville, là où des renforts britanniques, et même citoyens, car le peuple irlandais ne suit pas nécessairement les élans de la bande à Pearse & Connolly choisissent de prendre les armes et de défendre la région CONTRE les rebelles.
Le Castel devient le centre des communications pour tenir compte de la situation aux Britanniques. La mobilisation anticipée est mal calculée et le peuple ne suit pas. Pearse proclame la République d'Irlande du bureau de poste en compagnie de Tom Clarke, Seàn MacDermott et Jo Plunkett. Ils hissent le drapeau républicain et font circuler des journaux qui clament leur victoire. Mais l'appui de la population irlandaise et la réaction en est plutôt une de stupéfaction et de défense. Les Britanniques ne comprennent pas non plus tout de suite ce qui se passe et se font tuer 3 de leurs membres (et un civil) la première journée quand ils y envoient des éclaireurs pour rendre compte de ce qui s'y passe.
Le jour suivant, la loi martiale est déclarée par les Britanniques. Ce seront 50 000 hommes britanniques qui viendront reprendre Dublin alors que Pearse annonce, maintenant à la radio, la proclamation de la République. Les succès militaires britanniques sont immédiats.
Le téléphone aura permis de sonner l'alerte général qui est venu contrer l'effet surprise de la première journée.
L'appui public devient de plus en plus nul. Après 5 jours de combats, où les morts s'accumulent et les incendies naissent de partout, Pearse doit conclure, sans plus d'appuis, que l'insurrection est un échec.
Il décrète l'arrêt des combats et exige la réédition, qu'il signe au 6ème jour.
318 civils et entre 60 et 80 insurgés sont tués. 2217 autres civils sont blessés. 397 autres insurgés dont James Connolly, sont aussi blessés.
3430 hommes et 79 femmes sont arrêtés à Dublin et on arrivera à 5000 arrestations quand on poussera l'enquête post-insurrection.
90 condamnations à mort sont prononcées.
Mardi dernier, il y a 100 ans, Patrick Pearse était fusillé .
*non-indépendant du Royaume-Uni
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