jeudi 10 septembre 2015

Traces Durables de L'Indignité

Dans les inconvénients de travailler la nuit dans un entrepôt c'est que les gens qui peuplent la jungle soient bien souvent de drôles de bêtes.

Des gens pas nécessairement montrables de jour. Des décrocheurs, scolaires mais aussi sociaux. Des gens qui ne veulent parler à personne. Des têtes difformes qui se cachent dans les hangars du Vieux-Port pour quelques dollars et qui dorment quand tout le reste de la planète s'agite de jour avec le même but de faire des dollars.

Je travaille au royaume des marginaux et je ne m'en porte pas plus mal. J'ai toujours préféré le marginal au conformiste.

Toutefois, puisque je parle d'inconvénients, quelques fois les discussions ne volent pas très haut. L'autre tantôt je voyais deux bougres discuter de manière fort animée, comme je les voyais rarement le faire auparavant. Je voyais qu'ils débattaient sur un sujet chaud, mais en franche camaraderie. Toujours prêt à entendre de bons échanges d'idées, j'ai triché et me suis trouvé une raison pour passer dans leur coin et tendre l'oreille:

"...T'as même pas le temps de recharger...tu fais 12 "kills" en 5 minutes pis ça te donne rien..."

...ils discutaient XBox...

Grown men discussing XBox. Un brin décevant.

Mais ça n'allait pas accoter la déception qui allait attendre mes collègues féminines vis-à-vis notre nouveau: Sacha.
En toute franchise, Sacha est beau garçon. Il a des yeux très bleus, le gras est inexistant sur son corps et il peut charmer simplement de son regard accompagné d'un sourire. C'est d'ailleurs à peu près tout ce qu'il fait. Il est de ceux qui parlent peu et qui restent tranquilles. Les filles à l'entrepôt trouvent probablement cela encore plus charmant car ça lui donne un petit côté mystérieux.

Quand on prend nos pauses, elles l'ont toutes à l'oeil cherchant à simplement croiser son regard pendant que nous mangeons. Lui, il parle peu, et écoute ce que les autres ont à raconter. Brad Hiassion-Kosmik y est allé ce matin-là avec une blague de fort mauvais goût comme il en a l'habitude:

(alors que l'on parlait d'un écrasement d'avion passé aux nouvelles dans la salle de pause)
"Eille! écoutez celle-là les gars!: Un avion est sur le point de s'écraser, une passagère se lève, se déshabille et dit : "D'la marde si je suis pour mourir, je veux mourir en vraie femme!" elle se retourner vers les passagers et dit "Y a -t-il un homme assez homme pour venir me faire sentir comme une vraie femme?". Un passager se lève, enlève sa chemise, et lui répond: "Tiens, repasse-moi ça, svp".

Peu d'impact chez le public de l'entrepôt, mais Sacha explose de rire. Il l'a beaucoup aimée celle-là. Encouragé, Brad en pousse une autre, plus sexiste encore, et une autre, toujours le même résultat, Sacha ne peut s'empêcher de rire incontrôlablement. Les filles sont déçues. Le resteront. les blagues préférées de Sacha, qui commence même à pousser les siennes, sont toujours à saveur sexiste.

Sacha est étiqueté masculiniste péjorativement. Les filles ne s'intéressent plus à lui.

************
Petra avait sa caméra comme on brandit une arme sur son épaule. Elle filmait ses sujets comme au zoo. Elle était le rat qui vient de trouver sa charogne à gruger. Toutefois il y eût soudainement un mouvement de foule. un premier homme lui est passé sur l'épaule, elle l'a effleuré. Petra l'a évité comme on évite un insecte indésirable. Quand un autre homme est passé tout près, voulant fuir les caméras, mais surtout trouver asile en Hongrie. elle lui a flanqué un coup de pied dans les jambes, sans conséquences. Puis une jeune fille, migrante aussi. a essuyé à son tour un coup de pied de la part de Petra, également. Elle tenait son papa par la main. Ils couraient tous les deux en regardant derrière, pour voir si le reste de leur famille suivait leur pas de course vers le futur. Ces gens recherhaient la lumière sans réaliser qu'ils l'avaient peut-être déjà trouvée puisque les insectes filmaient leurs moindre faits et gestes. Comme une mouche cherchant à se poser sur du bétail.

Petra a pris quelques pas de recul pour voir le mouvement des vagues puis elle a couru elle aussi. Dans la panique? Non. Elle a couru pour avoir un meilleur angle pour sa caméra. Un homme assez âgé courait, un jeune garçon dans les bras. "Ça fera de la bonne télévision!" pensa Petra. Cet homme se départissait de l'emprise d'un agent de la paix, probablement Hongrois. Petra filmait tout ça. Quand l'homme a eu le meilleur sur l'agent et était sur le point de s'enfuir, Petra a allongé sa jambe et l'a fait tomber au sol. L'homme écrasant le petit garçon qu'il tenait dans ses bras au sol. Il lui en a voulu et lui a crié les injures appropriées.

Petra a eu le sort mérité et elle a très justement perdu son emploi sur-le-champs.
Coup de pied au cul pour coup de pied au cul, à toi aussi, Petra, bienvenue.
Chez les sans-revenus.

*************
Kim est greffière du comté de Rowan au Kentucky. Depuis peu, les couples de même sexe ont légalement le droit de se marier au Kentucky. Mais Kim est légèrement arriérée. Elle refuse que les gens de même sexe s'unissent devant Dieu. Pas devant SON Dieu. Kim est de cette race de gens dont le brouillard mental est alimenté par la religion extrême. Si extrême qu'il y a des rapprochements à faire entre Kim et cet olibrius à la mauvaise coupe de cheveux qui a assassiné 9 personnes de race noire dans une église simplement parce qu'elles étaient noires. Pas que Kim soit une assassine, mais elle est animée d'un même type d'absurdité. D'un même déséquilibre. Tout comme le tueur des innocents noirs. D'une conviction profonde et inébranlable pas nécessairement partageable: que le mal certain se situe en deux personnes de même sexe s'aimant d'amour. Et le clamant devant une force supérieure.

Kim n'est pas de la force supérieure. Elle est plutôt de la force nettement inférieure. Elle est si tête de noeud qu'on a été obligé de lui faire passer le week-end de la fête du travail en prison, ne serais-ce que pour que les gays et lesbiennes en profitent pour se marier pendant qu'elle restait à l'ombre. À réfléchir sur ses propres dispositions mentales (à rééquilibrer).

Certains tentent de faire croire qu'elle est persécutée. Ils se trompent. Kim EST la Nazie.

Elle a été "libérée" hier, mais en quelque sorte, elle est toujours en prison.

Dans sa tête.







Aucun commentaire: