-DJ
Je sais, trois fois Bowie en autant de semaines, mais il était important pour moi et je vous promets de ne plus trop vous empester avec son univers.
...du moins pas consciemment...
À son très chic départ, j'ai eu le réflexe de revisiter ses oeuvres. Incluant, les derniers vidéoclips de l'agnostique David qui aura atteint un niveau d'illumination presque divin avec une habileté rare. Il semble même qu'il y ait eu plusieurs secrets au travers de son oeuvre qui ai mené à des messages cryptés de sa part pour une partie de l'humanité prête à écouter.
Alors qu'il est excessivement facile de mettre ses excentricités au travers des décennies sur le compte de l'alcool et des drogues (ce qui est aussi vrai) la vraie obsession de Bowie aura peut-être toujours été l'occultisme.
Dès ses 16 ans, David Jones se trouvait très intéressé par l'occultisme moderne. Toute sa carrière, il transformera son corps en différent "vaisseaux" de transmission, en différents personnages qui parleront au travers de lui. Toujours avec une certaine profondeur occulte.
Son dernier album ne fait très certainement pas exception. Tout y est même méticuleusement calculé dans le dernier chapitre du livre de Bowie.
Mais revenons à la genèse de Bowie.
1971:
I'm closer to the Golden Dawn
Immersed in Crowley's uniform of imagery
(...)
I'm not a prophet or a stoneage man
Just a mortal potential of a superman...
C'est tiré de Quicksand dont le reste des paroles est encore plus clair. The Golden Dawn, était une société secrète fondée à Londres en 1888. L'aube dorée se consacrait à l'étude de sciences occultes et à leur enseignement. On y parlait de voyages astraux, de magie, de yoga (tous présents dans la vie de Bowie) et on logeait cela sous le terme Cabbala, devenu avec le temps Kabbalah. On essayait aussi de communiquer avec les démons et les anges.
"L'uniforme de Crowley " est une référence à Aleister Crowley, ex-membre du Golden Dawn et occultiste célèbre fondateur de l'Ordo Templi Orientis. Crowley était connu principalement pour ses essais sur la magie sexuelle, la magie noire et sa philosophie: le thelema.
Dès 1971, quand on se prépare à relancer sur le marché Space Oddity, une photo de la jaquette intérieure nous montre Bowie "déguisé en Crowley". (ici à droite).
"Mes intérêts sont dans le Kabbalah et le Crowleisme. Cette zone noire et inquiétante , ce monde placé du mauvais côté du cerveau" dira-t-il 5 ans plus tard.
À l'aube des années, 80, récemment éprouvré par un divorce et une poursuite contre son agent. il reprend son Major pour le placer dans les limbes, strung out in heaven's high, hitting an high time low.
En 1983, il ajoute:
"J'ai plus qu'un intérêt mineur pour l'égyptologie, le mysticisme et le Kabbalah. Il m'a semblé évident un moment et je fus tout ce qu'il y a de plus transparent à ce sujet, que la réponse à la vie se trouvait là-dedans. Ma vie entière serait transformée dans cette fantaisie nihiliste étrange d'un monde condamné et condamnable, dans ce monde de personnages mythiques et d'imminent totalitarisme. Je vous parle d'argent bien entendu"
En 1969, quelques semaines bien calculées avant les images de l'homme sur la lune, Bowie nous introduit au personnage de Major Tom avec une chanson qui deviendra la trame sonore non officielle du prétendu voyage d'Armstrong et compagnie.
Here I am, floating 'round my tin can,
far aboive the moon
Planet earth is blue
and there's nothing I can do
À un niveau simplement ésotérique, l'ascension de Major Tom représente le mortel tentant d'atteindre le divinatoire. Une interprétation confirmée 47 ans plus tard dans son clip Blackstar. On y reviendra.
En 1972, Bowie propose toutefois le contraire: un martien qui descend sur terre. Un être androgyne arrivé de l'infini pour annoncer la fin du monde dans 5 ans. Le personnage de Ziggy est le messager tenu par ses disciples jusqu'à ce qu'il soit sacrifié par son art dans son suicide rock'n roll.
Une histoire populaire depuis toujours, celle de Jésus. Le messie sacrifié.
En occultisme, le plus haut niveau d'illumination est celui obtenu au travers de l'internalisation des dualités et l'équilibre entre les forces opposées. Le bon et le mauvais, l'actif et le passif, le mâle et la femelle. Ceci est généralement symbolisé par un hermaphrodite cornu androgyne.
5 ans après avoir chanté la fin du monde, Ziggy n'est plus et le personnage du totalitaire berlinois naît. En 1976, Bowie prétend ne plus se rappeler de l'enregistrement de l'album Station to Station. Il dit aussi que cet album fût concocté par "une toute autre personne que lui-même". Une personne trahie par la cocaïne, oui, mais aussi envoûtée par la mysticisme du Kabbalah et de son arbre de vie.
Here we are
one magical movement
from Keter to Malkhut
Kether & Mether sont deux des 10 éléments de l'arbre de vie du Kabbalah. L'élément le plus élevé et le plus bas, respectivement. Bowie s'étonnera d'ailleurs que personne n'ait relevé les allusions claires aux stations auxquelles il faisait référence. Il considère cette époque comme une traîtrise des secrets du Kabbalah, et parle d'une période misérable de sa vie. Période qui coïncide avec ses fréquentations de Jimmy Page, lui versé dans la sorcellerie, qui faisait de Bowie, sa victime préférée.
Ça aide à oublier l'enregistrement d'un album
et à s'exiler là où a eu lieu le pire totalitarisme qui soit...
L'intérieur de la pochette de Station to Station nous dévoile Bowie en train de dessiner au sol l'arbre de vie du Kabbalah.
Dans les clips de Blackstar & Lazarus Bowie retourne à tout ça pour les plus occultes de ses fans.
La mythologie des cinq dernières décennies de Bowie boucle la boucle majestueusement.
Au centre des clips, un humain tentant de joindre le divinatoire.
Major Tom est mort en ouverture de Blackstar. Son crâne est décoré de bijoux, il est sanctifié. Une femme tient ce crâne autour de deux rangées de femmes qui tremblent en sa présence. Un Dieu est né. Dans le clip. on évoque aussi la magie sexuelle,
Le crâne est déposé sur le dos arqué d'une femme en position de réception sexuelle anale. Puis, trois épouvantails jouent du bassin de manière suggestive. En mode crucifixion.
Parfum d'Aleister Crowley.
Le réalisateur du clip, Johan Reck ne le cache en rien, il est un très grand fan de Crowley.
"L'étoile noire" fait référence au soleil noir.
Bowie incarne trois personnages dans son clip de Blackstar.
-L'aveugle aux yeux bandés, l'ignorant, le suiveur,
-Le prophète tendant son livre des "vérités" auprès de fidèles.
-Le flamboyant fou, semblant être le dernier personnage incarnable par ce mourant avec son visage aux expressions excentriques.
Trois couches de subtilité. Les naïfs. les prétendus en contact direct avec la "main de Dieu" dans une version bâtarde de messager grotesque et la personnalité charismatique qui vend les idées.
Bowie nous dit qu'il est à la fois l'aveugle et un initié de l'occulte. Une étoile noire.
Son tout dernier clip nous parle de sa mort. Et suggère une résurrection dans le titre. Au lit, Bowie, mourant. Les 4 premières lignes sont claires. Puis, un Bowie plus en forme. se permettant même quelques gestes de danse.
Dans quel costume?
Regardez plus haut.
Oui, le même qu'en 1976 sur la pochette de Station to Station.
Quand il dessinait l'arbre de vie du Kabbalah.
Comme animé par une force surnaturelle, Bowie écrit comme si l'occulte était sa principale source d'inspiration. On y voit même le crâne de Major Tom décoré, comme si Bowie était maintenant possesseur de la connaissance occulte ultime, puisque mort.
Bowie expose enfin que son corps a bien quitté la terre, mais qu'un autre "lui" lui survivra par sa musique.
Qu'il s'est rendu immortel.
Everyone knows me now
Planifiant méticuleusement sa mort et la transformant en oeuvre d'art, il nous montrait comment un artiste peut sortir de cette planète avec dignité et cohérence.
Il nous rappelle aussi que les idoles sont des Dieux.
Bowie était-il vraiment influencé par les zones d'ombres des forces occultes ou simplement un brillant homme d'affaires en mesure de comprendre les histoires qui vendent le mieux dans le monde entier?
La réponse se trouve dans les 4 lignes de Quicksand.
I'm closer to the Golden Dawn
Immersed in Crowley's uniform of imagery
(...)
I'm not a prophet or a stoneage man
Just a mortal potential of a superman...
Au final, c'est aussi pour échapper à la folie dont a été victime sa première idole, son frère Terry, que Bowie s'est investi dans des univers parallèles et au travers de multiples doubles.
Rien de tellement sorcier.
"The Stars are never sleeping, the dead ones and the living..."
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